vendredi 1 octobre 2010

LE BEAUJOLAIS CHEZ L'HABITANT



Le Beaujolais est une région si belle que toutes les saisons en valent la peine quand il s'agit de la visiter. Il s'agit même d'une contrée qui a toujours su tourner ses inconvénients en avantages. Le Beaujolais Nouveau se vend moins bien depuis une dizaine d'années? Tant mieux, c'est l'occasion de mettre les crus en avant. De grands vins qui apportent la preuve que le gamay est un cépage noble s'il est bien travaillé et qu'il s'est même offert le luxe, en Bourgogne, de compenser le pinot dans les années difficiles. Le cru 2009 est une merveille, encore mieux qu'en Bordelais, où l'on en est déjà très content.

C'est aussi l'opportunité de mettre ce que l'on peut appeler le "11ème cru" en avant. C'est à dire le Beaujolais blanc. Anecdotique au niveau des volumes (1%), mais en nette croissance. La mode de l'apéro et le goût des consommateurs pour le vin plutôt que pour les apéritifs du commerce, fait que l'on assiste, toutes régions confondues à une tendance à "blanchir" les vins. On arrache des vignes ici comme ailleurs, mais on replante des vignes pour produire du blanc. Surtout les viticulteurs des crus qui ont senti le filon. On n'en attendait pas moins d'eux.

Plus question de gamay ici, le Beaujolais blanc est issu de chardonnay et ce n'est pas un vin "sauve qui peut" dans une région en crise. Sur 11 Beaujolais blancs inscrits à des concours internationaux des vignes pour produire du blanc, 9 ont été médaillés. Un d'or et 4 d'argent au concours des Chardonnay du Monde. Deux grandes médailles d'or, 4 médailles d'or et 2 d'argent au Concours International de Bruxelles. Et quand on connaît l'amour des Belges pour les grands vins et leur goût pour ce que l'on appelle l'œnotourisme , il y a entre le nord de Lyon et le sud de la Bourgogne, de quoi pavoiser!

Comme toutes les régions viticoles, le Beaujolais qui est tout de même à la fois mondialement connu et posé au coeur d'un bassin de population de 7 millions d'habitants, trouve des raisons de se plaindre. Ce qui peut se concevoir quand on sait que l'on dépend des éléments. Que l'on passe son temps à craindre la grêle, le manque d'eau, les maladies, les malfaisants... Alors ils se battent. Avec ce qu'ils ont. Et ils ont beaucoup.

Ce qui aide à gommer le second inconvénient, lui aussi tourné en avantage. Il y a très peu d'hôtellerie digne de ce nom en Beaujolais. On ne parle pas, bien sûr, de lieux exceptionnels comme le Château de Pizay et, encore plus rare, plus accompli et plus étonnant comme le Château de Bagnols. Il faudra y revenir, raconter les Seigneurs d'Albon et Lady Hamlyn qui l'a restauré dans toute sa splendeur et avec des meubles d'époque, cela vaut bien un sujet à lui tout seul.

Pénurie donc d'hôtellerie. Qu'à cela ne tienne! Les chambres d'hôtes, pour la plupart exquises, fleurissent un peu partout dans le vignoble et sont très bien répertoriées dans le Guide de l'Oenotourisme. Et comme 80% d'entre elles ont été installées chez des viticulteurs, on se retrouve au coeur du sujet. On déguste, on assemble, on vendange avec les propriétaires. On se fait raconter le vin. Et on se régale. Avec modération en ce qui concerne la boisson et sans se retenir pour tout ce qui est de la nouvelle Route des Vins du Beaujolais, tout juste refaite, agrandie d'un tiers avec plus de 200 panneaux.

Guidés par GPS (c’est presque unique en France), les amateurs de Beaujolais bénéficient de 4 étapes sonores pour commencer. Entre Saint Amour, Romanèche-Thorins, Beaujeu et Brouilly ; dans les montagnes du Beaujolais vert dans les villages construits en pierres dorées et surtout la petite ville médiévale d’Oingt, classée parmi les Plus Beaux Villages de France et célèbre pour son festival de Musique Mécanique le premier week-end de septembre et ses fameuses crèches (une centaine) à la période de Noël. Il y aura bientôt 8 étapes commentées et une soixantaine au final

Tout le long de la route, on part à la rencontre des Bistrots Beaujolais. Nombreux sur leur terroir bien sûr, mais qui ont aussi essaimé partout en France. A Lyon, à Paris, en Auvergne et même à Marseille. Ce qui est dire!
Mais des Bistrots Beaujolais, il y en a aussi dans le monde entier. J'ai nommé Munich, Bruxelles évidemment, mais aussi New York et Chicago, La Haye, Amsterdam et Londres. Le Beaujolais sait faire, à l'image de son pape Georges Duboeuf qui sera le sujet de "Goûtez-Voir" le dimanche 10 octobre.

Au moment où j'écris ces lignes, on célèbre la Fête du Paradis à Odenas (69-Rhône) le 3 octobre. Vous en connaissez beaucoup, vous, des régions où l'on baptise ce vin doux et sucré tout juste sorti de sa première fermentation, d'un nom aussi ravissant. Sans doute parce qu'il donne des joues roses aux jeunes filles dès qu'elles en ont bu un simple (et traître) verre (il y a peu d'alcool, mais il y en a et on ne le sent pas!) et que, du sommet des collines, un verre à la main et en écoutant le chant des vendangeurs et leurs éclats de rire dans les vignes, on aperçoit les Alpes pratiquement toujours. Voilà qui aide à prendre de la hauteur et à défier l'adversité.

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