mercredi 20 mars 2013

TOUS NEW-YORKAIS (ES)!



De toutes les villes où l'on peut ne jamais avoir mis les pieds, New-York est sans doute celle que l'on connaît le mieux. La faute (ou grâce à…) Carrie Bradshaw (Sex and the City), Mac Taylor (Les Experts Manhattan) Serena van der Woodsen et Blair Waldorf (Gossip Girl) et tous les héros de séries américaines qui cartonnent. Sans oublier Douglas Kennedy en chair et en os qui sera présent le 22 mars à la Foire de Lyon pour inaugurer New York New York , l'exposition présentée en première nationale à Lyon.

Alors que les hypermarchés, les centres et zones commerciales n'ont jamais été si nombreux, les foires des grandes villes, Lyon, Lille, Paris, Bordeaux et toutes les autres battent des records d'affluence. Et pourtant, elles ont besoin de faire venir du monde et de motiver les visiteurs. Les expositions et les animations sont faites pour ça.

La Foire de Lyon et ses bateleurs

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Elle en est à sa 95ème édition et connaît toujours autant de succès avec quelques 200.000 visiteurs qui se disent satisfaits à 94%.

Un score qui pourrait bien donner à nos hommes politiques et François Hollande en tête, l'envie de manger leurs chaussures.

Une foire, c'est un moment exceptionnel. On y trouve de tout, comme sur Internet et surtout des objets pour la maison et de quoi se composer un nid douillet, ce qui est archi-tendance. Mais la différence avec la toile, c'est que là, on a les animateurs. Ceux qui vendraient des réfrigérateurs aux esquimaux et qui font les pitres pour attirer le chaland sur 100.000m2 à Eurexpo. Qu'il est facile de rejoindre grâce à de nombreuses lignes de transports en commun, mais surtout avec le tramway T5 qui dépose tout le monde devant l'entrée. Et pour motiver encore davantage les visiteurs, le prix de l'entrée a été diminué de 25%, sachant qu'en plus, il existe quantité d'astuces pour obtenir une entrée gratuite.

Lyon-New-York, de vraies affinités

Même si la capitale des Gaules et des gueules n'a jamais été fichue de garder une liaison aérienne Lyon-New York après 3 excès infructueux, il y a beaucoup d'affinités entre la ville des Lumières et celle qui ne dort jamais. Le rapport à l'eau avec l'Hudson qui coule à New-York et l'île de Manhattan pendant que le Rhône et la Saône arrosent Lyon généreusement; le poumon vert au cœur de la ville que constituent Central Park et le Parc de la Tête d'Or; les murs peints de Lyon et les graff de la Grosse Pomme; la fontaine de Bartholdi et Lady Liberty conçue pas le même artiste sculpteur.

Après Les Indiens d'Amérique l'an passé et la belle coiffure de plumes de l'arrière petit fils de Geronimo, c'est donc une réplique de la statue de le Liberté qui accueillera les visiteurs pour les conduire à l'exposition New York New York qui occupe 3000 m2 et a demandé 3 ans de travail à son concepteur et commissaire Alexandre Cavalli. Elle promène les visiteurs dans les quartiers de la ville, avec la reconstitution d'une rue de Little Italy dans les années 30 et regorge d'objets cultes de la mémoire et du quotidien.

C'est ainsi que l'on pourra voir des fenêtres originales du Flatiron Building, le premier gratte-ciel de Manhattan, une authentique boîte à outils d'un maître charpentier des années 20, des boîtes de conserve d'épinards à l'effigie de Popeye, une trentaine de voitures américaines de légende dont un camion de pompier et un taxi jaune.

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Broadway et les tambours du Bronx

Pour célébrer une ville qui vit la nuit autant que le jour, les animations se succèdent. Les Tambours du Bronx se produiront en soirée pour une représentation unique le 29 mars. Isabelle Georges et ses danseurs plongeront les visiteurs dans le monde des comédies musicales avec le spectacle Broadway EnChanté en soirée le 22 mars. 6 artistes graffeurs réaliseront une fresque éphémère pendant les 11 jours sur fond de hip hop, jazz, blues, RnB pendant que des sportifs s'adonneront à des démonstrations de football américain, de base-ball, de basket, de roller. Le dimanche de Pâques, ceux qui le souhaiteront pourront assister à une messe Gospel comme à Harlem.

Guides in the city

Tout le monde a quelque chose en lui de new-yorkais. Ce sont eux-mêmes qui le disent. En la personne de Mark A Schapiro, consul des Etats Unis à Lyon et originaire de Manhattan et de son collaborateur Victor Vitelli lui-même originaire de Little Italy qui confient leur émotion et leur passion pour une ville qui a accueilli 17 millions d'immigrants et dans laquelle les gens du monde entier ont au moins un ancêtre.

Victor Vitelli précise par exemple qu'il connaît une école dans le Queen's dans laquelle on entend 65 langues différentes et qui n'est même pas une école internationale! Et raconte aussi que le coca cola dont on est si fier aux Etats unis, a été inventé en Corse par un certain Mariani qui avait mélangé des feuilles de coca à du vin de Bordeaux. L'idée, la recette et la gloire ont été reprises par Pemberton, pharmacien à Atlanta.

Tous les amoureux de New York, et ils sont nombreux, ont leurs adresses favorites et les confient volontiers. Mark A.Schapiro se dit amoureux du pont de Brooklyn qui permet de rejoindre Greenpoint, le nouveau quartier archi-tendance en moins de 10 minutes à partir de Manhattan grâce à une navette fluviale.
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Il recommande de se rendre au Yankee Stadium dans le Bronx, la cathédrale du sport américain et le domicile de la fameuse équipe des Yankees. De préférer la visite du musée Ellis Island Immigration Museum qui raconte l'immigration aux Etats Unis plutôt que celle de la Statue de la Liberté, envahie par les touristes. De ne pas négliger le MoMa à Manhattan bien sûr, mais de ne pas hésiter à pousser jusqu'à Brooklyn pour découvrir le NYC Transit Museum, sur Schermerhorn Street, moins fréquenté et passionnant.

Il conseille de s'attabler au Patsy's Italian Restaurant que fréquentait Sinatra, mais dont la cuisine italo-américaine est toujours aussi renommée et au Nom Wah Tea Parlor, la première maison Dim Sum de Chinatown ouverte en 1920. C'est une adresse qu'il partage avec Daniel Boulud, le plus américain des chefs français qui a ses restaurants dans l'Upper East Side à côté de Central Park. Il recommande Soho pour le shopping et l'Upper West Side pour l'opéra, le cinéma et la musique.

Isabelle Gleizé, directrice du Village des Créateurs à Lyon, conseille le Café Boulud de Daniel pour y déjeuner ou dîner, de prendre un verre sur la terrasse lounge du Boom Boom Room pour profiter de la vue sur l'Hudson River ou au très branché Café Gitane. Evidemment, on lui fait confiance pour les boutiques. Elle recommande Saks et Barneys, bien évidemment et, entre autres excellentes adresses Frock pour le vintage de luxe.

Rendez-vous en France et ailleurs

Dès le 11 avril, les 8 semi-remorques nécessaires pour faire tenir et voyager l'exposition prendront le large, direction Martigny en Suisse, Bordeaux, Limoges, Nancy, Clermont-Ferrand. Dans un premier temps….

mercredi 6 mars 2013

PRINCESSES ITALIENNES…

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Isabella et Maria Beatrice d'Este, Eleanore de Medicis, Mathilde de Canossa sont toutes de nobles dames qui ont régné sur la ville et la province de Mantoue dans la plaine du Pô, à l'époque de la Renaissance. Passionnée par l'histoire de la famille Gonzague qui a dominé la ville de 1328 à 1707, Lucia Lusetti, guide francophone emploie tous ses loisirs à marcher sur leurs traces...

En septembre 2012, la région pansait ses plaies et, si les cicatrices du tremblement de terre de mai 2012 étaient à peine perceptibles vues de l'extérieur et au niveau du quotidien des habitants, les grands musées et bien des châteaux étaient fermés à la visite. Question de sécurité…

Le meilleur moment pour s'y rendre et éviter les foules estivales, c'est le début du printemps et si l'on peut être dérangé par les scolaires qui visitent hors saison, jamais on ne se trouvera dans un contexte aussi navrant que celui de la foule des touristes qui se masse autour du balcon de la Casa di Giuletta à Verone. On est à 40km de là et c'est à Mantoue que Shakespeare exila Roméo.

Le romanesque est pourtant bien présent dans cette petite ville, presque un gros bourg, capitale d'une province gourmande, qui est l'équivalent d'un de nos départements. Classée depuis 2008 au patrimoine de l'Unesco, elle a appris à se défendre au 12ème siècle en domestiquant le fleuve Mincio, affluent du Pô de façon à ce qu'il entoure la ville avec 4 lacs, forcément difficile à franchir pour les envahisseurs.

Plus vaste que le Vatican

Dans la ville où est né le poète Virgile, 18 générations de Gonzague ont habité les 500 pièces du Palais Ducal et les ont faites ce qu'elles sont aujourd'hui avant que Mantoue ne soit reprise par les Autrichiens, puis par Bonaparte, avant de redevenir autrichienne et annexée enfin par le royaume d'Italie en 1866.

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Le Palais Ducal s'étend sur 34.000 mètres carrés avec ses cours et ses appartements. La fameuse Chambre des Epoux qui était fermée après le séisme recèle encore de nombreux trésors, mais le reste de la demeure est quasiment dépourvu de meubles. Toutes les collections ayant été dispersées par les plus dispendieux des héritiers de la dynastie Gonzague. 20.000 objets précieux, 2.000 tableaux dont certains ont été rachetés par Richelieu et conservés au Louvre à Paris.

On peut voir encore les appartements meublés, décorés d'objets personnels et les jardins d'Isabella d'Este (1474-1539), épouse de François II de Gonzague et mère de Frédéric II, élevé au rang de duc par Charles Quint en 1530. Raffinée, elle prend sous son aile des artistes comme Andréa Mantegna à qui l'on doit notamment les fresques de la Chambre des Epoux dans le château de San Giorgio. A la faveur des guerres qui éloignaient son époux de ses terres, elle a été plusieurs fois régente du Duché. Cette femme de pouvoir, brillante et éclairée a été baptisée La première dame de la Renaissance en Europe. Sa seule rivale était sa sœur Béatrice, duchesse de Milan.

La soumission de l'Empereur au Pape

Pour rejoindre l'abbaye bénédictine de Polirone à San Benedetto Po, le mieux est encore d'emprunter le Motonavi Andes qui remonte le fleuve Mincio et qui est le seul affluent navigable du Pô. Pour le rejoindre, on passe une majestueuse écluse au bord de laquelle les pêcheurs ne s'émeuvent pas plus que cela du défilé des bateaux.

L'abbaye de Polirone a été fondée par la famille Canossa en l'an Mil. En cours de consolidation, elle doit être réouverte ce printemps. Mathilde de Canossa y est enterrée selon son vœu. Elle est à l'origine de l'expression "aller à Canossa" devenue courante dans le langage quotidien. Henri IV, empereur Romain Germanique (et pas celui de la poule au pot…), après avoir décidé de nommer lui-même les évêques contre l'avis du Saint Siège est allé supplier le pape Grégoire VII de lui accorder son pardon (pour éviter ainsi l'excommunication) pieds nus dans la neige devant le château de Reggio Emilia où il était l'hôte de la comtesse Mathilde.

Tout comme Monte Cassino, San Giovani Evangelista à Parme et San Giustina à Padoue, l'abbaye du Polirone fait partie des 40 sites clunisiens d'Italie et il est le seul à avoir conservé ses dépendances. Le réseau médiéval de 1400 sites, rattachés à l'abbaye bourguignonne se sont mobilisés après le tremblement de terre pour procéder à sa consolidation.

Le palais des illusions chatoyantes

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Retour à Mantoue au palais du Te , construit par Frédéric II de Gonzague pour y installer sa jeune maîtresse Isabella Boschetti qu'il a rencontrée quand elle avait 17 ans. Entouré de jardins et de bosquets de tilleuls, ce palais des plaisirs est tout entier dédié à l'amour et à la luxure. Poèmes érotiques, enfilade de petites pièces privées qui permettaient de se dissimuler, pavillon de la Grotte aux murs couverts de coquillages et de porcelaines où se baignaient les courtisans et dont on peut dire qu'ils avaient inventé les premiers plaisirs du Spa, ce vaste temple du maniérisme donne à voir de stupéfiantes curiosités comme la Chambre des Géants qui avait épouvanté Dickens en son temps.

A la fin de la dynastie Gonzague, le palais est devenu une caserne militaire autrichienne. Le destin a parfois de drôles d'idées.

Si ces palais et abbayes sont les sites majeurs à visiter dans la province de Mantoue, il existe aussi, comme dans toute région au puissant passé historique, de nombreux musées et édifices à découvrir comme l'Oratorio di S.Andrea di Ghisione, dépendant du Polirone et lui aussi en cours de consolidation. Ou encore l'étonnante Villa Bisighini à Carbonara di Po, l'œuvre d'un riche mécène du 19ème siècle dont toute la famille est enterrée dans un imposant mausolée au fond du jardin.

Seul petit bémol, si la région fourmille de trésors, elle manque un peu de fibre touristique. Il faut faire des efforts, si l'on veut attirer les visiteurs français et traduire davantage dans leur langue guides et dépliants. De même pour de nombreux sites Internet tout en italien.

Interdire, pourquoi pas et tant mieux, les photos au flash et même sans, dans les palais, y compris pour la presse. Mais en mettre à disposition, réalisées dans de bonnes conditions qui évitent d'abîmer les œuvres, de façon à ce que nous puissions quand même vous les montrer.

On pourra aussi en profiter pour assister au 20ème anniversaire de "Tempo d'Orchestra", festival de musique international dans la province de Mantoue qui dure jusqu'au 26 avril. Très éclectique, le programme est composé de musique baroque (Rameau, Marais), d'œuvres de compositeurs allemands (Bach, Haendel, Mozart, Brahms, Mahler), français (Bizet, Fauré, Ravel, Saint Saëns), russes (Stravinski), anglais (Purcell, Bridge, Britten), américains (Copland, Bernstein) et de grandes voix de maîtres de l'Est.

On rejoint la "seconde Venise", ainsi que la désignait Montesquieu, par l'aéroport de Milan Linate ou encore, pour en rajouter dans le charme, par celui de Verone - Valerio Catullo.