lundi 28 janvier 2013

LA NEIGE SANS LA GLISSE

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Il est fini le temps où l'on s'entassait à 5 ou 6 dans un studio de 30m2 avec lits superposés et où l'on rongeait son frein les jours où la météo empêchait tout le monde de sortir. Désormais, entre les gîtes et autres chambres d'hôtes de charme, sans parler des hôtels de plus en plus confortables, les Spa qui se multiplient, les animations et la mise en valeur du patrimoine, on profite de la neige même si l'on n'aime pas chausser. Petit tour de piste…

Autant être prévenus: "ils" vont essayer! Après la montée en puissance de tous les sports de glisse tous plus déjantés les uns que les autres, les stations ont compris qu'ils laissaient beaucoup de monde sur le bord de la piste. Et que ceux-là, même s'ils skiaient plutôt mal que bien, achetaient quand même un forfait (le nerf de la guerre…) au même prix que les autres dès qu'ils pouvaient se lancer et qu'il était donc urgent de les décomplexer.

Vous sera donc proposé de prendre des cours pour débutants avec moniteurs archi-patients. Pourquoi pas au fond? Guy Aimé Hudry, directeur de l'ESF des 3 Vallées l'affirme "Aujourd'hui, au bout de quatre jours de cours, un débutant total peut traverser les 3 Vallées et surtout prendre du plaisir sur la neige."

Mais si, comme à peu près 50% des vacanciers d'hiver, vous accompagnez un ou des skieurs, mais que vous préférez passer vos journées à tout autre chose, sachez que vous aurez largement de quoi vous faire plaisir. Après tout, ne pas vouloir essayer le snowboard, le boardercross ou le ski cross n'empêche pas d'aimer les paysages de neige et les sapins tout blancs, les visites de ferme, d'églises baroques, les cours de cuisine et les balades en traîneau.

Chaque année, les stations rivalisent d'imagination pour proposer de multiples activités sur un plateau. Certains, comme Maeva, proposent même des Pass Non Skieur dans 15 résidences dans des stations comme Val d'Isère, Avoriaz, les Menuires, l'Alpe d'Huez, réputées pour leurs pistes…

Les massifs d'altitude moyenne ont été les premiers à imaginer des ressources pour satisfaire les non-skieurs. Les années sans neige (ce qui n'est pas le cas cette saison…), il ne faut pas décourager le touriste et proposer quantités d'activités de remplacement. En plus, elles sont souvent beaucoup moins chères.

Le Jura pour tous les goûts

On ne fréquente pas les Montagnes du Jura, le pays de Jason Lamy Chappuis uniquement pour suivre ses traces. On peut même participer les 8 et 9 février à la Transjurassienne  qui se court entre Lamoura et Mouthe les 9 et 10 février, en tant que spectateur. On peut alors s'installer à Lajoux aux premières loges, à la Chandoline , une grosse maison aux initiatives éco-responsables tant dans la construction que dans les activités proposées. Elle est située sur la Grande Traversée du Jura et , dans la région, on trouve davantage de gîtes, maisons et chambres d'hôtes que d'hôtels de luxe. A l'exception notoire du Jiva Hill tout nouveau Relais et Châteaux avec son immense piscine et ses bains glacés après le sauna. Il faut dire qu'il est situé à deux pas de Genève et de la clientèle qui va avec.

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Les amateurs de vraie nature frisquette et de champs de neige à perte de vue, visitent le Pays Horloger et s'installent au Pré Oudot  à Fournets-Luisans près de Morteau dans des chambres douillettes installées au dessus du manège équestre. Ou encore au Meix Lagor  à Montlebon aménagé dans les anciens greniers d'une immense ferme. Le jacuzzi a été installé dans une ancienne cuve à comté. Au chalet Lipivhed  à Foncine-le-Haut, on se croit facilement en Scandinavie, l'eau est chauffée à 40° par un poêle à bois et le bain nordique est sur la terrasse.

Les gourmands qui raffolent des visites de fromageries suivront les Routes du Comté, le premier fromage français d'Appellation d'Origine Protégée de la Vallée de la Loue à Pontarlier et de Métabief au lac de Saint Point. Ils pourront alors séjourner à la Ferme du Père François aux Rousses ou dans une des chambres lambrissées de l'Auberge Le Catray sur le plateau du Retord avec vue sur les Alpes. A moins qu'ils ne préfèrent passer la nuit sous un tipi chauffé.

Frissons délicieux dans le massif du Sancy

Au pays des volcans, on a vue, au sommet du Pic du Capucin au Mont-Dore à 1319 m d’altitude par exemple, sur la Vallée de la Haute-Dordogne et sur tout le Massif du Sancy. C'est un gros rocher qui accuse 800.000 ans au compteur et qui est très prisé par les amateurs d'escalade. On est au sommet en 45 minutes en raquettes, mais aussi à pied quand la neige a un peu fondu.

En se baladant depuis le bourg de Picherande, on a vue sur la Vallée de la Fontaine Salée, une vallée glaciaire dont les combes conserve la neige jusqu'au début de l'été. Les soldanelles mauves poussent au bord des névés au printemps et le site est classé zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique.

Parmi les nouveautés, les 7 chambres d'hôtes du Gîte Altitude 1200 flanqué de l'Auberge des 500 Diables (ce qui fait tout de même plus de 70 diables par chambre!). Mais la construction est totalement intégrée dans le paysage et le chef Damien Monestier qui a été formé par Marie-Ange Veyrat à Manigod utilise des produits résolument locaux. Il faut absolument goûter son volcan au chocolat, avec des cubes de glace flashy et un granité à la verveine… Au Chambon-sur-Lac, on appréciera le style cocon de la déco des Chalets du Berger  et du bain norvégien posé sur la terrasse.

Il est tout naturel que les hébergements fassent la part belle aux plaisirs de l'eau car la région regorge de stations thermales mondialement connues. Les Thermes du Mont-Dore préparent pour le mois d'avril, un nouvel espace bien-être avec les soins Décléor à l'eau thermale. La ville elle-même gagne à être découverte. Un programme spécial guidé pour les enfants entre 6 et 12 ans « Moi j’apprends plein de choses en m’amusant ! » leur propose de découvrir la ville pendant les vacances scolaires à travers la thématique de l’eau avec des jeux et son lot d'étonnantes expériences.

A Besse, un nouveau sentier de découverte avec 14 panneaux permet d’explorer la cité médiévale et d'époque Renaissance. La visite suit le tracé des anciens remparts puis pénètre dans le bourg afin de
révéler l’organisation de la ville ancienne. Il est accessible à tous toute l’année.

Vercors, Chartreuse et Grenoble

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Les grandes stations de l'Isère et de l'Oisans proposent aussi leur lot de nouveautés et pas seulement sportives, mais on s'attardera aujourd'hui aux portes de Grenoble dans le massif émeraude de la Chartreuse entièrement passé au blanc. Avec un centre de bien-être avec balnéo de plein air à 885m d'altitude près de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Et, plus au sud, sur le plateau du Vercors, toujours considérablement enneigé et délicieusement sauvage, pour faire emplette de produits cosmétiques au lait de jument Perle de Jument au Haras du Vercors à Villars de Lans.

A Méaudre, le centre de balnéothérapie Vers Corps Aqua-soins est original avec son Cotta, un chalet finlandais et son Banya, une cabane en bois massif chauffée au bois et avec douche froide à l'extérieur.

Ce sera aussi l'occasion de pousser jusqu'à Grenoble pour y découvrir le nouveau musée Stendhal. Conçu sous forme d'itinéraire littéraire entre l'appartement du docteur Gagnon, son grand-père, sa maison natale et les collections Stendhal de la bibliothèque d'étude et d'information.

Les deux Savoies et l'ami Veyrat

Quand on englobe dans son territoire Courchevel et Megève, les Arcs et Val d'Isère et toute la vallée des Belleville, les Trois Vallées, l'Espace Diamant, Chamonix et autres perles de la montagne, il y en a forcément pour tout le monde.

Les grands hôtels 5 étoiles et palaces ont développé des Spa de luxe qui permettent parfaitement de se passer de glisse. Surtout si l'on considère que prendre l'air sur une terrasse au soleil suffit largement.
On les trouvera tous dans le nouveau guide Ski & Spa dans les Alpes du Petit Futé. Et pour ceux, un peu et même beaucoup plus nombreux, qui ne peuvent s'offrir des séjours carrément hors de prix, il existe de nombreuses excellentes ressources.

Les stations développent des Spas et espaces aqualudiques ouverts à tous comme à Morzine , aux Arcs, Montchavin les Coches , les Menuires  et désormais presque partout. Les villages clubs dont les infrastructures se sont considérablement améliorées avec de belles grandes chambres qui ne servent pas qu'à dormir et dont on peut profiter dans la journée, même si on est en compagnie d'enfants, se développent aussi avec des espaces "Détente et Bien Etre" comme au Village Club du Soleil aux Menuires que nous avions découvert l'an passé.

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Dans les Aravis, en plus de la Clusaz et du Grand Bornand, la petite station de Manigod est le berceau des Veyrat qui ont de l'or dans les doigts. Eric Guelpa qui a pris la succession de Marie-Ange Guelpa-Veyrat aux Chalets de la Croix Fry  joue désormais dans la cour des grands et Emmanuel Pessey (toujours dans la dynastie) a fait passer son hôtel-restaurant Les Sapins à 4 étoiles après une restauration soigneuse.

Marc Veyrat, le chef d'anthologie qui ne peut se passer de sa maison des bois, annonce l'ouverture de sa ferme d'hôtes (il avait déjà essayé à Annecy, mais l'environnement n'y était pas…) dans son alpage natal. Table d'hôtes d'exception, jardin botanique comme laboratoire des molécules des plantes de montagne, il entraînera ses convives à la cueillette avec un panier et un Opinel.

Retour pour déguster des plats comme l'agneau rôti au carvi des près de Manigod et la tartiflette au reblochon bio et lard virtuel. L'après-midi, tous les passionnés de montagne et d'environnement, y compris les enfants des écoles pourront se retrouver dans ce lieu qui abritera la fondation qui portera son nom. "Je vais faire de vous des cuisiniers de la nature" lance-t-il à la cantonade!

vendredi 4 janvier 2013

LA TRUFFE DES GRANDS CHEFS


C'est entre la St Sevrin (27 novembre) et la Saint-Joseph (19 mars) que la saison de la truffe noire, la fameuse tuber melanosporum, bat son plein. Ce qui revient à dire qu'au moment du Ban des Truffes à Richerenches (cette année le 17 novembre), le précieux diamant noir est encore loin d'être à son apogée. Mais c'est à cette date que commencent les réjouissances qui vont émailler la saison de la truffe et constituent autant de rendez-vous pour les amateurs. Avec l'un des plus incontournables, la Messe aux Truffes le 20 janvier prochain.

Les grands chefs ne jurent que par elle. Et ce sont celles du Tricastin qui ont leur préférence. Je me souviens encore, l'an passé, à la mi-février, de l'énorme panier de truffes noires que le maître d'hôtel du Grand Véfour, l'illustre maison parisienne de Guy Martin, présentait aux clients qui en profitaient pour prendre une longue et inoubliable inspiration.

Cette année, au Ban des Truffes à Richerenches à la mi-novembre, personne n'était encore en mesure de parier sur la qualité de la saison. "Il faudrait un bon coup de mistral et un bon coup de froid et ce serait parti" disaient tous les professionnels rassemblés derrière la bannière de la Confrérie de la Gastronomie et du Diamant Noir pour célébrer l'ouverture du premier marché de la saison, derrière le "petit Saint Jean", un enfant blond du pays qui doit obligatoirement être né à Valréas dans l'Enclave du Vaucluse.

Ces temps derniers, faute de maternité dans la petite ville, il fallait que ses parents y vivent depuis un minimum de temps. Avec la réouverture du service, les "petits Saint Jean" vont se renouveler au fil des années.

Le meilleur de la truffe noire, celle des connaisseurs
Le marché de Richerenches (tous les samedis matins entre novembre et mars), s'il est le plus important d'Europe, n'est pas pour autant le plus spectaculaire, ni surtout le plus folklorique.

Mais c'est là que se négocie la plus haute qualité. En témoignent les grossistes du Périgord qui viennent s'y approvisionner.

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Dans le village templier, les étals sont installés le long de la rue principale et si quelques trufficulteurs viennent vendre une partie de leur récolte aux particuliers, on trouve aussi beaucoup de nougats et autres friandises provençales, des charcuteries, de la vaisselle, des mandolines à truffes pour les émincer au plus juste, des couteaux pour les canifer délicatement et voir ainsi si elles sont mûres à point, c'est à dire bien noires et veinées de blanc et pas toutes grises comme en début de saison. Mais il faut bien démarrer à un moment donné.

L'autre intérêt de ce marché incontournable, c'est le "Cours du Mistral", la rue perpendiculaire qui remonte jusqu'à l'Escapade, le restaurant de Nicolas Pailhès et de son assistant Paul Chabert, tous deux orfèvres en la matière (Paul est le fils d'André Chabert qui a longtemps dirigé le Château de Rochegude dans la Drôme).

C'est là que les trufficulteurs vendent leur production aux chefs et aux grossistes. Directement dans le coffre de la voiture après les avoir pesées sur des balances précises au milligramme. Ils repartent ensuite avec leurs emplettes dans de vulgaires sacs plastiques, froissés, couverts de traces de boue et marqués "Leclerc", "Carrefour" ou "Intermarché", dans lesquels se baladent de véritables fortunes.

Car la truffe au kilo est chère. Entre 900 et 1400 euros le kilo. Mais si en janvier, elle est à son apogée, c'est aussi le moment où elle offre le meilleur rapport qualité-prix. Et comme il n'en faut pas beaucoup (voir ici  l'avis d'Edouard, trufficulteur du Périgord, tous sont d'accord avec lui...) pour parfumer quantités de plats, c'est aussi l'occasion de s'en procurer.

Plus belle qu'en début de saison, quand la production est réservée à la conserve et part dans les saucissons et autres foies gras et pâtés truffés que les industriels en profitent pour les vendre le double que quand ils sont nature. Et bien moins coûteuse qu'au moment des fêtes où elle n'est pas encore à son pic d'abondance, mais où la demande est forte.

Une quête ni sonnante, ni trébuchante

C'est donc quand se tient la messe de la Saint Antoine à Richerenches, le 3ème dimanche de janvier qu'elle est juste parfaite. Il n'y a pas assez de place dans la petite église pour contenir tout le monde, mais chacun y va de son obole en déposant une truffe dans la sébile.

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Elles sont ensuite vendues aux enchères et c'est le curé qui ramasse le tapis de la vente de la rabasse comme on appelle la truffe en son terroir. Un moyen comme un autre de la payer plus cher, mais en même temps, comme dirait Lino Ventura dans Les Tontons Flingueurs, "Si c'est pour une œuvre...". Cela justifie beaucoup de choses.

Le bon père qui a la charge de toutes les églises de l'Enclave des Papes, c'est à dire Visan, Valréas, Grillon et Richerenches doit être particulièrement bien vu dans l'au-delà pour pouvoir disposer d'un tel trésor. Mais, en même temps, il est installé dans cette sorte de "principauté" où les Papes s'étaient réfugiés au XIIIème et XIVème siècle. Un terroir forcément un peu béni des dieux.

Inutile de préciser que l'Escapade affiche complet ce jour-là. Tout le monde veut profiter de son menu truffes (dans les 70 EUR!). Les chefs étoilés tout comme les clients locaux et les touristes. Pour se consoler, il suffit de se dire que le menu truffes est disponible sur réservation pendant toute la saison, on peut donc s'y attabler les jours de moindre affluence pour mieux en profiter.

Les maison d'hôtes sont nombreuses dans la région. Il y en a à tous les carrefours et dans tous les villages dès que l'on quitte l'autoroute pour se diriger vers l'EnclaveOn laisse sur la gauche Grignan et son château (celui de la fille de Madame de Sévigné) qui est peut-être le village drômois le plus gâté en matière de bonnes tables.

En week-end dans la région, on peut faire des achats de vins, de miel, de produits de beauté bio comme chez Durance en Provence et, si l'on est venu par le train, il suffit de se remettre entre les mains de Sophie et Isabelle Charanssol qui ont monté Provence Rêverie, une petite entreprise de circuits touristiques sachant bien sûr que, les bonnes adresses, elles les connaissent toutes.


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Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, un séjour au pays de la truffe reste très accessible. Au Mas de l'Argellier  à Grillon ou encore aux Ecureuils  à Valréas dans la délicieuse maison de Chantal et Mike, entourée de son jardin et de sa piscine, où la nuit avec petit déjeuner n'est pas chère du tout (70 EUR). Chantal propose elle aussi des menus truffes et si sa brouillade et tous les plats qu'elle confectionne sont à la hauteur de ses confitures et de ses viennoiseries, on peut s'y rendre les yeux fermés.

Avec tous ces gens très actifs qui se sont regroupés au sein de l'association Truffe Emotion on découvre une région délicieuse. On va "caver" chez Christian et Gisèle Allègre au Domaine de Saint Alban et on se régale en suivant la brave Chouchou, le chien truffier dont le lien affectif avec son maître est un vrai bonheur à lui tout seul.

Dans cette maison du Bon Dieu, les chiens sont comme des coqs en pâte. Et il y a aussi l'âne récupéré chez des particuliers qui n'en voulaient plus et qui se met à braire pour réclamer des câlins et des caresses dès qu'il aperçoit du monde à la suite de Christian. C'est souvent et ça marche à tous les coups!

Cette région riche de bonnes choses et dont les habitants sont réellement adorables, généreux (et modestes, ce qui ne gâte rien), ne s'arrête pas de vivre quand la truffe cesse de pousser sous les chênes. Valréas et son Enclave vauclusienne a plus d'une corde touristique à son arc pour attirer les vacanciers. A commencer par le soleil dès les premiers jours du printemps, jusqu'à la fin de l'automne. Et les tarifs que l'on y pratique, alors que la truffe se négocie, elle, à prix d'or, sont on ne peut plus raisonnables.