jeudi 11 février 2010

HÔTEL, GÎTE OU CHAMBRE D’HÔTES ?



De toutes les industries, tout le monde le sait, c'est le tourisme qui marche le mieux. D'autant que, malgré la crise - toutes les études sont formelles - le dernier luxe que les Français sont pas prêts à sacrifier, ce sont les vacances. Tout plutôt que ne pas boucler ses valises pour fuir le quotidien. Ce qui en dit long sur la vie ordinaire... Il y a même une notion d'urgence dans l'idée de prendre des congés. Dans l'idée que "c'est toujours ça de pris !" et que "si on laisse passer le temps, en matière de vacances, ce n'est jamais rattrapable".

Si on n'est pas parti en 2009 et même si on s'échappe 3 ou 4 fois en 2010, ce qui est perdu est perdu et personne n'est prêt à lâcher l'affaire. Ce qui signifierait donc que tous les acteurs du tourisme sont sur un créneau porteur. Mais ce n'est pas aussi simple. Dans les 10 années qui viennent, le marché du tourisme et des loisirs aura doublé et ça, c'est une bonne nouvelle. Mais la mauvaise, c'est que l'offre aura triplé. Et même si la classe moyenne chinoise émergente y met du sien, tous les hôtels, gîtes et chambres d'hôtes n'afficheront pas complet. C'est surtout vrai pour le grand luxe hors de prix qui a pris la crise de plein fouet notamment dans les villes et à Paris l'été dernier.

Mon petit doigt m'a dit qu'à l'exception de quelques maisons solidement installées depuis des lustres et dont la qualité des prestations n'est plus à prouver (je pense au Chabichou et il n'y a là aucun favoritisme), certains hôteliers de Courchevel et loueurs de chalets de luxe ont attendu le client. Enfin, les vacances d'hiver commencent tout juste. On verra bien...

Les consommateurs ne jurent plus que par les gîtes, les chambres d'hôtes et même l'hôtellerie de plein air (le camping) qui ont su prendre le train en marche et qui sont surtout bien moins chers que les hôtels. Mais ce n'est pas une généralité. De plus en plus, d'aimables personnes transforment la maison de famille en maisons d'hôtes et il n'est pas rare que la nuit soit proposée à plus de 100EUR. Ce que justifie peut-être la déco cosy ou archi tendance, la gentillesse de ceux qui reçoivent et les talents de cuisinière de la maîtresse de maison. La disponibilité aussi et le souci de faire découvrir les trésors de la région et de guider les clients. Mais ce n'est pas une recette infaillible. Bien des propriétaires ont dépensé beaucoup pour retaper et décorer et le pouvoir d'achat des clients n'a pas forcément augmenté.

Tout ça pour dire qu'il reste des perles dans l'hôtellerie traditionnelle. Je vous ai déjà donné mes adresses préférées, le Beauregard à la Clusaz, mais aussi Schaeffer à Serrières dans l'Ardèche et la formidable Auberge des Montagnes et ses annexes à Pailherols dans le Cantal. Mais il est aussi des hôtels et des restaurants qui s'endorment sur leurs lauriers et ne savent pas du tout évoluer.

Comme ce restaurant en station dont je tairai le nom, parce que depuis mon expérience, la serveuse revêche n'est peut-être plus en poste. Elle a accueilli comme des intrus un groupe d'une vingtaine de personnes (dont j'étais...) qui avait réservé. En demandant à la cantonade qui allait payer. Tout juste s'il n'a pas fallu produire une pièce d'identité pour manger une spécialité au fromage et aux pommes de terre noyée dans le gras et une part de tarte aux fruits qui n'était sans doute pas du jour.

Expérience différente à quelques jours de là à l'Ermitage des Frasses dans le Jura, autour d'une raclette aux 3 fromages, accompagnée d'une salade fraîche et craquante, d'une excellente charcuterie, de bons vins du cru, de pommes de terre tout juste cuites (c'est à dire pas réchauffées) et du sourire des propriétaires. Addition ? Environ 1/3 par personne par rapport à celle des précédents. Ça fait rêver... Ce sont eux, perdus sur leur plateau sauvage du Jura qui m'amènent à vous parler de ce département austère et chaleureux qui affiche avec le Doubs son voisin, les températures les plus basses de France.

Quand ils font des promos pour la Saint Valentin, ils ne font pas dans la guimauve. Ils proposent aux amoureux d'expérimenter la passion de l'effort en participant à la Transjurassienne, une épreuve de ski nordique bien "bavante" et bien sauvage. Après le 13 et 14 février, dates de l'épreuve, il sera toujours possible de visiter le parc polaire de la forêt du Risoux, un parc animalier qui abrite la plus grande meute de chiens polaires d'Europe et un troupeau de rennes. On est là dans le vrai décor naturel des "Granges Brûlées" avec Alain Delon et Simone Signoret ou encore de "La Veuve Couderc" avec les mêmes. La ferme de Philippe Canteux, ancien kiné à Avoriaz, reconverti dans l'élevage de vaches montbéliardes, de lamas et dans le ski-joëring tracté par un cheval, ressemble tout à fait à ça.

Le Jura regorge de ressources étonnantes. Les vaches ci-dessus nommées donnent du lait pour la fabrication du comté et du morbier. A acheter et à découvrir à la fruitière qui vend aussi des produits régionaux comme les glaces de la Ferme, produites artisanalement par Alexandre Perrin à Fontenu et les merveilleux vins jaunes du Jura. Ou encore après une stupéfiante visite au fort des Rousses où mûrissent les meules de comté Juraflore ainsi nommé parce que les fromagers jurassiens montaient à la capitale avec le cheval et la voiture et s'arrêtaient à Saint Germain devant le Café de Flore à une époque où Juliette (Gréco), n'avait même pas encore son premier nez.

On est tout près de la station des Rousses et si près de la Suisse que les portables s'affolent à chaque détour de sentier. On pousse alors jusqu'à Prémanon au centre Paul Emile Victor, natif de la région. C'est là que le directeur Stéphane Niveau, prépare les stagiaires qu'il emmène ensuite conduire des attelages de chiens de traîneaux au Groenland. A moins qu'ils ne préfèrent les raids dans les forêts jurassiennes glacées et ensorcelantes.

Au chapitre des douceurs, le Jura n'est pas en reste. Abstraction faite du plus jurassien des grandes toques, Jean-Paul Jeunet à Arbois qui tient toujours le haut du pavé, il y a aussi Thierry Moyne, le chef de la Balance qui ne manque pas d'idées et n'hésite pas à utiliser la truite des rivières du Jura pour en préparer les filets en tempura avec une sauce au vin jaune. Délicieux.

La petite cité d'Arbois où est né Pasteur cumule les talents et tous les grands vignerons du Jura y tiennent boutique. Aux côtés du MOF Edouard Hirsinger, talentueux chocolatier qui a installé un adorable musée dans son sous-sol.

Il ne faut pas manquer se suivre la Route des Savoir-Faire du Haut-Jura et découvrir la fabrique de couteaux de Morez du Champenois, adopté par le Jura, Christophe Blot. Et de faire un tour jusqu'à la brasserie Rouget de Lisle (encore un natif du coin...) à Bletterans près de Lons-le-Saunier qui est une de celles qui a remis la bière artisanale au goût du jour. Au pays de grands vins, c'est audacieux, mais pas du tout incompatible.

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