vendredi 23 juillet 2010

COUPS DE COEUR CORSES



En écrivant ces lignes, j'ai bien conscience de ne pas avoir grand chose à apprendre à tous les amoureux de la Corse qui n'envisagent pas de passer un été sans s'installer sur les plages de celle qu'on appelle l'Ile de Beauté (surtout dans les programmes météo) et qui est pour quelques uns de nos "happy fews" un objet de luxe à l'image de l'incontournable Rolex. Dans cette île qui est "une montagne posée sur la mer" (ça non plus je ne l'ai pas inventé...) avec un littoral tout petit, petit, l'absence (heureuse !) d'autoroutes nous fabrique d'homériques embouteillages quand vient la haute saison et que 2 millions de touristes (les Italiens, les Allemands à l'est et les Français de l'autre côté...) investissent nationales et départementales.
Je vous livre donc seulement mes coups de coeur, (il y en a beaucoup...), les précautions que je vous conseille pour ne pas rater votre séjour et rester juste ouverts aux bonheurs de l'île.

Conseil N°1: On ne va pas en Corse sans voiture. Sinon, pour peu que l'hôtel ou la résidence ne soit pas (tout à fait...) à la hauteur de vos espérances, c'est la cata. Il y a un (bon) moment déjà, je m'étais rendue en vacances à Ajaccio dans un hôtel "avec plage privée et vue sur la mer". Nous, on avait la vue sur la mer, mais d'autres donnaient sur le toit des cuisines, les poubelles et leurs odeurs. La plage promise était pleine de cailloux et de coques d'oursins (c'était même pas la saison, laquelle se termine quand la neige fond sur les sommets et que l'on ne peut plus skier le matin et déguster des oursins sur la plage à midi. Si, si...).

Il a donc fallu en passer par la voiture de location pour visiter et se rendre sur le sable de la plage de Marinella, face aux Iles Sanguinaires et surplombée par le cimetière où repose Tino Rossi. La gloire locale, à peine moins célèbre que l'autre. Napoléon, le grand comme aurait dit Victor Hugo, dont les Corses semblent avoir si peur qu'on l'oublie que l'aéroport d'Ajaccio autrefois baptisé "Campo d'ell Oro", s'appelle maintenant "Napoléon". Quant aux ferries qui font la navette entre le continent et les ports corses, l'un s'appelle "Napoléon", d'autres "Bonaparte" et "Napoléon Bonaparte". Mieux vaut bien repérer celui sur lequel on embarque!

Cette fois-ci, idem. Sans la berline 207 de Hertz, le séjour eût été difficile. Installés sur la côte Est, que les voyagistes essaient d'ouvrir au tourisme alors que de nombreux Corses regrettent qu'on ne laisse pas toute cette langue fertile à l'agriculture, nous avons du subir quelques mauvaises surprises. Une résidence, mignonne et fleurie sur la Marina de Bravone, mais dans laquelle on ne prenait pas la Carte Bleue (le ballet des étrangers qui venaient tirer des sous au Leclerc d'Aléria ne manque pas de piquant...) et dans laquelle les portables ne passent pas (encore une fois, le ballet des Européens de l'Est, Italiens, Allemands et Français comme nous installés 4km plus loin sur le parking de la Mairie pour prendre des nouvelles de la famille n'est pas mal non plus...)

La nuit, autre problème. Tous les numéros de téléphone d'urgence sont affichés sur la porte de la réception. Sauf que, quand elle est fermée, personne n'a le téléphone et qu'il n'y a pas de cabine publique. Passons... Passons aussi sur le wi-fi avec un code interminable à entrer. Du coup, personne n'arrivait à se connecter!!! Les Corses n'y sont pour rien et si, dans les villages, on n'accepte pas la Carte Bleue, ça ne gêne que les clients. Ils devraient prévoir... Ça et là, des îlots de modernité. Porto Vecchio est toujours le Saint-Tropez de l'Ile de Beauté et le magazine "Voici" nous raconte que Djamel et Mélissa y coulent des jours heureux. Bonifacio reste stupéfiante de beauté avec sa vue sur la Sardaigne, même par temps pas très clair et son cimetière marin très émouvant.

Si l'on n'y prête garde, on pourrait dire que la Corse est le pays de la pizza et des pizzérias. Surtout sur sa côte Est. Difficile de dénicher un restaurant intéressant quand on est juste de passage. Pour s'orienter, on s'achète un guide dans le première librairie venue. Mais en fin de compte, il faut faire par soi-même. Rendons justice au "Routard" et ses quelques bonnes adresses car les guides renommés ont tendance à sélectionner les restaurants chers. Je pense à l'Alba recommandé par le "GaultMillau". Il bénéficie d'une terrasse sur le port de Bastia d'où l'on admire le ballet des ferries qui partent les uns après les autres escortés d'un minuscule bateau pilote qui a tout juste le temps de faire ses allers-retours de l'un à l'autre. Mais il y a peu de monde autour des tables, alors que son voisin "Chez Mémé" déborde. On est tenté de se demander pourquoi. Il faut dire que la terrine et le civet de sanglier proposés au menu du jour en plein mois de juin sèment le doute. On a sûrement été forcé de garder le sanglier bien au frais et même très au frais. Un peu plus loin, sur le Vieux Port, le Palais des Glaces recommandé par le "Routard" ne vaut pas le "Café Napoléon". Un guide oui, mais prudence...

C'est pareil à Calvi. Cité délicieuse, mais dans laquelle les 2 hôtels recommandés par le "Routard" devraient être revus (60€ et 80€ environ pour une chambre pas très gracieuse et qui sent le renfermé, ce n'est pas vraiment donné.) Par nos propres moyens, on a trouvé l'Onda. C'est un hôtel moderne sans charme particulier (il y en avait plein d'autres dans le même genre) mais confortable, très propre et climatisé, dans lequel on nous a recommandé le restaurant "U Minellu" niché dans une rue étroite derrière l'église qui est une vraie merveille. Au mois de mars 2011, il migrera deux rues plus haut à l'enseigne "A Piazetta". Micha, la propriétaire angoisse à l'idée que la clientèle ne suive pas. Moi, je suis bien tranquille pour elle. Ses pâtes à la langouste, la charcuterie et le fiadone, tout le monde sait, y compris en ville, qu'il n'y a pas mieux!

Ne vous étonnez pas si je ne vous donne pas les liens avec adresses Internet des restaurants. De la même manière que l'on prend rarement la Carte Bleue dans les établissements, le web n'est pas une de leurs priorités. Mais on se débrouille. Calvi est un vrai bijou et les initiatives hôtelières vont bon train. C'est la raison pour laquelle, Air Corsica qui propose des forfaits avion+courts séjours ou avion+voiture de location dispose de nombreux produits dans d'excellents hôtels comme l'hôtel Corsica, le Mariana ou encore l'Abbaye à partir de 287EUR et jusqu'à 414EUR par personne pour 3 jours et 2 nuits. Avion compris et au départ de Paris, Nice, Marseille et Lyon.

Des forfaits, il en existe aussi vers le Sofitel à Porticcio. Cette belle maison, extrêmement bien tenue par Thierry Delahaye est installée en pointe avec une vue époustouflante sur la baie d'Ajaccio. Essayez les soins du Spa, le massage ayur-védique particulièrement bienfaisant et faites-vous raconter la Corse. Vous apprendrez ainsi que les macarons servis au dessert viennent de chez Anne Marchetti, une pâtissière corse de 26 ans installée à Porto Vecchio et vous en profiterez pour découvrir quelques excellentes adresses pour le déjeuner ou le dîner comme "La Ferme" qui n'ouvre que le soir, mais qui vous recommande d'aller Chez Toinou (comprendre en fait "Le Piano"), à l'entrée de Porticcio. Tous deux sont recommandés par le "Routard" et les maximes de Toinou affichées ça et là et sur le menu valent bien son excellente cuisine. Sa charcuterie corse vient de son village natal. L'heure et demie (voire deux heures, en Corse, on compte en temps de parcours, pas en kilomètres) jusqu'à Cozzano pour acheter les charcuteries de Jo Césari sur le marché en valent la peine. Le bouche à oreilles marche très bien sur l'île. Toinou recommande l'hôtel Bella Vista à Porticcio pour l'hébergement. Si vous n'avez pas encore décidé vos vacances, foncez-y, il y a des promos sidérantes. La crise. Evidemment...

En remontant la côte ouest et en longeant les Calanches de Piana en passant par Lumio, le village de Laetitia Casta, on se dit que le plein été doit être insupportable tant la circulation est dense dès fin juin. Mais on nous précise que, à partir de juillet et jusqu'à la fin août, il n'y a pas de bus de tourisme. Tant mieux!

A Saint Florent, l'étape incontournable, c'est le restaurant "La Gaffe" sur le port pour la merveilleuse cuisine de Chantal Bourneuf, la langouste grillée ou servie avec des pâtes à la provençale ou à l'armoricaine. La patronne, quand elle n'est pas aux fourneaux, cultive son jardin et les petites fèves qu'elle sert à l'apéritif. on boit des vins corses évidemment comme le Clos d'Alzetto AOC Ajaccio, le plus haut domaine de l'île. Là aussi on se régale avec ce qui se boit. Le vin de Sartène AOC 2008 du domaine Fiumicicoli de F et S Andréani et ses arômes de confiture de griottes. Comme sur le continent, la bière artisanale fait un retour en force. Goûtez donc aussi la "Colomba" de la brasserie Pietra, une bière blanche aux arômes du maquis particulièrement savoureuse.

Retour à Bastia par Corte, coeur de la Corse qui ne s'en laisse pas conter. Là, on traverse la montagne de part en part et on se dit que ce n'est pas en plein hiver qu'il faut entreprendre une expédition pareille. On se gare comme on peut et la police fait son tour. Impossible donc d'échapper à la sanction.

Au restaurant "A Scudella", on passe un moment délicieux sur la petite terrasse et on profite des conversations locales des voisins de table. Une façon comme une autre de pénétrer le sujet. Pas grave, on n'y comprend rien, mais tout est dans le ton. Dans ce village exquis, accroché à la montagne et où l'âme corse semble la plus authentique, se tient le 31 juillet et les 3, 7 et 10 août à la Villa Pancrazi, la 6ème édition des Nuits Lyriques de Corte. Avec "Don Giovanni" à l'affiche et l'occasion de découvrir au cours de la Nuit de l'Opéra de nouveaux jeunes talents...

lundi 5 juillet 2010

CHANTILLY D'ETE



La région parisienne a bien du charme en été. Chaque année et jusqu'au 1er novembre, on peut, depuis Paris, se rendre à Auvers-sur-Oise par le Transilien pour passer la journée dans l'univers des peintres impressionnistes qui sont, comme chacun sait, mis particulièrement en lumière cette année avec le festival Normandie Impressionniste qui dure jusqu'au 29 septembre. Admirer l'église d'Auvers immortalisée par Van Gogh et découvrir l'auberge Ravoux où il avait sa chambre ne coûte rien. Flâner dans le musée d'Aubigny et sa maison-atelier et au musée de l'Absinthe, substance que l'on disait inspirante et repérer la maison du Docteur Gachet sont autant de buts dans la journée.

Mais il existe par ailleurs quantités de découvertes alléchantes à faire dans l'Oise au nord de Paris. Les enfants apprennent en s'amusant et costumés en marquis et marquises au château de Vaux-le-Vicomte, comment on vivait au XVIIème siècle et s'exercent même à l'escrime et au cerceau. Ils s'essaient à la révérence, ce qui peut être bien utile si l'on est un jour amené à croiser la reine d'Angleterre. Michelle Obama et Lady Gaga auraient peut-être aimé savoir...

Autre étape et non des moindres, il s'agit d'apprendre à "monter" la crème chantilly, dessert inventé par le fameux Vatel en 1661, au cours d'ateliers organisés tout l'été. Evidemment, les parents mettent la main à la crème. Mais plus jamais à la maison, on ne couvrira les fraises du jardin d'une grosse masse extraite d'une bombe. On apprend aussi, dans ces ateliers, que l'on peut aussi la parfumer.

Les enfants retournent également sur les bancs d'une école d'autrefois avec tableau noir et encriers de porcelaine (ça, c'est une nostalgie de parents, pas sûr que la dictée, même ainsi mise en scène, plaise tant que ça aux enfants en vacances...). Elle est installée dans le village d'Hétomesnil et la journée de classe ne dure pas bien longtemps. Juste le temps d'apprécier et de s'étonner, de découvrir les métiers d'autrefois et de filer en récréation au musée Campagn'Aventure qui a construit un parcours végétal dans un immense labyrinthe de maïs.

Les activités sont nombreuses et passionnantes et apportent la preuve qu'être en vacances ne signifie pas forcément s'entasser sur les plages. C'est aussi l'occasion de découvrir, par exemple, tout sur la fabrication des boutons au musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru. Au XVIIème siècle, les tabletiers (on les appelait ainsi) fabriquaient des objets de luxe et de mode pour les grossistes parisiens. Eventails, broches, boutons, accessoires, couverts, bijoux en utilisant des matières naturelles récoltées au 4 coins du monde. La nacre des coquillages, les écailles, les bois exotiques et l'ivoire désormais défendue.

Il s'agit d'un sujet passionnant qui peut même susciter des vocations artistiques, car il s'agit d'objets que l'on peut utiliser dans leur destination première, comme éléments de décor et aussi détourner.

Pour faire le tour du sujet, il faut savoir que l'exposition "Boutons, phénomène artistique, historique et culturel " se tient jusqu'au 14 août à la Mona Bismarck Foundation à Paris dans le XVIème. On y apprendra que Jime Dine, un artiste américain né en 1935, disait qu'il "[changeait] constamment les boutons de [ses] vêtements, pour la même raison qu'[il corrigeait] un dessin ou [modifiait] les couleurs de [ses] peintures: pour affiner l'effet d'ensemble et créer une harmonie. "

Charles de Gaulle collectionnait les boutons d'uniformes militaires français, Jackie Onassis recherchait les rares boutons émaillés français. Le clou de l'exposition est constitué par 1500 exemplaires de la collection Loïc Allio, une des plus belles du monde, d'un bouton chinois très rare et vieux de 2500 ans et du plus grand bouton de nacre du monde. Il vient d'Espagne et date de la fin du XIXème siècle.