Autant se faire à l'idée que rien ne peut plus jamais être comme avant. La saison d'été en Tunisie a accueilli pas mal de touristes, mais pas autant de Français qu'espéré. De l'autre côté de la Méditerranée, ça continue à tanguer. Mais il y a beaucoup à découvrir si on ne veut pas se contenter de se retrouver enfermé dans les "Resort" de Djerba bien trop à l'abri des réalités.
Il s'agit de rencontrer une population qui se surveille du coin de l'œil et qui s'affronte. Jeunesse moderne, rompue à l'exercice du tweet, friande d'art contemporain et de manifestations culturelles qui n'a pas peur de bousculer les traditions. Avec en face les salafistes qui veulent énergiquement rhabiller les touristes et les autres sous prétexte que l'on est là "en terre d'islam". Ce qui a de quoi épouvanter les voyageuses en robe légère qui savent parfaitement enfiler un pull pour entrer dans une mosquée, mais certainement pas pour se balader sur une jetée au soleil couchant dans la douceur du soir.
Les jeunes Tunisiennes éprises de liberté le ressentent tout autant et s'inquiètent. Elles ont raison de craindre de devenir un "complément" des hommes comme il en serait question dans la future constitution . Mais c'est oublier que même en France, il y a des illuminés qui s'en prennent aux restaurants ouverts au déjeuner pendant le Ramadan et qui obligent des filles en banlieue à porter des joggings informes à défaut de voile. Il ne s'agirait que d'épiphénomènes? Certes, certes. Mais ne soyons pas trop naïfs quand même!
Les leçons de Carthage
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Du temps de la fondation de Carthage par la grande Didon en 814 avant Jésus-Christ, elle fut le grenier à blé de Rome, la deuxième ville d'Occident et la plus grande puissance maritime surveillant un empire qui s'étendait sur tout le bassin occidental de la Méditerranée. Du temps d'Hannibal (IIème siècle avant J.C.) - qui fait l'admiration des guides érudits du site - , il reste, sur les flancs de la colline de Byrsa, les vestiges de tout un quartier d'habitation. Les statues et autres objets trouvés dans les nécropoles constituent l'exceptionnelle richesse des musées et notamment du musée national de Carthage.
Loin des grandes unités hôtelières de plusieurs centaines de chambre, on découvre la Villa Didon dont les larges baies ouvrent grand sur la mer. Dans ce 5 étoiles qui fait partie de ce que l'on appelle les "boutiques hôtels" , on profite d'une décoration moderne et raffinée sans aucune concession à quelque folklore que ce soit. On imagine alors le tourisme tunisien en devenir.
Un aqueduc de 132 kilomètres de long
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C'est le plus grand capitole d'Afrique. Là aussi d'énormes citernes, les vestiges de demeures patriciennes, des thermes et un amphithéâtre d'une capacité de 10000 personnes dans lequel on nous a raconté que l'on avait un beau jour amené le lion du zoo de Tunis pour faire de la figuration (avec comme ressource de le dupliquer numériquement sous différents angles pour répondre aux exigences de la mise en scène). Repu et dérangé à l'heure de la sieste, l'animal avait du mal à ouvrir l'œil.
Les écoliers viennent en bus avec leurs professeurs pour apprendre l'histoire et c'est une occasion de croiser les gens d'ici. Ceux-là même que le couple Zeribi emploie dans sa maison d'hôtes de Dar Zaghouan où se retrouvent les Tunisois aisés (ou même moins) après une heure de route pour le déjeuner du dimanche. Les propriétaires de cette maison d'hôtes soigneusement écolo ont procédé comme bien des gens chez nous qui décident un beau jour de plaquer des emplois de bureau (même à haut niveau) pour se rapprocher d'une vie qu'ils veulent plus accomplie.
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Quelques chambres et suites autour de la piscine et on passe là un séjour dans un lieu qui vaut tous les hôtels de luxe des chaînes internationales. On est aussi au plus près de l'évolution du pays, de ses habitants et de leurs perspectives de développement qui sont grandes.
On apprend à les connaître en bavardant avec eux. On s'étonne et ils s'étonnent en se racontant. Ainsi Lazare, notre chauffeur habitué aux oueds qui vit pas si loin du désert, en apprenant qu'à Lyon se rejoignent le Rhône et la Saône, nous demande : "Et ils coulent toute l'année?"
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