mardi 6 novembre 2012

LE PÉPLUM, C'EST DU GRAND CINÉMA!


En arpentant les allées du musée Gallo-Romain de Fourvière qui surplombe le théâtre antique de Lyon, on se dit que l'idée est brillante de parsemer les collections, de projections de "peplums" entre les installations. L'occasion de découvrir les uns et les autres, ici et à Vienne/Saint Romain-en-Gal au bord du Rhône, et de pénétrer dans l'histoire antique y compris fantasmée et sans complexe.

Tout à côté des projections, sur écran de cinéma et pas sur des écrans plats de télé, installées dans le parcours de l'exposition permanente, veille la Table Claudienne de l'Empereur Claude, né à Lugdunum et emblématique de la ville fondée par les Romains en 43 avant J-C, en même temps que d'autres précieux objets archéologiques.

Pour donner de la vie à cette collection qui pourrait paraître un peu austère, l'exposition Peplum qui dure jusqu'au 7 avril 2013 dans les musées Gallo-Romains de Lyon et Saint-Romain-en Gal, s'articule sur deux thèmes que l'on pourrait résumer ainsi "l'Antiquité spectacle" à Lyon et "L'Antiquité au cinéma" à Vienne.

Ce grand événement qui utilise ces films historiques à grand spectacle dont raffole le public depuis l'invention du cinéma, ne prétend pas légitimer les scénarios de ceux-ci, loin de là. Il s'agit en fait de relier l'illustration de l'antiquité avec le cinéma dont Lyon est le berceau avec les frères Lumière. L'Institut qui porte leur nom est d'ailleurs partenaire de l'exposition par le Conservatoire de Lyon et propose cycles "Péplum" et ateliers sur le sujet.

Une course de chars d'anthologie

Voir le docu... (Sous-titres activés, c'est mieux!)
Les plus âgés d'entre nous se souviendront longtemps des cinémas bondés, même dans les villages, à la sortie du Ben Hur de William Wyler en 1959 avec sa course de char qui durait une demi-heure montre en main. Claude Aziza, historien de l'antiquité Fantasmatique (ce qui est riche de promesses quant à l'intérêt que le sujet devrait susciter…) avec quelques autres respectables sommités, s'amuse à balayer les idées reçues et à raconter une foule d'anecdotes. Ainsi apprend-on que les créateurs de péplums ne manquaient pas d'imagination, car s'il fallait établir une biographie fiable de Spartacus, elle tiendrait sur une dizaine de pages. Et l'historien précise "A peu près comme pour Jésus!"

William Wyler, encore lui, n'a jamais voulu toucher à la course de chars de son Ben Hur de 1959. Il avait réalisé celle de la version de 1925 et il a été pris d'une angoisse au moment de se lancer dans celle-là. Il a confié les rênes de l'exercice à un jeune assistant prometteur, un nommé Sergio Leone qui s'en est fort bien tiré.

Tout est à l'avenant. Les péplums brodent beaucoup sur l'histoire. Bizarrement les séries télévisées sont plus fiables parce qu'elles disposent souvent de davantage de temps pour détailler l'intrigue. Et puis l'on est, de nos jours, plus scrupuleux avec la vérité historique.

Ils sont tous là ou presque
Gladiator de Ridley Scott avec Russel Crowe, L'enlèvement des Sabines de R. Pottier, les deux Ben Hur précédemment cités, Quo Vadis de E.Guazzoni - bien à sa place dans la ville qui accueillit la plus ancienne communauté chrétienne de la Gaule et connue pour le récit du martyre de 177. Ce qui vaut encore aujourd'hui, le titre de Primat des Gaules à son archevêque - Fabiola de A.Blasetti et Massada de M.Bonnard et celui de B.Sagal tournent en boucle dans les 5 parties de l'exposition permanente qui leur ont été dévolues.

A Saint-Romain-en-Gal, on est davantage dans une configuration d'exposition temporaire avec un espace aménagé. On est accueilli par le tableau de Lionel Royer représentant Vercingétorix déposant ses armes aux pieds de César et l'exposition et ses projections s'articule dans 11 cellules autonomes avec des thèmes caractéristiques du genre :

Voir le film en version intégrale... (2:34:35) !
Le héros antique et même l'héroïne avec Cléopâtre de Mankiewicz et la sublime Elizabeth Taylor,  Samson et Dalila de Cecil.B.DeMille. Les catastrophes, naturelles comme dans Les derniers jours de Pompéi de L.Maggi (1908) et E.Rodolfi (1913), mais aussi divines avec les Plaies d'Egypte et Sodome et Gomorrhe. La religion et Les Dix Commandements de Cecil B DeMille et les héros hollywoodiens mythiques avec Yul Brunner en Ramsés, Gina Lollobrigida en reine de Saba, Kirk Douglas en Spartacus, Charlton Heston en Ben Hur…

Sans oublier, bien sûr, les 45 secondes de Néron essayant des poisons sur des esclaves tourné en 1897 par Alexandre Promio, chef opérateur des frères Lumière, et qui est au péplum ce que L'Arroseur arrosé est au cinéma en général. Le début d'un cinéma de fiction.

Des activités culturelles en nombre
Evidemment le sujet est un régal pour que puissent s'organiser de multiples activités culturelles autour de cette exposition qui a reçu, avec 19 autres, le label d'intérêt national du Ministère de la Culture et bénéficie donc d'une subvention de l'Etat.

Après la Nuit du Peplum organisée le 17 juin en avant-première aux Nuits de Fourvière, une autre est prévue le 19 janvier dans le cadre d'un week-end Péplum les 19 et 20 janvier 2013 et des projections en intégralité le dimanche de certains des films présentés.

Des ateliers proposent aux enfants de découvrir l'univers des gladiateurs (le 25 novembre), de créer des accessoires et de participer à un réveillon à la romaine les 30 décembre et 27 janvier. Les idées foisonnent autour du sujet, mais il faut bien reconnaître qu'il s'y prête admirablement.

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