vendredi 30 octobre 2015

DES MARCHÉS DE NOËL PAR MILLIERS

Karlsruhe: Le marché de l’enfant Jésus
Karlsruhe: Le marché de l’enfant Jésus
Direction l’Allemagne. Là où opère pour de bon la magie de Noël avec 2234 marchés (là où l’on en compte que 273 en France) et des chalets 3 fois centenaires qui réchauffent le cœur et mettent des étoiles dans les yeux. Par les airs ou par le rail (sans changement de train), et au départ de nombreuses villes de France comme Paris, Lyon, Marseille Nice et Toulouse, on peut commencer par le Bade-Wurtemberg la région la plus proche de chez nous au propre et au figuré pour trouver de quoi remplir les petits souliers.

En France, l’Allemagne mouille la chemise pour faire venir des touristes au-delà de sa Forêt Noire. Il faut dire, qu’à l’image de la France et de l’Europe en général, l’histoire est présente à peu près partout et les châteaux et palais jalonnent les itinéraires et constituent autant de témoins d’un riche passé dans les villes.

« Si on considère leur réussite économique, on croit que les Allemands sont en avance sur tout. Pas tout à fait vrai. Les cartes de crédit suscitent encore la méfiance dans certains commerces. Quant au Wifi, certains hôtels vous le feront payer jusqu’à 15€ les 24h dans les chambres. Il est gratuit dans le hall seulement. Pas cool. »
Mais même si l’offre touristique est abondante tout au long de l’année avec des fêtes et festivals fort nombreux, la période de Noël avec ses marchés et la ferveur qui l’entoure est un des instants de grâce qu’il ne faut pas manquer. D’autant qu’on en profite pour découvrir toutes les richesses des alentours et les possibilités de séjours abondent.

Karlsruhe, la ville éventail

De la gare, pour rejoindre le centre où sont installées les échoppes du Père Noël, On peut tranquillement traverser le jardin et longer le zoo qui jouit d’une grande notoriété en Allemagne. Le temps de croiser un pélican qui crane au milieu de ses congénères et de découvrir au sol les feuilles de gingko biloba qui ont servi de modèle à la construction de la ville en éventail.
Elle a été fondée par le margrave Karl-Wilhelm en 1715 et son nom signifie « le repos de Charles ». Les 32 rues qui partent de la tour octogonale ont séduit Thomas Jefferson et servi de modèle plus tard à Washington D.C.

Karlsruhe qui abrite des institutions fédérales et notamment le Tribunal Constitutionnel, mais aussi le ZKM, Centre d’Art et de Technologie des Médias - le « Centre Pompidou » allemand - et le KIT, Karlsruhe Institute of Technology  - le « MIT » allemand -, a pourtant été détruite à 40% pendant la guerre. Elle est de ce fait encore plus neuve que l’on ne pourrait le penser. Seules 6 maisons sont restées debout en son centre dans l’une des avenues.

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Sur le marché de Noël, c’est la chaleur des bougies qui fait tourner la pyramide et les habitants, comme tous les Allemands, ne se contentent pas de le parcourir une à deux fois entre le 26 novembre et le 23 décembre pour y choisir leurs cadeaux, ils y vont pratiquement tous les jours.

Debout ou assis sur les bancs de bois prévus à cet effet, ils déjeunent de saucisses bien sûr, mais aussi de spécialités comme les
schupfnudeln, un mélange de choucroute, de lard et de spätzles dont ils raffolent. Les objets que l’on trouve dans les chalets sont artisanaux et traditionnels et en se baladant dans les allées, on admire les personnages des contes de Grimm « Rotkäpchen », la Mère Grand et le Grand Loup, Blanche Neige et les 7 Nains, mais aussi les personnages de la Nativité.

Quand tombe le soir, on se réchauffe avec un vin chaud certes, mais mieux encore en dégustant le Feuerzangen Bowle, une boisson à base de vin rouge, de citron et de jus d’orange. On arrose ensuite un pain de sucre avec du rhum et on le fait flamber. Spectacle et attroupements garantis.

Karlsruhe est une ville qui s’enorgueillit aussi de son réseau de transport en commun. Direction donc le marché de Noël médiéval de Durlach en un coup de tram.

Durlach, la médiévale

Le marché est intéressant parce que les marchands n’hésitent pas à porter des costumes d’époque et proposer des jeux du Moyen Âge. Dans la pénombre, on découvre des objets rares et étonnants, tous faits main et, avant de rejoindre la civilisation (du moins la nôtre) et le très fréquenté Ettlinger Tor Karsruhe, le plus grand centre Indoor-Shopping de l’Allemagne du sud et ses 130 jolies boutiques, on déguste sur le pouce, une guirlande de pommes de terre frites qu’une habile jeune femme découpe en un tour de main.

Ettlingen, ville romaine

La Valkyrie erre près du marché de Noël à Ettlingen.
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Si Karsruhe est une ville récente, Ettlingen, à portée de tram, date, elle, de l’époque des Romains avec 2 voies qui conduisent de l’Alsace à la Bavière et le long de la vallée du Rhin. Le marché de Noël et ses chalets pluri-centenaires, constitue aussi le cœur de la ville et les habitants, qui se connaissent tous, se saluent en franchissant la porte où figure un monument aux Morts des plus étonnants.

En Allemagne, on chante et Didier Stöcklin, ancien professeur de français qui sillonne les routes d’Europe avec ses amis de la chorale fait élever sa voix dans l’église à l’acoustique étonnante avec un écho très long pendant que l’on admire la fresque qui représente l’enfant prodigue, parti perdre son âme à Paris avant de revenir à la maison de son père.

Les grandes voix sont nombreuses en Allemagne, mais surtout on les cultive. Dans la gare de Karlsruhe qui invite, à la sortie des quais, à visiter le marché et à en profiter, un prêtre chante des cantiques et parmi eux l’incontournable Stille Nacht que les petits germanistes ont appris à l’école dans le texte. Sa voix s’élève, claire et puissante et les spectateurs suivent le mouvement en y joignant la leur. Assurément céleste.

vendredi 2 octobre 2015

MARTIN SCORCESE CÉLÉBRÉ À LYON

Teaser Lumière 2015
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Le Festival Lumière ne faiblit pas et décerne le Prix Lumière à des personnalités du cinéma toutes plus prestigieuses les unes que les autres. Après une première édition en fanfare et la remise du prix à Clint Eastwood, on se demandait comment on pourrait faire aussi bien.

C’était oublier un peu vite que Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière à Lyon à l’origine du festival  est aussi délégué général du Festival de Cannes – ce qui le rend parfois exagérément inaccessible - et qu’il a le carnet d’adresses qui va avec. Et aussi que le monde du cinéma raffole de ce festival qui se tient là où est né le 7ème Art et que c’est une manifestation sans compétition. Ce qui est à la fois reposant et évite certaines dérives avec des remises de prix à des films dans lesquels le public a parfois du mal à se reconnaître.


« Please, dear Mister Scorcese, amenez Léo dans vos bagages, mais avant, vous nous le nettoyez et vous nous le rasez, qu’on puisse le reconnaître ! »
120 ans de toiles

Ceci étant dit, c’est du 12 au 18 octobre que se tient la 7ème édition du Festival Lumière avec des projections dans plus de 60 lieux à Lyon et alentours en présence d’illustres invités qui se prêtent gentiment au jeu de la présentation des films.

Le cinéma fête ses 120 ans et le Technicolor est centenaire. On se demande parfois comment on faisait avant ! La Gaumont a célébré cet anniversaire avec une exposition majeure et les œuvres des frères Lumière ne cessent d’être présentées, étudiées, disséquées, honorées. 114 films Lumière restaurés en 4 K sont désormais disponibles en DVD.

Lumière! Il y a 120 ans naissait le cinéma.
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Tous les amoureux du cinéma savent que ces courts-métrages sont loin, très loin d’une simple collection de vieux films à la technique balbutiante. Bertrand Tavernier lui-même reconnaît «  cette impression miraculeuse que la caméra est toujours à la bonne place. »

Parmi les morceaux de choix du festival, on retiendra une rétrospective des films de Kurosawa, un hommage à Jean Yanne et à Larissa Chepitko, étoile filante du cinéma russe, disparue à 41 ans, une invitation à Sophia Loren…

Le culte du grand écran

Le Festival Lumière, c'est aussi et avant tout, une réappropriation du grand écran. Pour les cinéphiles, de nombreuses œuvres en DVD et VOD sont mises à disposition dans le commerce et tous ceux qui possèdent un home cinéma sont, à ce titre, gâtés.

Mais les projections en salle plongent les spectateurs dans un univers particulier et enchanté. Les restaurations se multiplient – il sera question cette année d’Une Journée Particulière – et en cela les villes italiennes, Turin, Milan, Bologne sont à la pointe du mouvement.

En grand et même très grand La Belle  Équipe de Julien Duvivier et 7 films en copie restaurée et la 2ème partie du voyage de Bertrand Tavernier dans le cinéma français (1930-1950) avec un focus sur Maurice Jaubert et Jacqueline Audry, une des premières femmes cinéastes.

Les participants à La Nuit de la Peur qui aura lieu à la Halle Tony Garnier se remettront de leurs émotions avec un mâchon matinal rue des Marronniers (on est à Lyon, nom de nom !)

Fantasia Live in Concert à l'Auditorium de Lyon (69).
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Dans la Halle Tony Garnier toujours, un hommage à Pixar pour les cinéastes en culottes courtes et les autres. Difficile de résister à l’ami Woody sur écran géant.

On ajoute à cette programmation foisonnante des colloques, masters class, les ciné-concerts à l’Auditorium et une invitation au compositeur virtuose oscarisé cette année Alexandre Desplat.

Le Nobel du cinéma

Après Clint Eastwood donc, Milos Forman, Gérard Depardieu, Ken Loach, Quentin Tarantino et Pedro Almódovar, Lyon et son festival s’offrent donc le grand Martin Scorcese.

Il y en aura d’autres. Car la grande famille du cinéma souvent traquée par la presse people, jugée, passée à la moulinette de la popularité, raffole de cette manifestation qui fait la part belle aux restaurations, à la célébration des chefs d’œuvre et à leur inscription dans l’histoire culturelle.

Martin Scorsese Prix Lumiere 2015.
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Face à d’autres manifestations comme Cannes bien sûr, Venise et Berlin, mais aussi Deauville et Angoulême où pleuvent les récompenses, on aurait pu penser que le Festival Lumière aurait du mal à trouver sa place. C’est tout le contraire qui est en train de se passer. Chaque année, en octobre désormais, les stars du monde entier défilent à Lyon, les festivaliers sont près de 150.000 et on compte le plus grand nombre de bénévoles mobilisés juste après ceux des Vieilles Charrues.