Mon propos n'est en aucune façon de vous emmener visiter les villas Belle Epoque qui jouissent de la plus belle vue sur le lac, ses montagnes et, au delà, sur la plaine du Po et Milan la fashionita. Ce sera l'objet d'un autre sujet.
Le lac Majeur a évidemment un arrière pays. Il s'agit des Alpes, escarpées à souhait. Bien plus sauvages que l'on ne pourrait s'y attendre, presque loin de la civilisation montagnarde telle qu'on la conçoit aujourd'hui avec remontées mécaniques et jolis chalets de bois.
Bien à l'abri de la chaîne versant français qui regarde vers l'Ouest, cette partie là est celle des Alpes grondeuses d'eau et de ressauts, rebelles, chahuteuses et chahutées. Un régal pour les amateurs de vraie nature qui ne se laisse pas faire.
Terrain de jeu pour les trekkeurs, ils attirent à la belle saison (l'hiver y a été rude, ce qui est bon signe...), les amateurs de balades interminables, voire de véritables "bavantes" avec, en perspective, le versant italien du Mont Rose, les séjours dans les "agritourista", la dégustation de produits locaux et des guides qui sont là pour vous faire cracher les molaires!
C'est mon bémol à moi. Ne vous laissez pas faire et annoncez tout de suite la couleur. L'envie de respirer l'air frais et de profiter de paysages grandioses, n'implique pas forcément de crapahuter par tous les temps et à un rythme soutenu (pour ne pas dire mieux). Car tous ceux qui veulent éveiller au tourisme ces contrées à peine explorées doivent se dire que, s'ils ne réservent les atouts de leur montagne qu'aux grands sportifs qui ont déjà "fait" l'Himalaya, ça ne va pas faire beaucoup de monde! Annoncez la couleur et allez-y en douceur soutenue, mais allez-y. Il y a quantité de trésors à découvrir...
En cette fin du mois de mars, les balades en ski de randonnée ou en raquettes dans l'Alpe Devero ont encore bien des chances d'être envisageables. Peut-être même, (mais, c'est loin d'être sûr en cette saison), l'éventualité de marcher sur la surface gelée du lac de Devero. Ce qui a certainement été possible pendant les froids sibériens de février sans aucune difficulté.
Le dépaysement est total depuis les rives très (trop?) civilisées du Lac Majeur quand on rejoint Devero à la nuit tombée. Avant d'y parvenir, une balade à travers les Gorges d'Uriezzo, ses marmites de Géants et la cascade du Toce qui dégringole de 143m et a gagné ainsi la dénomination de "plus beau saut des Alpes " est incontournable et même recommandée. Avec une rencontre étonnante, celle de la «Tombe d’Uriezzo ». Ces rochers, les plus profonds des Alpes, sont appelés «Elément zéro ». Parce que, précise le géologue, tout autant fasciné que les touristes, il s'agit là du socle le plus proche, à notre échelle, du centre de la terre.
Ne reste plus qu'a rejoindre l'église de San Gaudenzio à Baceno, un monument du 12ème siècle qui entraîne à la rencontre des artistes italiens et du charme saisissant de leurs œuvres. Mais si la route jusqu'à Devero se fait en voiture, impossible d'atteindre la Casa Fontana, une sorte d'hôtel, chambres d'hôtes tenu par des Genevois, littéralement aspirés par cette belle nature exigeante et qui viennent chercher leurs hôtes en 4x4 pour grimper jusqu'à leur maison. Arrivés là, on leur prête des chaussons, car il est interdit de ruiner les parquets avec les chaussures de randonnée. C'est un lieu qui donne le ton du séjour. On y déguste tout ce qui va faire le charme de l'expédition. Les merveilleuses charcuteries italiennes, risotto (aux myrtilles), polenta... accompagnés de vins rouges et blancs tout à fait délicieux et dont on n'imagine même pas l'existence car ils sont, pour la plupart inconnus de nos cavistes hexagonaux.
Pour déguster le fameux fromage Betellmatt du Devero, autant se rendre au cœur du sujet. A la rencontre, après avoir parcouru les alpages du Parc Naturel Veglia Devero de la production dans les caves de l'agritourisme Alpe Crampiolo. Les "agritourista", fermes auberges à l'italienne ponctuent le voyage de tous ceux qui choisissent de visiter la région en mode doux, c'est à dire à pied, bien équipés de chaussures de randonnée aussi légères et costauds que possible. Pour explorer les tourbières du "Grande Est " de Devero et s'approcher au plus près de l'histoire des Alpes. Loin, très loin d'une civilisation française, ou italienne aussi, qui a construit des stations de sports d'hiver à peu près partout. Les sensations sont très différentes et méritent vraiment le détour.
Comme les hommes sont installés dans ces montagnes depuis que le monde est monde, la spiritualité y est évidemment prédominante. Nombreux calvaires, petites églises aux peintures majestueuses et les "Monts Sacrés " du Piémont inscrits depuis 2003 au Patrimoine de l'Unesco. Comme le Sacro Monte Calvario proche de Domodossola et son jardin aux essences alpestres et méditerranéennes.
Le petit train de la Vigezzina au départ de la ville, qui est le cœur des Alpes du Lac Majeur, - sachant tout de même qu'il s'agit d'un immense territoire hexagonal entre Turin, Gènes, Milan et Zürich, Berne et Genève - conduit vers Santa Maria Maggiore. Il s'agit d'une petite cité de passage pour les voyageurs où le commerce était prospère et l'étape à l'hôtel Miramonti, délicieuse maison familiale où l'on parle français avec aisance est un vrai moment de détente et de bonheur qui donne l'occasion de déguster à l'apéritif de toutes simples crêpes à la farine et au sel que les dames de la maison, en costume local servent aux clients.
La visite du Musée du Ramoneur s'impose. Il raconte l'histoire de ces petits montagnards qui quittaient leur famille en hiver quand ils n'étaient plus que bouches à nourrir et qui se glissaient dans les cheminées grâce à leur petite taille. Les plus charitables des patrons, pris de scrupules à l'idée de martyriser ainsi des enfants, avaient imaginé d'utiliser des oies qui nettoyaient les conduits en battant des ailes!
Pour découvrir la vie d'autrefois dans ces montagnes où les villages aux toits couverts de pierres plates sont encore nombreux, les musées ruraux installés dans d'anciens moulins émaillent la région et le dépaysement est total quand on retrouve les rives du lac, le spectacle des îles Borromées, le charme des petites rues de Verbiana, de Cannobio et de Cannero dont il ne faut bien sûr pas manquer les marchés. Pas pour y faire emplette de contrefaçons (nombreuses, on vous interpelle avec des "Dolce Gabbana ", "Versace ", "Fendi " et autres "Prada " à des prix déjà élevés pour du faux!), mais pour y repérer de la maroquinerie locale très jolie et aussi les produits de la gastronomie fort savoureux.
A ne pas manquer:
- Les derniers feux de l'exposition Le Caravage à Domodossola jusqu'au 18 mars. Et les expositions du "Sentiero dell'Arte" du 6 au 9 avril sur le thème de "L'Esprit du Vent " avec plus de 60 artistes dans 16 endroits différents entre Tragero et Chaglio sur le lac Majeur.
- Entre le 31 mars et le 2 juin, l'association Piccoli Alberghi Tipici e Ospitalità di Montagna, organise des rendez-vous gastronomiques les "Serate di Gola" dans 8 établissements des bords du lac et de la montagne pour permettre aux gourmands de découvrir les produits régionaux et la façon de les accommoder des auberges locales.
1 commentaire:
super article
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