lundi 9 mai 2011

DANS LES MALLES DE L'HISTOIRE



Malles de théâtre, réserves de musées... Quoi de plus excitant que de fouiller les greniers! Et de porter ensuite les robes et costumes dénichés, surtout si on les a trouvés dans une maison de famille et qu'il n'appartiennent pas au patrimoine historique, auquel cas, il y aurait évidemment sacrilège.

Ainsi, les costumes proposés à la location pour le grand bal costumé et le déjeuner sur l'herbe du lendemain les 21 et 22 mai au château de Vaux-le-Vicomte (à 1h de Paris) sont naturellement des copies.

Mais c'est un vrai bonheur que de traverser la Cour d'Honneur en direction du Grand Salon - une pièce de réception unique dans l'histoire de l'architecture française - pour rejoindre le dîner servi sur la terrasse des Communs avec capes, perruques, robes à panier et éventails en écoutant les musiciens des "Fêtes Baroques " jouer du clavecin.

Il est désormais courant d'habiller les enfants en princes et princesses pour les aider à s'impliquer dans les visites de châteaux et l'on se passionne pour les étoffes et costumes, témoins des temps anciens au moins autant et sinon plus que les meubles et pièces d'architecture.

Au château de Langeais, les enfants sont invités à essayer des costumes reconstitués, pourpoints, dogalines, vertugades et basquines pendant la période de Noël, mais on y organise aussi des visites du château avec des comédiens. Anne de Bretagne raconte son mariage avec Charles VIII tous les jeudis de l'été. Et là aussi, l'habit fait le moine.

Il y a longtemps déjà que Dorothée Lécrivain assistante de conservation et Marie Schoefer, responsable de l'atelier de restauration du Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon, le plus grand musée au monde dans sa catégorie, voulaient présenter les robes et costumes de cour qui dormaient dans les réserves. Mais il leur a fallu convaincre. Car tissu n'est pas costume. Une fois passé au stade de l'habillement, il change de nature.

N'empêche, elles ont obtenu gain de cause et l'exposition "Si le XVIIIe Siècle m'était conté, costumes d'exception " qui dure jusqu'au 2 octobre au Musée des Tissus de Lyon est un véritable bijou. L'époque est passionnante, parce que, contrairement à ce que l'on pourrait penser de Versailles et de ses fastes, ceux-ci ont bien pâli à la fin du règne de Louis XIV. Madame de Maintenon a fait entrer l'austérité à la cour du roi Soleil et si Louis XV fut aussitôt baptisé le Bien-aimé, c'est aussi parce que son avènement est libérateur. Les pastels et teintes gaies prennent la place des tissus lourds et des couleurs austères, les dames portent robes volantes et paniers, dentelles blondes et broderies aquarellées, les marchandes de mode ouvrent la voie à l'apothéose de Rose Bertin qui sera celle de Marie-Antoinette.

L'exposition donne à voir des dessins de broderies et de tissage, toutes pièces d'atelier et la présentation des costumes, vestes d'hommes tissées, robes à paniers "aussi lourde qu'une armure " comme l'avait constaté un gentilhomme en soupesant une fastueuse robe de mariée, alterne avec des mises en scène qui reconstituent la vie de la noblesse et de la bourgeoisie d'époque. Le salon de musique, le métier à broder de Madame de Pompadour, le jardin et sa chaise à porteur, le salon de collation pour prendre le thé et le chocolat. Toutes ces mises en scène ont emprunté au mobilier du musée des Arts Décoratifs.

Parmi les pièces rares de l'exposition, il y a le costume d'homme dit "de l'ordre du Saint Esprit " le plus précieux en dehors de celui de Charles de Blois qui figure dans les collections permanentes du musée, une robe d'enfant Jésus particulièrement précieuse, de fabuleux bijoux qui figurent sur les pièces d'estomac. Evidemment certaines pièces ont une histoire largement postérieure à leur création, comme cette robe qu'une belle des années 60 avait demandé à une couturière de transformer pour aller au bal et que cette dernière a sauvée en évitant de tailler dans le tissu parce qu'elle avait deviné qu'elle avait un trésor entre les mains.

A deux pas de Lyon et à ne pas manquer sur la route de Grenoble ou Chambéry, "Plumes, motif, mode & spectacle " est une exposition proposée par le très dynamique musée de Bourgoin Jallieu jusqu'au 23 octobre. Au service des ennoblisseurs de la région et des oeuvres d'art qu'ils ont exécutées sur les tissus et qui constitue le fond de ses collections, le musée raconte les différentes utilisations de la plume dans le monde de la mode et du spectacle de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours.

On y découvre que les plumes ornaient - empanachaient - surtout chapeaux et costumes masculins en ce sens qu'elles étaient symbole de richesse et de pouvoir. Elles ont évolué ensuite sur les tenues des dames et l'on retrouve là encore l'influence de la cour de Marie-Antoinette.

Le musée de Bourgoin Jallieu s'est fait prêter des robes, costumes et autres pièces emplumées par Givenchy, Lanvin, Hermès, une robe de mariée noire de Voriag et autres modèles de créateurs. On y voit des costumes de danseuses du Moulin Rouge et on découvre l'armature pour soutenir les "trucs en plume " joliment appelée "gabrielle "; un tutu de cygne noir, des ouvrages d'art de la plumassière Nelly Saulnier et des maisons Février et Lesage. Autant de prétextes de faire un détour sur l'autoroute des Alpes pour y découvrir le formidable travail d'un musée qui revendique d'avoir présenté des robes de Madame Grès en 2005, bien avant l'exposition qui se tient au musée de la Mode à Paris jusqu'au 24 juillet.

1 commentaire:

Noclegi Solina a dit…

interesting blog, we invite you to Polish ;)