samedi 9 février 2008

SUR LA ROUTE DE LA SOIE

Exposition «Les enrubannées» © Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne
Evoluer dans les dédales de la soierie lyonnaise n'a rien de passéiste. Dans la capitale des Gaules, la soie est bien vivante, ce qui est la moindre des choses pour un fil que l'on sort délicatement du cocon d'un insecte, le bombyx du mûrier.

Je n'apprendrai rien à personne en présentant Lyon comme la capitale de la soie. Elle en a gardé la réputation et c'est, avec la gastronomie, une de ses marques de fabrique. Tout le monde connaît la Révolte des Canuts pendant la première moitié du 19ème siècle, il y a maintenant 160 ans. Ces ouvriers soyeux qui mangeaient, travaillaient et dormaient dans la même pièce dans des immeubles dont on peut voir encore un spécimen soigneusement préservé dans la Cour des Voraces à la Croix Rousse.

Toute la famille s'usait le dos, les yeux et les bras sur les métiers à tisser. C'est Louis XI qui avait délivré ce privilège à Lyon pour contrer les fabrications de soies italiennes et cette industrie à la fois besogneuse et flamboyante est restée longtemps l'apanage de la ville. Jusqu'à une période récente où l'apparition des tissus synthétiques et les délocalisations en Chine, l'autre pays de la soie, ont failli avoir raison de cette spécificité lyonnaise.

La soie est restée vivante et une poignée "d'activistes" en prend soin.
Ce sont eux qui sont à l'origine du guide "Désir de soie" que l'on peut aussi se procurer à l'Office du Tourisme du Grand Lyon. On y apprend que c'est Hsi-Ling-Shi, une impératrice chinoise qui, la première et par hasard, a dévidé un cocon tombé dans sa tasse de thé. Ensuite, et bien longtemps après, Lyon était un point de rencontre tout trouvé pour traiter les cocons élevés en Ardèche et dans tout le Midi de la région.

Dans ce guide fort bien fait, on apprend que Lyon reprend aujourd'hui, du poil de la bête sur le marché de la soie. Notamment au niveau de l'industrie du luxe et de la haute couture. Les ateliers ne trouvent nulle part ailleurs une qualité aussi élevée et les usines chinoises ont perdu de l'audience par rapport aux tissus élaborés entre Saône et Rhône avec davantage de soin, de précision, de créativité.

Et même s'il existe bien moins d'ateliers de soieries qu'autrefois, les carnets de commande de ceux qui ont survécu et s'en sont donné les moyens, sont pleins. Il faut préciser aussi que les autres débouchés de ce fil naturel se trouvent dans la confection de tissus scientifiques de haute technologie, notamment pour la chirurgie.

Les amateurs de tissus flous et précieux se régaleront en suivant le guide. En découvrant le Mur des Canuts, une fresque de 1200m2 peinte en trompe-l'oeil dans le quartier de la Croix Rousse; des démonstrations de tissage dans l'atelier Soierie Vivante; le conservatoire vivant des arts de la soie et sa collection exceptionnelle de métiers à tisser dans la Maison des Canuts et les Musées de Lyon dans lesquels la soie est très présente.

Au Musée des Beaux Arts qui fut un lieu d'apprentissage et source d'inspiration pour les artistes; Musée Gadagne dans le Vieux Lyon, qui consacre deux salles à l'histoire de la soie à Lyon et le phénoménal Musée des Tissus, le seul au monde à proposer 4500 ans d'histoire universelle du textile.

En matière de shopping, l'offre est conséquente avec des magasins d'usine comme celui de la maison Bouton-Renaud, rue Royale, le marché permanent de la soierie lyonnaise dans la boutique Bianchini-Ferier où l'on peut acheter brocards, mousselines, velours façonnés, soieries or et argent. La liste n'est pas close... Toutes ces productions vendent leurs "chutes" (et quelles chutes !) chaque année au Marché des Soies qui se tient fin novembre au Palais du Commerce et on retiendra, entre autres, le Marché de la Mode Vintage qui a lieu au printemps chaque année.

Nul ne s'étonnera donc que les robes de mariée des créateurs lyonnais comme Max Chaoul et Nicolas Fafiotte (mais il y en a d'autres...) soient reconnues parmi les plus belles du monde. Il faut dire que l'on élève, en incubateur, de jeunes créateurs passionnés de mode au Village des Créateurs et qu'elle est enseignée depuis quelques années à L'Université de la Mode de Lyon.

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