vendredi 18 décembre 2015

BULLES DE BOURGOGNE

Crémant de Bourgogne par Johan Bryggare / flickr (CC by-sa/2.0)
Crémant de Bourgogne par Johan Bryggare / flickr (CC by-sa/2.0)
Faut-il préférer un bon Crémant à un mauvais Champagne ? Évidemment oui ! La question ne se pose même pas. D’autant que, dans les régions, les viticulteurs travaillent de mieux en mieux les bulles et s’engouffrent avec enthousiasme dans ce marché très demandeur.

En pointe l’Alsace et la Bourgogne, mais aussi les vins de Loire et depuis peu, la Savoie. Un bel ouvrage « Le Crémant de Bourgogne – Deux siècles d’effervescence » sous la direction de Jean-François Bazin, est sorti aux éditions Dunod. Un superbe cadeau de Noël qui ne se boit pas, mais qui en raconte long aux amateurs.

L’institution Crémant de Bourgogne (avec un « C » majuscule impératif) date de 1975. Dès qu’ils se sont installés sur le marché, les dégustateurs professionnels, grands chefs en tête, se sont souvent amusés à glisser une bouteille de Crémant de Bourgogne, à l’aveugle, parmi de grands Champagne. Il est assez souvent arrivé qu’il remporte la première place.

Un fan club très étoilé

Ce qui aura permis à ces beaux vins effervescents de jouer dans la cour des grands. Il s’en exporte vingt millions de bouteilles dans le monde entier et les grands chefs étoilés n’hésitent pas à élaborer tout un menu autour d’eux.


Jean-Michel Lorain de la Côte-Saint-Jacques à Joigny, William Frachot du Chapeau Rouge à Dijon, Frédéric Doucet de l’hôtel de la Poste à Charolles, Jérôme Brochot de l’hôtel Le France à Montceau-lès-Mines et évidemment Patrick Bertron, triplement étoilé au Relais Bernard Loiseau à Saulieu. Tout comme les meilleurs sommeliers – on citera Philippe Faure-Brac, Fabrice Sommier (de chez Georges Blanc), Georges Pertuiset et d’autres– n’hésitent pas à avouer leur affection pour ces vins élégants.

Il leur faut se battre pour prendre place sur les tables de fêtes et les autres car la concurrence est rude. Le Prosecco italien est passé devant le Champagne à l’export et le Cava espagnol n’hésite pas à jouer des coudes. Question de tarifs bien sûr. Mais quand on s’appelle Bourgogne !

Le mousseux de Musset.

C’est Musset qui a ouvert le ban en 1830. En mentionnant le Bourgogne Mousseux dans les Secrètes Pensées de Raphaël « où dort dans ses glaçons le Bourgogne Mousseux, le pudding entamé… ». Comme il est jeune et brillant, il fait entrer le vin dans les salons. Celui de la dijonnaise Madame Ancelot où se presse déjà le Tout-Paris littéraire.


D’autant que cette mention au détour d’un poème est d’une absolue sincérité. Rien à voir avec les cafés « Starbucks » dans les séries new-yorkaises. Le marketing inexistant n’avait pas encore inventé le placement de produit.

Dans l’ouvrage, des photos d’étiquettes montrent des Chambertin et Romanée mousseux, des Pommard mousseux et des Clos Vougeot. Même si le Crémant de Bourgogne va mettre 200 ans à construire sa qualité et sa renommée, il va lui falloir évoluer au niveau du vocabulaire.

En 1919, les vins de Champagne n’ont plus le droit de s’appeler « mousseux ». Mais tous les autres vins sont en revanche rangés dans cette catégorie, quelle que soit leur qualité. Il faut agir d’urgence pour sauver sa réputation. « Mousseux » passe alors d’une image noble et prestigieuse à la ringardise la plus absolue et désigne les vins bon marché qui font mal à la tête. Ceux dans lesquels ma grand-tante trempait des boudoirs ou un morceau de sucre quand on lui en servait dans les mariages !

La Bourgogne est intimidante. On n’imagine plus Clos de Vougeot, Chambertin ou Pommard en version effervescente et même si le Bourgogne Mousseux devient AOC en 1943, il est urgent alors de lui donner ses lettres de noblesse.




« C’est Dominique Loiseau qui préface l’ouvrage de Jean-François Bazin. Ardente défenseur de ce terroir qui était si cher à Bernard, elle ne ménage pas sa peine. Elle sert ses Crémants de terroir dans des verres à Bourgogne pour accompagner par exemple un des grands plats créé par Bernard le « blanc de volaille au foie gras chaud et purée truffé ». Le Relais Bernard Loiseau http://www.bernard-loiseau.com/fr/index.php a travaillé à l’élaboration de deux cuvées exclusives de Crémant. Un « blanc de blancs » aux bulles très fines et une cuvée de Crémant rosé « sec » 100% pinot noir, délicieux sur les desserts de la maison. » 

On verra dans l’ouvrage les nombreuses exigences de l’appellation, tout ce que doit mentionner l’étiquette et comment, année après année, les vignerons bourguignons, rompus à l’excellence proposent de nouvelles cuvées sans cesse améliorées.

À la poursuite du Crémant de Bourgogne

Il a sa route touristique depuis 2007. Elle traverse 23 communes qui ressemblent toutes au village français idéal blotti autour de son église, court sur 120 km en longeant la Côte et en faisant des incursions dans les vallées de la Seine, de la Laigne et de l’Ource. Après tout, la Bourgogne est voisine et sœur de la Champagne.


Un peu sur son quant-à-soi et conscient qu’il peut, à raison, cultiver un complexe de supériorité, le vignoble de Bourgogne ne s’est jamais facilement livré.

Les choses évoluent. Des « Rencontres avec les Bourgognes » se font dans les foires et les salons et le BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) qui proposait des modules de formation pour les professionnels vient de mettre en place une session accessible à tous. Les structures oenotouristiques permettent aussi d’aller à la rencontre des Crémants de Bourgogne et même des prestigieux vins tranquilles.

On citera l’Oenocentre Ampélopsis. À Massigny, la maison Veuve Abal, en pays beaunois, l’Imaginarium à Nuits-Saint-Georges et Les caves de Bailly-Lapierre dans ce haut lieu du Crémant de Bourgogne qu’est le Pays Auxerrois.

Dans nos flûtes et sur nos tables

Les producteurs et élaborateurs de Crémant de Bourgogne  se sont regroupés entre eux, c’est l’UPECB qui veille sur eux.


Parmi les meilleurs d’entre eux, on invitera à sa table de fête, mais aussi bien à la Saint Valentin ou tout autre occasion qui réclame des bulles, une grande cuvée rosé brut de Veuve Ambal, le Crémant de Bourgogne brut Bailly-Lapierre ou encore cet étonnant Crémant Blanc de Blancs de la Cave de Lugny que nous avons dégusté sur des huîtres Gillardeau et qui a fait merveille. Tout simplement sur le zinc de Chez Merle aux Halles de Lyon. Mais les fruits de mer étaient magnifiques et le vin à exacte température. C’est la vivacité d’un Crémant de Bourgogne Blanc de Blancs pur Chardonnay qui a d’ailleurs inspiré Jean-Michel Lorrain pour sa genèse de l’huître.

À l’apéritif naturellement, avec un dessert comme au relais Bernard Loiseau évidemment, mais sur une volaille de Bresse truffée (ou pas) ou un carré d’agneau du Charolais, on peut, en toute simplicité réaliser un grand menu qui aura beaucoup de panache et pas mal de tempérament.

vendredi 27 novembre 2015

LES ANGES DE LUDWIGSBURG


Des fenêtres de l’appartement de notre guide Wolfgang Danner au sommet d’une tour qui domine Ludswigburg, on tombe littéralement sous le charme. En découvrant à 360° le château, ses jardins, les églises et les anges qui veillent sur le plus beau marché de Noël baroque d’Allemagne. Juste au-delà, il y a Stuttgart et son marché de Noël  qui date de 1692.

Wolfgang est fier de son effet et de nous avoir accordé ce privilège de nous recevoir chez lui. Ce charmant vieux Monsieur adore sa ville et, même s’il n’est pas guide professionnel, cet ancien cuisinier qui a fait le tour du monde – d’où son français quasi parfait – donne tout son temps pour que les nombreux visiteurs l’apprécient à sa juste valeur et en profitent au maximum.

Amoureux du château

Il nous conduit à travers les quelques 452 pièces du château. Evidemment nous n’aurons pas le temps de tout voir, ni non plus l’opportunité de faire des images, car la nuit est tombée depuis longtemps en ce mois de décembre.


Mais le château y gagne en mystère et nous y sommes presque seuls pour déambuler dans ce témoignage impressionnant de l’architecture européenne absolument fastueux. C’est le duc de Wurtemberg Eberhard Ludwig qui a commencé à le construire en 1704. Il est somptueusement meublé avec des pièces du 18 et 19ème siècles, décoré de fresques remarquables et de stucs et une immense galerie de portraits observe le visiteur.

Cet ensemble qui vaut naturellement une visite à lui tout seul et particulièrement quand les jardins sont fleuris – ils ont le même aspect qu’en 1800 - abrite aussi un musée de la mode, un musée de la céramique et un musée lapidaire. Au cœur du jardin, sont dissimulés deux autres châteaux plus petits, Monrepos, le château du lac et le château baroque de la Favorite, lieu de plaisirs et pavillon de chasse.

On est absorbé par le marché de Noël dès que l’on pénètre dans la ville. Anges omniprésents, lumières dorées, public et visiteurs enchantés qui se régalent du spectacle des cuisiniers qui préparent des tartes géantes dans de gigantesques fours à bois et dégustent avec les doigts et des étoiles dans les yeux, les « Dinnende » petites tartes flambées succulentes.

Des allées entre les résidences ducales.

En remontant l’allée qui nous conduit vers l’Office du Tourisme abrité dans un musée, le MIK, on apprend ainsi que les ducs de Wurtemberg avaient tracés des allées qui leur permettaient de relier entre elles les somptueuses bâtisses de leurs châteaux.



Les seigneurs étaient fort riches et très puissants. Ils ont laissé une très forte empreinte dans tout le pays et même si Stuttgart est la capitale régionale, les autres villes, à l’image de Karlsruhe, ont su garder des infrastructures fédérales qui leur donnent une certaine importance et participent à leur développement économique.

A Stuttgart, on se sait dans une ville à l’industrie florissante (encore aujourd’hui), mais qui a aussi une importante vie culturelle. L’architecture du château, par exemple, construit au Xème siècle et résidence des ducs de Wurtemberg à partir du XIVème siècle, a fortement déplu aux ducs Christophe et Louis qui ont construit une bâtisse Renaissance bien plus dans l’air du temps (le leur).

Stuttgart compte aujourd’hui une cinquantaine de théâtres, de nombreux musées une centaine de maisons d’édition et son opéra est reconnu dans le monde entier. Les bombardements pendant la seconde guerre mondiale, n’ont pas empêché que des spectacles y soient donnés dès octobre 1945. De la formidable capacité à se relever.

Malgré tout, il ne faut pas manquer les 9 étages du musée de l’Automobile et les quelques 160 véhicules Mercedes Benz qui y sont présentés. Porsche est présent aussi et le public se presse nombreux. On est en Allemagne.



« Tout le monde en Bade-Wurtemberg connaît Metzingen, par ailleurs siège de la marque Hugo Boss et Outletcity, son complexe de magasins d’usine à 30 km au sud de Stuttgart. Les « Winter days » pendant lesquels les affaires sont encore meilleures durent du 6 novembre au 6 janvier. » 

Les nounours à vélo

Descendre la Koenigstrasse, longue artère commerçante de 1,2 km est un des sports favoris des fashionitas et des autres.


Presque tout au bout sur la Schlossplatz, c’est le paradis des enfants qui ouvre les portes du marché de Noël. Vieux de plus de 300 ans, il se tient comme à peu près tous les autres du 24 novembre au 22 décembre et les Allemands qui s’y rendent ne le font pas qu’une fois.

Ils s’y baladent, ils y vivent, ils y mangent, ils y chantent et ne se lassent pas des chalets dont le toit est décoré de scènes de la Nativité ou encore avec les personnages des contes de Grimm. Hansel et Gretel, Blanche-Neige et la hideuse sorcière très réussie, Nusssnacker, le casse-noisette que l’on voit partout et des nounours, des nounours et des nounours.


 « Les commerçants des marchés de Noël baptisent les merguez "les saucisses françaises". Pas doués en géographie nos amis germains, ils doivent croire que Montbéliard est aux portes du Sahara puisque c’est plus au sud que chez eux !
  

Les Allemands sont de grands tendres et cultivent une vraie passion affectueuse pour les ours en peluche Steiff nés et fabriqués chez eux dont le petit Charly est l’emblème et dont tous les enfants ou presque ont au moins un exemplaire.


Des nounours, il y en a à foison dans le parc du château. Sur un fil de fer à vélo, acrobates et comédiens, ils décorent les toits des chalets qui surplombent le petit train qui transporte les petits dans un décor de maquette absolument adorable.

Juste à côté, il y a le marché de Noël finlandais avec ses tipis, ses rennes et son saumon fumé sur place. En plus des vins chauds du marché, ou à la place, on « siffle » des Glögi, boisson typique à base de vin, de fruits et d‘épices. Dans les villes allemandes pendant toute la période de l’Avent, Noël se glisse partout.

vendredi 30 octobre 2015

DES MARCHÉS DE NOËL PAR MILLIERS

Karlsruhe: Le marché de l’enfant Jésus
Karlsruhe: Le marché de l’enfant Jésus
Direction l’Allemagne. Là où opère pour de bon la magie de Noël avec 2234 marchés (là où l’on en compte que 273 en France) et des chalets 3 fois centenaires qui réchauffent le cœur et mettent des étoiles dans les yeux. Par les airs ou par le rail (sans changement de train), et au départ de nombreuses villes de France comme Paris, Lyon, Marseille Nice et Toulouse, on peut commencer par le Bade-Wurtemberg la région la plus proche de chez nous au propre et au figuré pour trouver de quoi remplir les petits souliers.

En France, l’Allemagne mouille la chemise pour faire venir des touristes au-delà de sa Forêt Noire. Il faut dire, qu’à l’image de la France et de l’Europe en général, l’histoire est présente à peu près partout et les châteaux et palais jalonnent les itinéraires et constituent autant de témoins d’un riche passé dans les villes.

« Si on considère leur réussite économique, on croit que les Allemands sont en avance sur tout. Pas tout à fait vrai. Les cartes de crédit suscitent encore la méfiance dans certains commerces. Quant au Wifi, certains hôtels vous le feront payer jusqu’à 15€ les 24h dans les chambres. Il est gratuit dans le hall seulement. Pas cool. »
Mais même si l’offre touristique est abondante tout au long de l’année avec des fêtes et festivals fort nombreux, la période de Noël avec ses marchés et la ferveur qui l’entoure est un des instants de grâce qu’il ne faut pas manquer. D’autant qu’on en profite pour découvrir toutes les richesses des alentours et les possibilités de séjours abondent.

Karlsruhe, la ville éventail

De la gare, pour rejoindre le centre où sont installées les échoppes du Père Noël, On peut tranquillement traverser le jardin et longer le zoo qui jouit d’une grande notoriété en Allemagne. Le temps de croiser un pélican qui crane au milieu de ses congénères et de découvrir au sol les feuilles de gingko biloba qui ont servi de modèle à la construction de la ville en éventail.
Elle a été fondée par le margrave Karl-Wilhelm en 1715 et son nom signifie « le repos de Charles ». Les 32 rues qui partent de la tour octogonale ont séduit Thomas Jefferson et servi de modèle plus tard à Washington D.C.

Karlsruhe qui abrite des institutions fédérales et notamment le Tribunal Constitutionnel, mais aussi le ZKM, Centre d’Art et de Technologie des Médias - le « Centre Pompidou » allemand - et le KIT, Karlsruhe Institute of Technology  - le « MIT » allemand -, a pourtant été détruite à 40% pendant la guerre. Elle est de ce fait encore plus neuve que l’on ne pourrait le penser. Seules 6 maisons sont restées debout en son centre dans l’une des avenues.

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Sur le marché de Noël, c’est la chaleur des bougies qui fait tourner la pyramide et les habitants, comme tous les Allemands, ne se contentent pas de le parcourir une à deux fois entre le 26 novembre et le 23 décembre pour y choisir leurs cadeaux, ils y vont pratiquement tous les jours.

Debout ou assis sur les bancs de bois prévus à cet effet, ils déjeunent de saucisses bien sûr, mais aussi de spécialités comme les
schupfnudeln, un mélange de choucroute, de lard et de spätzles dont ils raffolent. Les objets que l’on trouve dans les chalets sont artisanaux et traditionnels et en se baladant dans les allées, on admire les personnages des contes de Grimm « Rotkäpchen », la Mère Grand et le Grand Loup, Blanche Neige et les 7 Nains, mais aussi les personnages de la Nativité.

Quand tombe le soir, on se réchauffe avec un vin chaud certes, mais mieux encore en dégustant le Feuerzangen Bowle, une boisson à base de vin rouge, de citron et de jus d’orange. On arrose ensuite un pain de sucre avec du rhum et on le fait flamber. Spectacle et attroupements garantis.

Karlsruhe est une ville qui s’enorgueillit aussi de son réseau de transport en commun. Direction donc le marché de Noël médiéval de Durlach en un coup de tram.

Durlach, la médiévale

Le marché est intéressant parce que les marchands n’hésitent pas à porter des costumes d’époque et proposer des jeux du Moyen Âge. Dans la pénombre, on découvre des objets rares et étonnants, tous faits main et, avant de rejoindre la civilisation (du moins la nôtre) et le très fréquenté Ettlinger Tor Karsruhe, le plus grand centre Indoor-Shopping de l’Allemagne du sud et ses 130 jolies boutiques, on déguste sur le pouce, une guirlande de pommes de terre frites qu’une habile jeune femme découpe en un tour de main.

Ettlingen, ville romaine

La Valkyrie erre près du marché de Noël à Ettlingen.
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Si Karsruhe est une ville récente, Ettlingen, à portée de tram, date, elle, de l’époque des Romains avec 2 voies qui conduisent de l’Alsace à la Bavière et le long de la vallée du Rhin. Le marché de Noël et ses chalets pluri-centenaires, constitue aussi le cœur de la ville et les habitants, qui se connaissent tous, se saluent en franchissant la porte où figure un monument aux Morts des plus étonnants.

En Allemagne, on chante et Didier Stöcklin, ancien professeur de français qui sillonne les routes d’Europe avec ses amis de la chorale fait élever sa voix dans l’église à l’acoustique étonnante avec un écho très long pendant que l’on admire la fresque qui représente l’enfant prodigue, parti perdre son âme à Paris avant de revenir à la maison de son père.

Les grandes voix sont nombreuses en Allemagne, mais surtout on les cultive. Dans la gare de Karlsruhe qui invite, à la sortie des quais, à visiter le marché et à en profiter, un prêtre chante des cantiques et parmi eux l’incontournable Stille Nacht que les petits germanistes ont appris à l’école dans le texte. Sa voix s’élève, claire et puissante et les spectateurs suivent le mouvement en y joignant la leur. Assurément céleste.

vendredi 2 octobre 2015

MARTIN SCORCESE CÉLÉBRÉ À LYON

Teaser Lumière 2015
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Le Festival Lumière ne faiblit pas et décerne le Prix Lumière à des personnalités du cinéma toutes plus prestigieuses les unes que les autres. Après une première édition en fanfare et la remise du prix à Clint Eastwood, on se demandait comment on pourrait faire aussi bien.

C’était oublier un peu vite que Thierry Frémaux, le directeur de l’Institut Lumière à Lyon à l’origine du festival  est aussi délégué général du Festival de Cannes – ce qui le rend parfois exagérément inaccessible - et qu’il a le carnet d’adresses qui va avec. Et aussi que le monde du cinéma raffole de ce festival qui se tient là où est né le 7ème Art et que c’est une manifestation sans compétition. Ce qui est à la fois reposant et évite certaines dérives avec des remises de prix à des films dans lesquels le public a parfois du mal à se reconnaître.


« Please, dear Mister Scorcese, amenez Léo dans vos bagages, mais avant, vous nous le nettoyez et vous nous le rasez, qu’on puisse le reconnaître ! »
120 ans de toiles

Ceci étant dit, c’est du 12 au 18 octobre que se tient la 7ème édition du Festival Lumière avec des projections dans plus de 60 lieux à Lyon et alentours en présence d’illustres invités qui se prêtent gentiment au jeu de la présentation des films.

Le cinéma fête ses 120 ans et le Technicolor est centenaire. On se demande parfois comment on faisait avant ! La Gaumont a célébré cet anniversaire avec une exposition majeure et les œuvres des frères Lumière ne cessent d’être présentées, étudiées, disséquées, honorées. 114 films Lumière restaurés en 4 K sont désormais disponibles en DVD.

Lumière! Il y a 120 ans naissait le cinéma.
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Tous les amoureux du cinéma savent que ces courts-métrages sont loin, très loin d’une simple collection de vieux films à la technique balbutiante. Bertrand Tavernier lui-même reconnaît «  cette impression miraculeuse que la caméra est toujours à la bonne place. »

Parmi les morceaux de choix du festival, on retiendra une rétrospective des films de Kurosawa, un hommage à Jean Yanne et à Larissa Chepitko, étoile filante du cinéma russe, disparue à 41 ans, une invitation à Sophia Loren…

Le culte du grand écran

Le Festival Lumière, c'est aussi et avant tout, une réappropriation du grand écran. Pour les cinéphiles, de nombreuses œuvres en DVD et VOD sont mises à disposition dans le commerce et tous ceux qui possèdent un home cinéma sont, à ce titre, gâtés.

Mais les projections en salle plongent les spectateurs dans un univers particulier et enchanté. Les restaurations se multiplient – il sera question cette année d’Une Journée Particulière – et en cela les villes italiennes, Turin, Milan, Bologne sont à la pointe du mouvement.

En grand et même très grand La Belle  Équipe de Julien Duvivier et 7 films en copie restaurée et la 2ème partie du voyage de Bertrand Tavernier dans le cinéma français (1930-1950) avec un focus sur Maurice Jaubert et Jacqueline Audry, une des premières femmes cinéastes.

Les participants à La Nuit de la Peur qui aura lieu à la Halle Tony Garnier se remettront de leurs émotions avec un mâchon matinal rue des Marronniers (on est à Lyon, nom de nom !)

Fantasia Live in Concert à l'Auditorium de Lyon (69).
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Dans la Halle Tony Garnier toujours, un hommage à Pixar pour les cinéastes en culottes courtes et les autres. Difficile de résister à l’ami Woody sur écran géant.

On ajoute à cette programmation foisonnante des colloques, masters class, les ciné-concerts à l’Auditorium et une invitation au compositeur virtuose oscarisé cette année Alexandre Desplat.

Le Nobel du cinéma

Après Clint Eastwood donc, Milos Forman, Gérard Depardieu, Ken Loach, Quentin Tarantino et Pedro Almódovar, Lyon et son festival s’offrent donc le grand Martin Scorcese.

Il y en aura d’autres. Car la grande famille du cinéma souvent traquée par la presse people, jugée, passée à la moulinette de la popularité, raffole de cette manifestation qui fait la part belle aux restaurations, à la célébration des chefs d’œuvre et à leur inscription dans l’histoire culturelle.

Martin Scorsese Prix Lumiere 2015.
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Face à d’autres manifestations comme Cannes bien sûr, Venise et Berlin, mais aussi Deauville et Angoulême où pleuvent les récompenses, on aurait pu penser que le Festival Lumière aurait du mal à trouver sa place. C’est tout le contraire qui est en train de se passer. Chaque année, en octobre désormais, les stars du monde entier défilent à Lyon, les festivaliers sont près de 150.000 et on compte le plus grand nombre de bénévoles mobilisés juste après ceux des Vieilles Charrues.

vendredi 11 septembre 2015

FESTINS D’AUTOMNE

Eat! Brussels, Drink! Bordeaux 2014.
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L’automne est la plus belle saison pour les récoltes et c’est avec les dernières chaleurs et les premières fraîcheurs que l’on a meilleur temps de prendre celui de se régaler. Résultat...

Les festivals gastronomiques pullulent en Europe, en France et ailleurs.

Bruxelles invite Bordeaux

Les Belges ont pour réputation d’aimer tout ce qui touche à l’assiette et ils le clament haut et fort avec « Eat ! Brussels, drink ! Bordeaux » du 10 au 13 septembre. Les plus grands chefs donnent le meilleur d’eux-mêmes et ce sont les vins de Bordeaux qui se chargent d’apporter les flacons.

Un des must, s’installer au 2è étage de The Hotel à la table de Pierre Balthazar qui orchestre le Dîner des Grands Crus de Saint Emilion choisis par le conseil des vins de Saint Emilion et à déguster sur un menu en 6 temps inspiré de la cuisine du Sud-Ouest de Jean-Pierre Xiradakis (La Tupina à Bordeaux).

Guernesey fait les choses en grand

Des fruits, des légumes, poissons et fruits de mer, élevage sur des prés salés par les embruns, Guernesey, île anglo-normande regorge de bons produits et de bons chefs et entend le faire savoir. C’est ainsi que la 1ère édition du « Food Festival » de Guernesey va se tenir du 18 au 27 septembre.

Guernsey International Food Festival 2015.
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Tout commence à Saint Peter Port, capitale de l’île qui concentre la plupart des animations, mais pas que. C’est ainsi que le Guernesey Gourmet Bus Tour Sam va embarquer les visiteurs à la découverte des meilleurs producteurs et artisans de l’île toute la journée du 26 septembre. Les restaurants s’engagent de leur côté à proposer des recettes réalisées à base des meilleurs produits locaux.

Le 18 septembre, c’est le Seriously Seafood Supper avec les crabes, homards, Saint-Jacques, huîtres et l’occasion unique de déguster des oreilles-de-mer spécialité locales d’ormeaux dont la récolte est très réglementée.

Un Grand Marché, qui se veut le plus vaste des terres de la Couronne, les 19 et 20 rassemblera les producteurs. Il s’achèvera avec un barbecue sur la plage et des démonstrations de chefs. Les sommeliers et vignerons pourront participer à un concours de présentation et dégustation de leur vin d’élection et la manifestation se terminera en apothéose sur le front de mer avec une marée d’étals.

« Il est temps d’en finir avec la mauvaise réputation de la cuisine outre-Manche. Ici comme ailleurs, il y a, comme le dit Bocuse, « deux sortes de cuisine : la bonne et la mauvaise ». Et il n'y a pas de bonne cuisine sans bons produits.
 Festivals en lignes

 Il s’agit pour Bravofly d’inciter le public à voyager en lui fournissant des prétextes à se déplacer. Les festivals de gastronomie en constituent autant d’occasions.

Food Truck Festival St. Pauli.
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À Oslo, en Norvège, c’est le Matstreif qui comble les amateurs des poissons des mers froides les 11 et 12 septembre. Cabillauds, églefins, maquereaux et aussi l’occasion de goûter le Rakfisk, préparation à base de truite salée et fermentée ou encore le Rømmergrøt, purée de crème acide et de semoule qui vaut sans doute bien la foune au jus d’ail savoyarde des Bronzés.

 Au cours du même week-end du 11 au 13 septembre, le Food Truck Festival de Hambourg investit la ville hanséatique avec des spécialités toutes plus farfelues (mais consommables) les unes que les autres servies par 30 chefs qui ont restauré et équipé des vieux fourgons et les ont installés dans le fameux quartier de St Pauli. Qui veut des hot-dogs au bout d’un bâton ou encore ce sandwich au bacon cuit doucement pendant douze heures et passé dans la friture ? Le tout dans une ambiance musicale assurée par des DJ venus d’un peu partout.

« Une occasion en or de découvrir la Speicherstadt (cité des entrepôts) et le Kontorhausviertel (quartier des comptoirs) d’Hambourg qui viennent d’être élevés au rang de site classé au patrimoine mondial de l’Unesco le 5 juillet dernier. 

Gli Chef di Taste of Roma.
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On prend peu de risques à rejoindre  le Taste of Rome du 17 au 20 septembre qui rassemble en un seul lieu, les douze meilleurs restaurants de la capitale italienne. Lesquels proposent aussi des ateliers, des cours de cuisine, des recettes originales.

Retour en Allemagne du 28 septembre au 4 octobre à Berlin pour s’initier à la découverte de nouvelles saveurs au cours de la Food Week. La cuisine traditionnelle trouve aussi sa place parmi les cooking shows proposés aux côtés des créations les plus débridées. Peut-être un peu plus risqué, mais Berlin en vaut la peine et ne cesse de séduire de plus en plus de jeunes européens.

Reste aussi le Salon des Chocolatiers de Genève les 10 et 11 octobre avec la possibilité de découvrir des nouveautés qui ne sont pas encore commercialisées et celle de déguster un repas complet tout au chocolat.

vendredi 17 juillet 2015

ROSCOFF, AUX BONS SOINS DU DOCTEUR BAGOT

Près du rocher, la thalasso de l'Institut Marin Roc'h-Kroum de Roscoff (29).
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Celle que l’on appelle la cité corsaire vaut plus que jamais le détour pour ses demeures d’armateurs des XVIe et XVIIe siècles qui jalonnent la vieille ville et ses façades de granit rose. Mais la petite ville du Finistère, dont la population n’est pas plus nombreuse l’hiver que celle d’un paquebot de croisière, regorge d’innombrables richesses à savourer sans modération...

À commencer par sa thalasso. Là où tout a commencé en matière de soins qui utilisent les ressources de l’eau de mer. Le bon docteur Bagot, qui cultivait de gros doutes en ce qui concernait les bienfaits exclusifs de la chimie pour soigner, avait exploré les bords de mer pour utiliser l’eau originelle, celle des océans et tous les oligo- éléments qu’elle contient.

Juste avant que ne commence le XXème siècle, il a jeté son dévolu sur Roscoff et aujourd’hui encore, la thalasso qu’il y a fondée reste l’une des plus illustres et des plus efficaces du genre.

Les plus vastes champs d’algues d’Europe

Imaginez un peu, la cité corsaire et tous ses marins qui sont allés inlassablement explorer les horizons lointains et faire du commerce, l’île de Batz au large immédiat inondée de douceur et de soleil, quasi baignée par les eaux du Gulf Stream et les algues bienfaitrices les plus variées à portée de récolte.
Avec de telles ressources, le docteur Bagot va soigner les rhumatismes et dispenser du bien-être. Il va utiliser aussi le mouvement des vagues et conseiller ainsi à ses patients de pratiquer une gym douce dans l’eau en marchant tout simplement dans et contre les vagues. On appellera ça, et on l’appelle encore, le bagotage. Que des bienfaits sans le moindre effort !

Fête de l’Oignon de Roscoff 23 et 24 août 2014.
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Aujourd’hui, la thalasso de Roscoff met au point de nouvelles techniques, même s’il ne reste pas grand-chose à inventer. Dans la boutique, on trouve quantité des produits de soins  à base d’eau de mer. Et même de l’eau de mer compressée. Une exclusivité.

En dehors de la thalasso proprement dite, les centres de santé sont nombreux et le CNRS a installé un centre de recherche en biologie marine. On explore aussi le Centre de Découverte des Algues avec le Comptoir des Algues et une conserverie artisanale d’algues. Algues alimentaires, compléments nutritionnels, produits cosmétiques y sont proposés. Au large de Roscoff, les goémoniers sont rois.

Des oignons et des artichauts

 Comme dans l’île de Batz, les plantes tropicales se plaisent à Roscoff et parmi les attirantes curiosités des lieux, il y a le jardin exotique et botanique et ses quelques 3000 espèces de plantes subtropicales qui ont investi un rocher de 18m de haut qui surplombe la baie de Morlaix.
Toute cette région du Finistère nord est un paradis pour les légumes. Surtout les artichauts de Saint-Pol-de-Léon où l’on produit 70% des artichauts français (ceux qui ont des chapeaux ronds…) et les fameux oignons roses de Roscoff AOP.

Chez Janie sur le port, on déguste les artichauts Prince de Bretagne farcis de préparations variées. À la barigoule, mais aussi avec des pommes de terre, salade, tomates, œufs et lardons et une assiette de frites pour faire bonne mesure. L’air de la mer, ça creuse !


Les oignons roses ont fait la réputation de Roscoff depuis le XIXe siècle. Ils sont à l’origine de la légende des Johnnies, ces marchands d’oignons qui partaient chaque année en août vendre leur production de l’autre côté de la Manche. À découvrir dans une maison roscovite qui raconte leur histoire.

Juste un peu plus loin, on prendra un verre chez Chloé, une jeune (toute jeune) passionnée de vins qui tient La Route des Vins, un bar à vins très sympa où elle sert aussi d’excellentes bières et cidres locaux.

En admirant le coucher de soleil sur la mer et avant de faire un tour jusqu’au port de plaisance pour voir rentrer les bateaux. Apercevoir la Recouvrance et son jeune équipage qui a jeté l’ancre et attend ses passagers qui vont partir pour un tour en mer plus ou moins long et plus ou moins lointain. Et juste un peu plus loin, la mise à l’eau, par l’ascenseur, d’un bateau au bord duquel est installé le petit-fils du docteur Bagot. Même avec de nombreux touristes qui y séjournent, Roscoff reste quasi un village.

vendredi 26 juin 2015

BATZ, UN POTAGER SUR LA MER

L'arrivée au débarcadère de l’île de Batz.
L'arrivée au débarcadère de l’île de Batz.
Il fait incroyablement doux et, dans le jardin Georges Delaselle,  les palmiers et les bananiers sont comme chez eux. Sur l’île de Batz au large de Roscoff, en Finistère, on est pourtant sur la même latitude que Saint Pierre et Miquelon et plus haut que l’estuaire du Saint Laurent. La faute à qui donc ? La faute au Gulf Stream les amis !

Dès le mois de juin, il n’est pas rare que l’île de Batz soit écrasée de soleil et, pour Géraldine Le Roux qui cultive ses échalotes, oignons, carottes mais aussi choux fleurs, choux raves et rutabagas, le travail aux champs est rude et éprouvant, sans l’ombre d’un arbre pour se protéger des rayons brûlants. Mais elle ne se plaint pas.

Une exceptionnelle pomme de terre

Dans la terre légère de cette île de rêve de 3,5 km de long que l’on atteint en ¼ d’heure depuis Roscoff, les légumes bio de Géraldine, poussent très bien. Mais sa spécialité, c’est la pomme de terre. Moins illustre que celle de Noirmoutier et autres qui bénéficient déjà d’un label, elle fait le régal des connaisseurs et on peut la repérer sur les marchés notamment à la protection de papier qui représente l’île de Batz (prononcer « Ba ») et son phare.

On la déguste au four avec toutes sortes d’accompagnements à La Cassonade, charmante crêperie sur le port qu’il est impossible de manquer quand on arrive au débarcadère. C’est une des spécialités maison et si appréciée qu’il vaut mieux les commander. Il n’est pas rare qu’au début du service, ils soient déjà dévalisés.

Chantal, îlienne authentique

Se fier à une îlienne pour découvrir les charmes de ce morceau de granit recouvert, grâce aux vents marins, de sables coquilliers qui se sont déposés sur des limons argileux, est un des meilleurs plans.

Géraldine, aux échalotes sur l'île de Batz (29).
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Chantal, qui a quitté le littoral pour suivre un mari patron pêcheur, connaît Batz sur le bout des doigts et tous les meilleurs endroits d’un lieu qui en compte forcément peu. Même si de nombreux îliens, dont elle-même, proposent des locations d’été.

Sur l’île, on se balade à pied et à vélo. À la découverte du phare qui permet de porter le regard jusqu’à l’île Vierge, la baie de Morlaix et les Sept-Iles, du Trou du Serpent, la roche de laquelle Saint-Pol-Aurélien, aurait, selon la légende, précipité un dragon. On s’arrête devant les ruines de Sainte-Anne, chapelle romane du 11ème siècle, totalement ensablée puis dégagée. Elle accueille la célébration du Pardon de Sainte Anne chaque année le dernier week-end de juillet. On se repose enfin sur une des petites plages, que l’on appelle ici des grèves, sur un sable blanc et incroyablement doux, bercé par les cris des oiseaux de mer.

Mais si, à l’origine, l’île était couverte d’une végétation rase et sans arbre, c’est avec les plantes exogènes rapportée par les marins qu’elle s’est enrichie de plantes méditerranéennes et tropicales.

L’oasis bretonne de Georges Delaselle

Au tout début du 20ème siècle Georges Delaselle découvre le climat méditerranéen de l’île. Il va y créer un « jardin colonial » qui va le passionner toute sa vie et même lui faire quitter une prospère situation d’assureur à Paris. Pendant 40 ans, il installe un cordon de dunes artificielles, travaille ses plantations en terrasse et met ainsi à jour une nécropole datant de l’Age de Bronze dont 10 tombes sont encore visibles aujourd’hui.

Gulf-Stream plantations de l'île de Batz (29).
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La Palmeraie est constituée d’arbres anciens qui résistent bien au vent et l’association des Amis du Jardin Georges Delaselle, gestionnaire du jardin continue à entretenir la flamme des plantes subtropicales, cactées, bulbes des terres australes, jardin d’herbes dont le fameux chemin des persils sauvages et lande fleurie.

Les jardiniers mettent à la disposition des visiteurs et surtout des îliens, qui disposent à la fois du terroir et du climat parfait pour qu’elles prospèrent, des boutures qui permettent au jardin de migrer un peu partout dans l’île.

À l’abri de cette végétation qui n’a rien d’océanique et au cœur de ce jardin exceptionnel, les îliens vivent comme si le continent n’était pas à ¼ d’heure à peine des rivages de l’île.

Alors que le soleil s’apprête à disparaître à l’horizon, les touristes qui n’auront pas pu rester pour plusieurs jours, reprennent la vedette pour Roscoff, pendant que les fils de Chantal, patrons pêcheurs eux aussi, rejoignent le port de l’île avec leur bateau après une journée en mer.

vendredi 29 mai 2015

LYON, TERRE DE ROSES

Lyon, capitale mondiale de la rose en 2015 !
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En cette fin du joli mois de mai, c’est la France qui accueille, à Lyon après le Japon, le Canada et l’Afrique du Sud « Lyon roses 2015 » le festival Mondial des Roses qui a lieu tous les 3 ans et qui va embaumer la ville du 27 mai au 1er juin et même au-delà...

Si la plus glamour des fleurs est une des grandes spécialités de Lyon, c’est qu’elle y a trouvé un terreau de prédilection. Un mélange équilibré de sable, d’argile et de cailloutis glaciaire valorisé par un climat semi-continental idéal. Ajoutons à cela un déclic historique sous la forme d’une rencontre avec Joséphine, impératrice amoureuse des fleurs, et surtout des roses. Elle venait très souvent se fournir à Lyon en toilettes et tissus de soie et va ainsi créer des liens privilégiés avec la ville et faire envoyer à ce que l’on appelle alors le Jardin des Plantes avant qu’il ne devienne le parc de la Tête d’Or, des spécimens de ses collections botaniques qui sont parmi les plus importantes du monde. Lyon, capitale des roses était née.

Une occasion en or de célébrer les roses.
La Roseraie du Parc de la Tête d'Or racontée par le Dr Gérald Meyland.
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Pendant que les congressistes se rencontreront et avanceront dans leurs travaux, les Lyonnais et ceux qui les visiteront – on attend de nombreux anglophones, amoureux, comme chacun sait de la reine des fleurs – pourront profiter de nombreuses manifestations autour de la rose.

Au parc de la Tête d’Or naturellement, dans le cadre des 3 roseraies classées parmi les 20 plus belles du monde. Des expositions présenteront des images monumentales des roses du parc et les créations des rosiéristes lyonnais ; des animations musicales et même une parade vénitienne costumée les 30 et 31 mai.

En démonstration, il sera question de l’inauguration de cette roseraie exceptionnelle par le maire Louis Pradel en 1964 en présence de la Princesse Grace de Monaco, avec l’exposition « Au commencement de la grande Roseraie » aux Archives Municipales de Lyon jusqu’au 14 août.

La Fête de la Rose les 29, 30 et 31 mai, qui va pratiquement tenter de rivaliser avec la célèbre Fête des Lumières, investit le cœur de la ville et les arrondissements avec un programme luxuriant. Avec notamment une cascade de roses sur la place des Jacobins et une fontaine aux roses place de la République jusqu’au 7 juin, des jardins thématiques place des Terreaux et une exposition à l’Hôtel de Ville. Entre autres…

Effluves, arômes et histoires de roses.
Les musées de la ville de Lyon s’emploient sur une durée un peu plus longue à raconter l’histoire de la rose lyonnaise et à se réapproprier cette spécificité majeure.

Rosier Anny Duperey ® (5:01).
Voir la vidéo... (5:01)
Aux musées Gadagne avec une exposition « Roses, une histoire lyonnaise » du 21 mai au 30 août, on est accueilli par une chromolithographie de 150 roses rassemblées sur un panneau. Elles ne représentent qu’une petite partie des 3000 roses qui furent créées à Lyon entre 1850 et 1914 et que l’on a appelé l’âge d’or de la rose lyonnaise.

C’est dans le jardin intérieur que l’on aura appris que les roses n’expriment leurs parfums qu’à certaines heures de la journée et que, si on aura remarqué que celles que l’on achète chez le fleuriste et sur les marchés ne sentent pour la plupart rien du tout, c’est qu’elles font partie des roses coupées, spécialités du Maroc, de l’Afrique et de l’Afrique du Sud. Les roses à parfum poussent sur des arbustes, ce sont celles que l’on produit à Lyon. Font partie aussi de cette catégorie les roses de jardin, celles qui embaument les allées de notre enfance. On en aura pour preuve, la rose Anny Duperey aux délicats arômes citronnés.

La rose, si elle se plaît en terre lyonnaise, n’est toutefois pas née de la dernière pluie. Dans le cadre de l’exposition, un fossile de feuilles de roses qui date de 9 millions d’années incite à la modestie.

La rose lyonnaise est particulièrement « costaud » car elle est née en 1835 d’un mariage avec la rose thé chinoise. Comme toutes les roses, elle est issue de l’églantier (rosa canina), un arbuste qui ne fleurit que 15 jours par an. La rose chinoise, en revanche, jouit d’une bien plus grande longévité. Il aura suffi d’une greffe…

Les grands rosiéristes lyonnais, dont certains,- une dizaine -, sont toujours en activité sont naturellement très présents dans l’exposition. Les Guillot, créateurs de la France rose hybride de thé ; Pernet-Ducher, celui de la première rose véritablement jaune ; Meilland et la Peace qui est la rose la plus vendue au monde entre 1940 et 1950, affichent leur généalogie et leurs inépuisables créations. De Mademoiselle Cécile Brünner, une délicate rose de boutonnière à celles qui verront le jour en cette fin mai, dont une, la Belle de Gadagne qui sera élue par le public parmi 4 roses inédites.

Jehan Chardavoine: Mignonne, Allons Voir Si La Rose (2:34).
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Evidemment Ronsard trouve sa place dans les vitrines, tout comme la rose du Petit Prince du lyonnais Saint-Exupéry et les créations des soyeux qui s’inspiraient des roses lyonnaises pour leurs cartons.

Images de roses
On dit que la rose lyonnaise est née d’un terroir, d’un climat, mais aussi d’un terreau intellectuel. Dans « Le jardin des imprimeurs », exposition qui se tient au musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique jusqu’au 12 juillet, il est question de la participation de l’imprimerie au développement de la botanique et de l’horticulture avec le développement de la circulation des connaissances par le dialogue entre les scientifiques et le monde de l’imprimerie.

Avec l’aide appuyée du fonds du Jardin Botanique de la Bibliothèque Municipale de Lyon, se déroulent les preuves des exceptionnelles conditions naturelles et humaines qui ont permis le développement horticole de la région lyonnaise de l’Antiquité à la Renaissance.

La ville rassemble sur 200 km alentour les qualités des 3 grands climats européens qui lui ont valu l’appellation de ville-jardin (d’où la gastronomie… autre incontestable spécialité et ici démontrée).

Les roses auront donc trouvé comme bien d’autres végétaux, toutes les raisons de s’y épanouir. Et Nostradamus, qui y a vécu, l’occasion de publier un recueil de 1505 recettes et confitures.

jeudi 30 avril 2015

LE BUS C’EST TENDANCE !

Starshipper, retour de croisière Barcelone - Lyon.
Starshipper, retour de croisière Barcelone - Lyon.
En mettant en place une ligne de bus entre Lyon-Chambéry et Turin au cours de l’été 2013 et en inventant la marque Starshipper, les Courriers Rhodaniens et leurs partenaires ont pris un tour d’avance sur la nouvelle loi qui favorise les voyages en bus longue distance...

Depuis, ils ont ouvert Montpellier, Barcelone et plus récemment Bordeaux via Clermont-Ferrand. Une occasion en or de faire une échappée vers l’estuaire de la Gironde pour profiter d’une  ville qui ne cesse de s’embellir. Un guide « Laissez-vous guider dans Bordeaux » par  Antoine Lebègue aux Éditions Sud-Ouest qui propose de la découvrir en 13 circuits, vient  tout juste de paraître.

L’itinéraire qui va traverser le Périgord devrait d’ailleurs être aménagé pour que les voyageurs puissent bénéficier de relais qui leur permettront de visiter la région.

Déposés à Barcelone au retour d’une croisière en Méditerranée qui était partie de Marseille, l’occasion d’essayer un retour en bus vers Lyon, significativement moins cher que l’avion (la prise en charge de la valise  coûtait presque aussi cher que la place d’un passager) ou le TGV (avec un changement), s’imposait.

Le bus qui prolonge la ligne vers Salou avec un aller-retour quotidien à partir du 26 juin se prend à la gare routière nord qui se situe à 2 stations de métro de la place de Catalogne.

De la même gare, pendant le séjour ou le week-end dans la capitale catalane, les fashionitas extrémistes trouveront aussi un bus qui mène au village de marques en 30 minutes. Comme il est au bord de l’autoroute qui mène à Lyon (ou qui en vient) on se dit que la direction de Starshipper serait peut-être bien  inspirée de prévoir un arrêt dans un sens ou dans l’autre. Pour acheter des modèles Desigual, Punto Blanco, Carolina Herrera, Lupo et plus d’une centaine d’autres en soldes permanents, il  devrait y avoir des amateurs.

Lyon-Montpellier à moins de 10€

Le voyage dure 9h, ce qui peut paraître rebutant au premier abord, mais avant le départ le chauffeur nous a expliqué que l’on s’arrêtait ¾ d’heure à Montpellier à l’Odysseum pour manger  quelque chose et profiter de ce quartier étonnant avec un Aquarium, un Planétarium, un centre commercial, des cinémas, des restaurants et des attractions qui en font une sorte de mini-Disney Village rigolo.

Sont prévus aussi 2 à 3 arrêts dits « de courtoisie ». Pause toilettes, pause cigarette, pause nougat (à Montélimar).

Les bus sont confortables. Dès que le chauffeur a mis le contact, on dispose du wi-fi (un peu faiblard dans la partie espagnole), de petites bouteilles d’eau fraîche, machine à café et  toilettes à bord.
L’arrivée se fait à la gare de la Part Dieu, c’est-à-dire en centre-ville aussi et à proximité de tous les transports en commun et du Centre Commercial. Si on décide d’en finir avec ses  préjugés sur les voyages en bus qui ont tendance à nous rappeler les transports scolaires, les départs en colo et les voyages organisés, on devrait donc avoir tout à y gagner et profiter,  pourquoi pas, de TOUS les ponts de mai pour s’échapper.

vendredi 17 avril 2015

LES HORTENSIAS AU PAYS DES LÉGENDES

Les hortensias et le menhir de Men Marz !
Les hortensias du menhir de Men Marz - Teaser de la Playlist «Bretagne degemer mat» de FrenchTourisme ! (0:12)

Toutes les saisons sont belles à la pointe de la Bretagne. Mais l’une des plus spectaculaires, celle qui pointe le bout de son nez et s’étend entre juin et septembre, c’est celle de la floraison des hortensias...

Il en existe plus de 500 variétés et ces massifs gracieux qui ornent les abords et les jardinets des maisons aux toits de pierres et d’ardoises se plaisent tant au climat à la fois doux, brumeux et ensoleillé du Finistère qu’ils fleurissent tout l’été et résistent parfaitement bien aux grosses chaleurs. Parce que dans cette belle région de France qui aspire les embruns à pleins poumons, le temps change très souvent. Y compris au cours d’une même journée. Ce qui revient à dire que la pluie du matin n’est jamais une fatalité.

Les légendes, une spécialité bretonne
Les terres sans concession sur lesquelles on affronte les éléments pour gagner sa vie abondent en histoires légendaires. Le Pays des Abers-Côte des Légendes est riche d’un passé à la fois historique, religieux et naturel. Entre l’Aber Wrach au nord et ses 30km de long qui abritent les bateaux et l’Aber Benoît aux eaux turquoises, il y a de quoi faire de multiples et étonnantes découvertes.

Le phare de l’Ile Vierge, le plus haut d’Europe, construit en granit de l’île de Batz, veille sur la côte. Il est posé sur une île à 1,5km du littoral et on peut s’y rendre à pied à marée basse. Mais il faut bien connaître les lieux ou se faire accompagner.

Le village de Meneham-Kerlouan est dissimulé derrière d’énormes rochers. Il fait partie du système de défense côtière qui date du XVIIIème siècle et a été loué ensuite à des paysans-pêcheurs-goémoniers avant d’être classé en 1975. Des gîtes, un musée, des ateliers d’artistes et une gentille auberge ont désormais investi les lieux. Le séjour y est incroyablement dépaysant.

Les mariés de Meneham en Côte des Légendes, à Kerlouan (4:38).
Les mariés de Meneham en Côte des Légendes, à Kerlouan (29). (4:38)
D’autant que les curiosités sont nombreuses dans les environs. Comme la basilique du Folgoët de style gothique flamboyant. On a employé pour la construire, la pierre de Kersanton particulièrement propice pour réaliser des sculptures précisément et finement ciselées.

Les chaos rocheux naturels et spectaculaires alimentent l’imaginaire, mais le menhir de Men Marz, qui signifie « la pierre du miracle » en breton est bien l’œuvre des hommes. Il mesure 8,50m de haut et pèse 80 tonnes, mais il n’est pas enfoncé dans le sol. Juste posé. Il daterait de 4500 à 2500 ans avant JC et l’on dit que St Pol Aurélien et sa sœur avaient ainsi fixé à la mer la limite à ne pas franchir. Ce qui démontre que, quand on ne pouvait pas dominer les éléments, on tentait de les intimider. À la différence des autres menhirs de Bretagne, celui-ci porte une croix à son sommet. Et là encore, mieux valait mettre toutes les chances de son côté.

Le paradis de « la truffe de mer »
Au port de Perros, là où Sylvain Huchette élève ses ormeaux, on est aveuglé de soleil en ce début juillet.

Les naissains de ce que l’on appelle aussi les steacks de mer  - parce que les gastéropodes adultes à l’état sauvage, résistent sous le couteau et que c’est ainsi que les apprécient les Bretons qui aiment avoir de la « mâche » - passent 6 mois au sein de l’écloserie de Kerazan et se « goinfrent » littéralement de toutes les algues qui passent à leur portée. Dès qu’ils ont atteint de 12 à 20 mm, ils sont transportés en pleine mer dans des eaux d’une pureté rare et toujours abondantes en nutriments très variés. On est là dans un des plus grands champs d’algues d’Europe.

C’est en Australie que Sylvain Huchette a appris à élever les ormeaux, mais c’est dans les abers, ces fjords bretons que l’on appelle aussi des rias qu’il développe son élevage. Ses meilleurs clients sont les plus grands chefs de la région comme Yvon Morvan du restaurant l’Armen à Brest et les grandes tables parisiennes comme le George V ou le Fouquet’s.

La « truffe de mer » de France Haliotis à Plouguerneau (29). (9:05)
Chaque année à Noël notamment, de nombreux particuliers passent commande sur son site internet. Il recommande de faire sauter les ormeaux simplement au beurre salé et de les servir avec une poêlée de pommes de terre. Les Japonais et les Chinois sont aussi très friands d’ormeaux, mais ils préfèrent les ormeaux de pêche de très gros calibre.

Nicolas Conraux, le jeune chef du restaurant la Butte à Plouider, qui a épousé la Bretagne en même temps que sa femme Solène dont c’est la maison familiale, les prépare par exemple avec des vermicelles cheveux d’ange au jus de volaille.

Ce cuisinier exigeant utilise à l’envi les produits locaux que font pousser pour lui une trentaine de producteurs qui composent son carnet d’adresses. Les choux pointus et les betteraves bios cuites au four passent à la casserole, les homards des pêcheurs côtiers le disputent aux bars des ligneurs de l’Ile Vierge. Pour que la maison soit accomplie, un Spa avec vue sur le large a été installé où les clients peuvent profiter d’un séjour idéal et reposant.

On est loin, très loin d’avoir épuisé le sujet en ce qui concerne cette exceptionnelle contrée qui s’enorgueillit de posséder le parc d’Armorique, seul parc naturel régional de Bretagne, le parc d’Iroise, premier parc marin créé en France et rien moins que 1200 kilomètres de côtes.

On s’y rend pour un séjour ou pour des vacances des 4 coins de France. Des lignes aériennes desservent Brest et Quimper. Air France depuis Paris, Lyon et Marseille et des low cost comme Ryanair, Easy Jet  et Vueling depuis aussi l’Espagne et la Grande Bretagne.