vendredi 24 octobre 2014

J'AI « TENTÉ » UNE CROISIÈRE COSTA !

Le Costa Classica au mouillage dans la caldeira du volcan de Santorin (gr).
Le Costa Classica au mouillage dans la caldeira du volcan de Santorin (gr).
Il en est des croisières Costa comme du Club Med ou de Disneyland : ou on adore, ou on déteste. Ceux qui apprécient sont souvent de vrais aficionados, un peu à la manière des propriétaires d’Iphone et ceux qui détestent multiplient les arguments pour se justifier. Mais personne n’est indifférent. Jamais.

En fait, tout est question de circonstances. Pour avoir roulé ma bosse en reportage dans certains des plus beaux endroits de France et même du monde, je n’ai pas particulièrement l’instinct grégaire. Mieux, je ne suis jamais allée « en » camping. C’est dire !

Pour avoir subi par ailleurs les photos de croisières des retraités de la famille, avoir aperçu du coin de l’œil des reportages télévisés sur les croisières thématiques avec la présence de vieilles gloires de la chanson des années 60 et vu le film « Bienvenue à bord » avec Valérie Lemercier et Franck Dubosc qui se passe justement sur un navire Costa (franchement, ils n'auraient pas dû, le staff fait très, très amateur), je me suis toujours dis «  très peu pour moi » !

Et puis, il y a eu ce joli mariage et un des jeunes invités qui travaille chez Costa justement. Même pas au service commercial, mais qui en parle tellement bien…
Et aussi, cet autre rencontré à une autre occasion qui nous dit que la plupart de ceux qui ont essayé ne regrettent qu’une chose, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt…

Nuits blanches sur la mer Baltique

Et il y a enfin, cette croisière dans les pays baltes dénichée au mois de juin. A cette époque de l’année où le crépuscule commence à 11h du soir et dure jusqu’à 3 heures du matin, c’est-à-dire au moment où le soleil commence à se lever.

Les chats du musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg !
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Passer une nuit blanche sur le balcon de la cabine à admirer les premiers et derniers feux du couchant et du levant est carrément inoubliable et le faire sur un bon gros bateau qui file à 30 km/h, c’est tout à fait idéal.

Presque tous les touristes qui choisissent cette croisière le font pour Saint Pétersbourg. Pour visiter le musée de l’Ermitage et ses trésors (le mot est faible), admirer, entre autres, les œuvres de Léonard de Vinci, les émaux de Bernard Palissy et les tombeaux des Romanov dans la cathédrale Pierre et Paul; l’or fin, le jaspe, le marbre, le lapis lazuli et la malachite de l’Oural sans passer exagérément par les fourches caudines des jeunes douaniers russes au regard d’aigle, parce que l’on dispose du visa de débarquement à la journée obtenu par le navire. Voilà qui évite bien du stress.

Libre ensuite à tout un chacun de retourner plus tard sur place pour approfondir le sujet et de passer par l’épreuve du visa individuel. En s’y prenant largement à l’avance et en cultivant cette magnifique vertu qu’on appelle la patience.

Reste que Costa est un énorme client des prestataires locaux et nous bénéficions des lumières d’Olga, une guide francophone tout à fait exceptionnelle.

C’est donc Saint Pétersbourg qui nous a fait plonger dans le système Costa. Évidemment, la foule qui se presse devant les œuvres d’art de l’Ermitage est considérable, mais elle n’est pas constituée que des passagers des bateaux de croisières. Mis à part se faire ouvrir le musée la nuit pour soi tout seul, on ne voit pas comment y échapper.

La croisière dans les capitales baltes passe par Copenhague, Tallinn en Estonie, Saint Pétersbourg en Russie, Helsinki en Finlande et Stockholm.

Aurore d'été sur la Baltique entre les îles de l'archipel de Stockholm (sw).
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Au départ de la capitale suédoise, le commandant nous recommande de rester sur le pont pour admirer les berges que le Costa Luminosa va longer pendant près de 3 heures. On se croirait sur un lac au milieu des sapins. De petites maisons de pêcheurs tout au bord de l’eau sont l’exacte réplique de la villa principale un peu plus haut et, à certains endroits, on a l’impression de naviguer à quelques dizaines de mètres de la rive.

Avantage de la situation, on capte très bien le réseau suédois à cette distance et on peut téléphoner et regarder ses mails sans difficulté et sans passer par le satellite du navire qui permet de capter le wi-fi, mais qui est littéralement hors de prix. Quand les mouettes quittent les abords du bateau, on peut éteindre, c’est que la terre est désormais trop loin…

Une petite ville sur les flots

C’est ce qui fait peur à tout le monde. Même à ceux qui pratiquent le Club Med avec des villages de plus de 1000 à 2000 GM qu’ils supportent sans broncher « parce que là, on n’est pas obligés de rester les uns sur les autres ». Mais sur le bateau, c’est pareil. Le Costa Luminosa fait la taille de la cité corsaire de Roscoff hors saison. Quand on passe toute une journée et toute une nuit en mer, les distractions sont prévues. Casino, cinéma, boutiques free taxe, soirées à thème, danses de salon, bars nombreux et de quoi manger presque toute la journée.

Mais en fait, personne  ne vous oblige à participer aux jeux apéro et à concourir pour le trophée de « Miss Super Camping », enfin de « Miss Costa » de la semaine.

Cena di saluto sulla Costa Luminosa !
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Si de nombreux passagers ne manqueraient pour rien au monde la photo avec le commandant et sont au bord des larmes parce qu’ils n’ont pas pu la récupérer avant de débarquer, personne ne vous oblige à suivre la file pour y aller.

Mis à part cet exercice obligé, le pacha du navire est très discret et évite les mondanités (l’expérience du Costa Concordia a dû remettre quelques pendules à l’heure…) et si les paparazzis du bord sont souvent insistants, il n’est pas vraiment difficile de s’en débarrasser.

Le secret pour être tranquilles si, comme nous, on est un peu « sauvages », c’est de choisir une jolie cabine avec balcon ou au moins vue sur l’extérieur, ainsi, on évite les joies du collectif entre deux escales. Parce qu’on reste chez soi et qu’on profite de son confort. Un lit king size très confortable, une salle de bains modèle où l’on a de la place pour poser ses affaires, de petites attentions quotidiennes, fruits, chocolats…

Les sociétés de croisières sont d’ailleurs si peu complexées de réunir autant de monde sur un même bateau que les unités sont de plus en plus grosses.

Journal de bord

Le Costa Diadema, nouveau navire amiral de la flotte Costa qui sera baptisé en ce mois de novembre accueille 5000 personnes à son bord et pourvu qu’il ne s’approche pas trop près de Venise, ce qui fragilise les fondations de la Sérenissime et bouche la vue depuis la place Saint Marc, il n’y a pas grand-chose à redire. Après tout, on admire bien les gratte-ciels !

Pour fonctionner à bord comme si on était tout seuls, il n’y a même pas besoin d’aller se renseigner. Le Today, viatique absolu est distribué tous les soirs en cabine. Sur cette double feuille rose, tout est noté. L’heure d’arrivée aux escales, l’heure à laquelle on appareille, les rendez-vous pour les excursions, qui n’ont strictement rien d’obligatoire, les clients exercés louent souvent une voiture et s’échappent pour la journée. On est informés aussi des changements de fuseaux horaires et le commandant envoie souvent un petit message.

Escale 09h30-17h30 Izmir - Éphèse (tr).
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Comme sur le Costa Classica, au cours d’une croisière en mer Egée. Entre les îles grecques et la découverte du site antique d’Ephèse et de la maison de la Vierge Marie en Turquie, où nous étions une petite trentaine accompagnés par Alfred, le meilleur, le plus compétent (et le plus lucide) des guides francophones.

Le commandant avait pris la peine de raconter comment se forment les vagues et comment est définie la mer (calme, peu agitée, très grosse, énorme !) en fonction de leur hauteur (0,10 m ; de 0,50 à 1,25 m ; de 9 à 14 m ; plus de 14 m !). Mais aussi et surtout, l’importance du FETCH, qui est la distance parcourue par le vent sur la mer. Le lendemain, des vents de 83 nœuds, c’est-à-dire de 153,7km/h nous ont empêchés d’accoster à Mykonos pendant toute la journée.

On en a profité pour se laisser bercer sur le lit dans la cabine, pendant que sur le pont, si les chaises ne volaient pas, c’est que l’équipage les avaient rangées et cadenassées.

Parce que, suite à la première expérience en mer Baltique, nous sommes repartis. Pour vivre une expérience d’un tout autre genre avec de très longues escales et de belles journées à la plage.

Les croisières ont, si l’on ose dire, le vent en poupe. Les agents de voyage sont démunis en ce moment pour proposer des séjours en vacances de la Toussaint et pour le 11 novembre. On ne se précipite pas sur le Maghreb et le proche Orient pour cause de terrorisme et l’Afrique à cause d’Ebola. Alors, il reste les croisières. Lesquelles comme sur le Costa Diadema proposent un circuit qui va des ports italiens à Majorque et à Barcelone avec départ et retour à Marseille, mais sans passer par Tunis...

Des croisières pour experts

TourMaG.com - Costa Croisières neoCollection - Présentation.
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De nouvelles formules sont inaugurées, pour séduire justement ceux qui résistent encore (!) Il est vrai que, même si le bord fait de considérables efforts, les repas restent un peu moyens avec beaucoup de produits surgelés et plus de chiqué que de qualité. En plus, au moment où le Club Med cultive le all inclusive, à bord des bateaux « tout est rarement pas payant »

Alors les Croisières Slow Néo Collection sur les paquebots  neoRiviera , neoRomantica, et neoClassica sont en train de se mettre en place.

Les unités sont plus petites et peuvent s’approcher plus près de certaines côtes, les itinéraires sont exclusifs et plus recherchés. Le bateau peut aussi passer la nuit à quai pour que les passagers puissent mieux profiter de l’escale, des formules tout compris sont aussi proposées et les excursions sont limitées à 25 personnes avec de vrais experts touristiques. En plus, les heures d’accès au restaurant sont flexibles et les chefs privilégient les recettes régionales et les produits frais.

Voilà qui mérite de se pencher sur la question et de rêver de s’offrir à nouveau un de ces grands moments d’exaltation propre à la croisière et dont on ne se lasse jamais. Celui où le navire quitte le port et se dirige vers la haute mer pendant que, accoudés au bastingage, les passagers se laissent emporter aux accents d’une musique douce.

vendredi 3 octobre 2014

PRÉCOCES CHÂTAIGNES

Kastanjer, Châtaignes, Chestnuts by Guillaume Baviere / flickr (CC BY 2.0)

Il y a encore quelques années, les Castagnades qui célèbrent la châtaigne dans les Monts d’Ardèche avaient lieu de mi-octobre à mi-novembre. Mais depuis quelques temps, le temps des bogues qui éclatent en libérant le fruit et des rôties au coin de la cheminée a remonté le calendrier et leur maturité est plus précoce

La fête s’adapte donc et c’est du 4 octobre au 2 novembre que 11 villages ardéchois célèbrent la châtaigne chaque week-end en rivalisant d’imagination. Lentillères et Aillon ouvrent le bal ce week-end des 4 et 5 octobre et le 2 novembre Gluiras fermera la marche.

Entre temps, on pourra se rendre à la rencontre de la châtaigne à Jaujac, à Joyeuse, à Antraigues où vécu longtemps Jean Ferrat, dans le ravissant village de Chalencon et quelques autres.

Les Mobilettes, Café Frappé !
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En guise de fil rouge, la Compagnie des Mobilettes, constituée de Judith et Lily, jolies danseuses vêtues et maquillées à la mode des années 50, viendra s’installer à la terrasse des cafés pour interpréter Café Frappé et tout leur répertoire sur des airs de mambo, boogie-woogie et autres rythmes entraînants.

Le dur labeur du castanéiculteur

La production du fruit de l’arbre à pain, qui a évité la famine à la population pendant de nombreux et durs hivers a été quasi éradiquée au milieu du 20ème siècle. En raison de l’exode rural, mais aussi des deux guerres qui ont cassé les bras des travailleurs en décimant les soldats que l’on avait arrachés à leurs terres.

Ajoutez à cela des maladies et c’est ainsi que l’on est aujourd’hui obligé de reconstituer la filière petit à petit en remobilisant les bonnes volontés. En cela, l’obtention de l’AOP en septembre dernier après l’AOC en 2006, a  été capitale.

Castagnades en Ardèche - Venez vivre les Castagnades 2014 !
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Il n’en demeure pas moins que, malgré des traitements biologiques qui passent par l’entretien des bois et le soin des arbres, les châtaignes continuent à se faire agresser par des insectes venus d’ailleurs. Après avoir touché l’Italie, célèbre aussi pour sa production, le cynips, vilaine larve venue de Chine s’attaque aux fruits depuis 3 ou 4 ans. La réponse ne passe bien sûr pas par des arrosages chimiques de pesticides, mais par le développement d’un ennemi naturel de la larve, le torémus.

On procédera cette année à la reconquête de 8000 ha de châtaigniers, 2000 pour la production de fruits et 6000 pour le bois de châtaignier qui a aussi sa renommée parmi les menuisiers.

Le travail du castanéiculteur est passionnant mais harassant et parmi les activités proposées pendant les Castagnades, il y a des balades avec des visites de châtaigneraies. Les randonneurs sont accompagnés par des conteurs (et des histoires en Ardèche, il y en a beaucoup !). Certains parcours proposent aussi la cueillette de champignons, d’autres se font à cheval. Il y en a pour tous les goûts.

La châtaigne de l’entrée au dessert

Dans tous les villages participants, les restaurants et tables d’hôtes s’attachent à proposer des menus spéciaux à base de châtaignes de l’entrée au dessert. Ce qui n’est pas compliqué car elle se prête à de multiples préparations comme en témoigne le livre La châtaigne en cuisine. Avec Adeline, Adèle, Christiane et les autres… paru pour l’occasion et que l’on peut se procurer auprès du Parc Naturel Régional des monts d’Ardèche.

Le Parc naturel régional des Monts d'Ardèche.
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Christiane Brioude qui fut longtemps cuisinière à Vals-les-Bains y raconte, plus qu’elle n’y délivre, ses recettes qu’elle ponctue d’anecdotes savoureuses. Elle cuit les châtaignes dans le vin de Syrah, agrémente la purée de châtaignes de goudoulet, un fromage ardéchois qui ressemble un peu au Cantal.
Elle nous apprend à réaliser la cousina, une formidable soupe de châtaignes parfumée aux feuilles de céleri. Écolière, elle n’hésitait pas à négocier avec l’instituteur pour aller « châtaigner ». Quand elle rentrait le soir, elle se mettait aux devoirs qu’il lui avait « marqués » sur son cahier. Tout ça après avoir parcouru 7 à 8 kilomètres pour rejoindre la châtaigneraie avec ses toutes petites jambes.

Week-ends rôties et autres gourmandises

Le meilleur moyen de vivre les Castagnades quand on est citadin et de faire plus ample connaissance avec la châtaigne, c’est encore de confier ses destinées à des professionnels locaux comme La Petite Cour Verte, la maison d’hôtes de Sylvie et Laurent, une bastide du 16ème siècle posée sur le massif du Tanargue ou encore à Barnas à Quinte et Sens chez Magali et Patrick qui proposent des programmes chaque week-end.

On apprend la récolte et le travail des châtaignes, on confectionne soi-même sa confiture, on participe à des ateliers pour apprendre à travailler ce généreux fruit de l’automne et aussi faire la différence entre la châtaigne qui est cloisonnée et le marron qui ne l’est pas. Et encore choisir ses châtaignes fraîches sur les marchés, les éplucher, (y compris en utilisant le four à micro-ondes), les conserver et s’en régaler.

Les ressources de la châtaigne sont infinies et réjouissantes. Chaque année, on se dit que la saison ne suffit pas pour en faire le tour. Tant mieux !