mardi 25 novembre 2008

LYON, LUMINEUSE ENTRE TOUTES…



Cette année encore, des millions de spectateurs vont braver la fraîcheur de la nuit pour assister à l'une des plus prestigieuses et des plus magnifiques scénographies du monde, la Fête des Lumières qui se tient à Lyon depuis 1999 et dont l'origine remonte à 1852. Même si, à partir des années 80, les illuminations du 8 décembre ont pris une nouvelle ampleur, les lyonnais respectent la tradition populaire qui consiste à décorer ses fenêtres de petits lumignons tremblotants et fervents. Ce n'est pas le moindre des charmes de cette fête unique entre toutes et qui fait que le monde entier, tourne ces soirs là, ses regards vers la Capitale des Gaules.

Bien sûr, je vais vous parler de la magie qui va se tenir à Lyon du 5 au 8 décembre, qui invite plus de 4 millions de spectateurs au rêve et à la féerie avec plus de 70 spectacles de lumières dans toute la ville. Avec cette année une grande nouveauté, en prise directe avec les fleuves, la Déambulation Abyssale sur 1,2 kilomètre le long des Berges du Rhône.

Mais je ne peux pas m'empêcher d'accorder un minimum de crédit à cette lyonnaise, "expatriée" dans le Midi et qui trouve à la Fête des Lumières, un je ne sais quoi d'un peu "intello" qui lui enlève de sa fraîcheur. Cette personne n'est pas passéiste, elle ne souhaite pas que l'on revienne aux seuls lumignons, elle ne fait pas corps avec les personnages des films de Tavernier, né à Lyon et qui semble croire que rien n'a bougé depuis qu'il est parti et que les Lyonnais continuent à cultiver leur quant à soi et à se planquer dans leurs vieux appartements en haut d'un escalier pisseux. Mais avec elle, je pense effectivement qu'il faut faire attention, ne pas exclure les spectateurs, ne pas être orgiaque au niveau des dépenses, éviter les inspirations un peu tordues.

Ce ne devrait pas être le cas cette année. La Fête des Lumières devrait être placée sous le signe de la douceur, de la poésie et d'un certain retour en enfance. Avec, place des Terreaux, la mise en scène des facéties d'un petit géant qui met les spectateurs dans un coffre à jouets et étire, malaxe les monuments, fait tourbillonner les tourelles de l'Hôtel de Ville comme des toupies. Sur la place des Jacobins, transformée en mobile géant, c'est le ballet d'une Fontaine aux Poissons et la cathédrale Saint Jean, aux portes du Vieux Lyon, est recolorisée sur le thème de la Visite des Rois à Saint Jean.

Mais le clou de la fête, c'est la Déambulation Abyssale sur les nouvelles Berges du Rhône. Une balade qui s'étire sur plus d'un kilomètre à la découverte de l'Atlantide et de ses abysses. Un cheminement incroyablement onirique ! Au fil du fleuve, cinq ambiances aquatiques et sous-marines, des jets d'eau lumineux de 30 mètres de haut, une statue au bout d'un tapis rouge, dans son Palais de Cristal. Et tout au long de ce périple enchanteur, des écailles dansantes, des champs d'algues géantes aux ventouses bleues, des Sylphides phosphorescentes et une Nénupharandole aux portes du Parc de la Tête d'Or gardées par des colosses en habits d'or.

Dans le même temps, les lyonnais continueront à disposer des milliers de lumignons sur leurs fenêtres comme il y a 156 ans et c'est ainsi, aussi, que se créée la magie.

Au commencement était...

La tradition du 8 décembre est née il y a plus d'un siècle et demi. Le 8 décembre 1852 est prévue l'inauguration d'une statue de la Vierge Marie, sur la colline de Fourvière. C'est un moment important pour tous les croyants de la ville qui devait, à l'origine, se dérouler le 8 septembre, mais qui a dû être reporté en raison d'une crue de la Saône. En ce soir du 8 décembre, alors que la fête se prépare, un orage s'abat sur Lyon et menace une fois de plus la cérémonie. Heureusement le temps redevient clément et la population, qui avait tant attendu cette manifestation, illumine d'un geste spontané ses fenêtres et descend dans les rues.
"Tout à coup, selon le récit d'un chroniqueur, apparaissaient à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu... La ville s'était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu'aux bordures des trottoirs... (...) A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. Les étrangers n'en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout emplis qu'ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée".

Les Lyonnais conserveront cette coutume jusqu'à nos jours,
tous les 8 décembre...

vendredi 21 novembre 2008

LUMIERES TOSCANES



La mode est au Nord ! Est-ce le probable réchauffement climatique ou le tempérament des populations fidèles à leur tradition, le goût aussi pour les forêts, la fraîcheur et l'esprit de Noël, très présent en ces lieux, toujours est-il que l'on a constaté cet été, une progression des séjours touristiques au nord de la Loire. Dont acte. L'occasion, pour ma part, de vous parler Marchés de Noël. Pas difficile d'en dénicher, il y en a désormais partout et c'est parler un peu vite que de dire que les "nouveaux" comme ceux de Lyon, Grenoble et autres ne valent pas le plus emblématique de tous, celui de Strasbourg avec son immense sapin

Les artisans (c'est obligé, tout marché de Noël qui se respecte n'acceptent pas les revendeurs, mais seulement les exposants qui fabriquent leurs produits) se battent littéralement pour obtenir un chalet place Carnot à Lyon. Il faut dire que le marché de Noël lyonnais s'est raccroché à la Fête des Lumières et qu'il est une des portes lumineuses d'entrée dans la ville. Mais au milieu des sucreries, cadeaux, bijoux et autres objets futiles et utiles obligés, les thématiques offrent un charme particulier aux marchés qui savent les construire.

C'est un vrai coup de coeur qui m'incite ici à parler du Noël Toscan de Montbéliard. Oui, Montbéliard, à côté de Sochaux et des parkings pleins à craquer de véhicules Peugeot qui bordent l'autoroute. C'est aussi une petite ville de 27000 habitants, la troisième de Franche-Comté et une cité plutôt riche (la taxe professionnelle du marchand de voiture reste la bienvenue, même en ces temps de crise...)

Alors Montbéliard, qui reçoit la visite de quelques 400.000 touristes pendant toute la période de l'Avent du 29 novembre au 24 décembre, invite la douce région de Toscane à participer à la fête. Les italiens sont venus avec Pinocchio, né là-bas sous la plume de Carlo Collodi au coeur du 19ème siècle. Il amènera son théâtre animé par un marionnettiste toscan et une crèche italienne. A l'atelier des Petits Lutins, les enfants pourront créer des objets à son effigie.

Ils ont apporté aussi le Chianti, vin célèbre dans le monde entier et qui chante l'Italie, les parpadelles, les artichauts farcis, l'huile d'olive et les truffes blanches et odorantes qui parfument le risotto. Ils mélangeront leurs traditions et leurs produits locaux à ceux des Comtois, mais les toscans sont grands spécialistes du travail du cuir, de la céramique, de la laine et de l'or. Arezzo, capitale de la Toscane et 3ème ville romaine dans l'Antiquité après Rome et Naples/Pompéi est la première ville italienne du travail de l'or.

Pendant les quatre semaines, un fauconnier déploiera ses talents de dresseur, des lanceurs de bannières et chorales en tenue d'époque feront le spectacle, le Musée d'Art et d'Histoire Beurnier-Rossel accueillera une exposition de costumes et de bijoux Renaissance inspirés du peintre Piero della Francesca.

Des personnages légendaires arpenteront les rues de la ville. Sainte Cécile, patronne des lumières et Saint Nicolas bien sûr, mais surtout Tante Airie accompagnée de son âne Marion, la bonne fée locale dont on ne sait si elle est la réincarnation de la Comtesse Henriette de Wurtemberg ou la fille d'un druide dotée, comme lui, de pouvoirs magiques. Les lieux qui ont une vraie histoire, ont, de toute façon, davantage de charme que les autres !

samedi 15 novembre 2008

IL EST NOUVEAU LE BEAUJO !

Photo © pterjan / Flickr - Licence Creative Common (by-sa)

Ne le répétez à personne, on a goûté le Beaujolais Nouveau* en avant-première... Promotion oblige... Les viticulteurs du Beaujolais, qui se sont ramassés quelques claques en subissant notamment la concurrence des vins primeurs (j'ai payé une bouteille de vins primeur des Coteaux du Ventoux dans un resto lorrain 11,50 euro sur table et je l'ai gardé sur l'estomac à tous points de vue...) Question essentielle donc... Faudra-t-il sacrifier à la fête du Beaujolais Nouveau en ce 3ème jeudi du mois de novembre, c'est à dire le 20 novembre à minuit, jour de la Saint Edmond. Réponse de Normand : A la fois oui et non...

Oui parce que c'est la fête et que, en ces temps de récession économique, il n'y a pas de mal à se faire du bien... Oui, parce que le Beaujolais est le meilleur des vins nouveaux. Le gamay, cépage unique en Beaujolais se prête merveilleusement bien à l'exercice. Il faut savoir qu'il s'agit d'un cépage qui s'épanouit en majorité en Beaujolais, son terroir d'élection et très rarement ailleurs, c'est assez étonnant pour être signalé, reconnu et apprécié à sa juste valeur.

Oui, parce que les viticulteurs du Beaujolais qui "lâchent" quelques 45 millions de bouteilles sur le marché dont 22 millions en France, 8,5 millions au Japon et 2,5 millions aux USA, veillent au grain (de raisin, hi, hi...) et n'ont pas peur, pour gommer les dérapages de certains d'entre eux au niveau de la qualité (allez donc maîtriser de A à Z, une production pareille !) de mettre en avant les crus de Beaujolais bien travaillés qui sont aussi bons que des Bourgogne. (lien sur blog « Expressions d'Origine)

Noui en revanche quand il s'agit de donner une image bien peu flatteuse du déblocage des tonneaux avec une soulographie générale et des allumés à la télé qui annoncent comme chaque année, le "goût de banane" perçu dans leur verre. Venu on ne sait d'où, ou plutôt, on ne sait que trop !

Photo H. Hughes/UIVBLe Beaujolais Nouveau de cette année est plutôt bon (quand il est bon, ils ne nous ont pas apporté de la piquette...). Il a des arômes de fruits rouges (framboise et cassis) très nets et c'est bien ce qu'on en attend.
Si l'année a été difficile d'un point de vue climatique pour tout le vignoble (certains récolteront 10% de ce qu'ils ont eu l'an passé), le vent du Nord lui aura délivré quelques belles qualités : structure et matière.

Reste que le vin nouveau se déguste une poignée de mois (on pourrait presque envisager une date limite de consommation...) parce que, comme le disent les édiles beaujolaises, le vin nouveau et le travail des crus représentent deux "cuisines" différentes et on ne fera jamais de vin de garde avec le Beaujo qui sort des tonneaux le 20 novembre.

Savoir aussi que ce vin-là était consommé par les esclaves dans l'Antiquité et qu'il ne fallait pas en attendre des miracles. Savoir encore qu'il coûtera 15% de plus cette année et que, pour avoir quelque chose de bon, il ne faudra pas espérer le payer moins de 5 à 6 euro la bouteille. A vous de voir...

* A consommer avec modération comme on dit...

lundi 10 novembre 2008

DES NOIX !



La Noix de Grenoble fête son AOC au cours de festivités baptisées "Le Mois de la Noix de Grenoble" qui s'étire jusqu'au 30 novembre.

Il y a déjà 70 ans que ce beau fruit croquant bénéficie de l'Appellation d'Origine Contrôlée pour ses arômes de pain frais beurré et sa fraîcheur venue tout droit de l'eau pure des sommets qui irrigue les noyeraies du Sud Grésivaudan. Franquette, maillette et parisienne (ce sont les 3 variétés exclusives...) sont consommées fraîches, sèches, mais aussi en vin de noix, poudre de noix et autres bases en cuisine. Et elle est excellente pour la santé.

Elle améliore la circulation sanguine grâce à ses lipides qui permettent de conserver l'élasticité des artères et augmentent la fraction de "bon" cholestérol. Ils sont aussi excellents contre les maladies de la vésicule biliaire. Elle peut donc, à cet égard, remplacer bien des gélules de compléments alimentaires. Il ne faut toutefois pas en consommer en trop grande quantité, car elle est, envers de la médaille, très calorique.

La noix de Grenoble n'est pas unique, mais elle est la meilleure, c'est au niveau de la dégustation que ses qualités sont mises en évidence. Rien à voir avec les noix de San Diego en Californie. Terroir complexe oblige. Elle a ses ardents défenseurs et notamment quelques grands chefs. Parmi eux, et en tête, on citera Philippe Girardon MOF 1997 du Domaine de Clairefontaine à Chonas l'Amballan (38-Isère) près de Vienne. Dans ce qui était autrefois une maison de maître transformée en auberge familiale, il a créé une belle maison au coeur d'un parc de 3 hectares classé par l'ONF et dans lequel voisinent 30 essences d'arbres différents.

Il prépare les noix de différentes façons. En dessert, bien sûr avec le chocolat et en accompagnement du baba au rhum. Il accepte même de confier ses tours de main avec des cours qu'il donne dans la cuisine de sa villa pour ne pas complexer ses élèves avec le matériel professionnel du restaurant. On y est comme chez soi et on apprend mieux. A réaliser un réveillon d'anthologie par exemple... Pour élaborer sa carte et laisser toute sa place à la noix, produit du terroir par excellence, il réduit les cerneaux secs en poudre pour enrober les truites de montagne, use et abuse de l'huile de noix, prépare du vin de noix avec des noix vertes et torréfie la pâte de noix.

Il faut savoir que tout est bon dans la noix, tout comme dans le cochon. On consomme les noix fraîches pendant une quinzaine de jours et on utilise aussi les coques et la coquille verte. On trouve des traces de la noix depuis des lustres, les amateurs fervents et éclairés, découvriront de nombreux témoignages de l'existence des noyers dans l'antiquité aux Musées Gallo Romains de Saint Romain en Gal et de Lyon-Fourvière.

Il faut visiter le Grand Séchoir à Vinay, installé dans un ancien séchoir à noix comme il en existe encore des quantités dans la région du Sud Grésivaudan, berceau de la Noix de Grenoble et qui font tout le charme de cette campagne verte et riante au pied des Alpes. Et profiter de toutes les fêtes autour de la noix qui se déroulent jusqu'en décembre...