mercredi 13 février 2008

VOICI VENIR L'ORAGE... *


C'était au début des années 90 et nous étions montés en jeep depuis les Fermes de Marie jusqu'à l'alpage du Pré Rosset, le chalet d'altitude que Jocelyne et Jean Louis Sibuet avaient installé pour y recevoir les clients au déjeuner après une balade à pied en balcon sur le Mont Blanc et le long des pâturages avec les vaches et les clarines.

Il n'y avait encore ni eau, ni électricité et il fallait apporter son "manger". De la charcuterie, des diots et de la polenta, des tartes aux myrtilles et un gamay de Savoie. Il ne fallait pas oublier le tire-bouchon ! (je dis ça parce qu'on l'a justement oublié et ouvert les bouteilles au moyen de 2 clous artistiquement plantés dans le liège...)

Nous étions montés au soleil couchant quand les montagnes s'embrasent et, si les matelas n'étaient pas faits avec du foin, on n'en était pas loin. Dans la nuit, le vent s'est levé et les moutons se sont rassemblés en bêlant à qui mieux mieux et puis l'orage a commencé à gronder. Dans le granit et la pierraille, les coups de tonnerre résonnaient et on n'en menait pas large. Le lendemain, le ciel était lavé et l'eau de la fontaine et du torrent était limpide.

Tout cela pour vous dire la grâce particulière qui a procédé à la naissance des Fermes de Marie, le fameux hameau de vieilles fermes écroulées dans la montagne et reconstruites à Riante Colline à l'entrée de Megève qui a déjà fait couler beaucoup d'encre dans les magazines de déco au bord de l'extase.

Aujourd'hui, la Compagnie des Hôtels de Montagne regroupe trois d'entre eux à Megève (et des chalets hôteliers privés...), dans le Luberon, à Saint Tropez, en attendant l'ouverture d'un vaste complexe à Flaine et des projets comme s'il en neigeait.

Ce sont aussi, les premiers Spas des Alpes quand personne ne savait ce que le concept recouvrait vraiment; Pure Altitude, des produits de beauté, passion initiale de Jocelyne Sibuet et, un des plus beaux hôtels en ville, la Cour des Loges dans le Vieux Lyon.

Toutes les chambres sont différentes, mais toutes s'inspirent de l'architecture italienne. On dîne dans le hall de l'hôtel tout l'hiver et au Comptoir juste à côté, sur la terrasse en été.

C'est le fameux Nicolas Le Bec qui lui a donné sa notoriété gastronomique et, à son départ, le jeune Anthony Bonnet n'a pas failli un seul instant.

Un dîner pris récemment en ces murs chargés d'histoire, avec un coeur de cabillaud, coquillages et feuilles d'épinard aux vapeurs de fenouil (avec un Auxey Duresses); un lièvre de Beauce confit, foie gras poêlé et artichauts à l'huile de noix fraîche (avec un Bandol 98 du Domaine la Suffrene); un pigeonneau farci rôti, accompagné de gnocchis aux cèpes et d'un Médoc Château Potensac avant un savoureux dessert autour du miel; nous a prouvé qu'en cet endroit, le bon savait pactiser avec le beau.

Il y a encore bien d'autres choses à dire sur ces lieux de charme en montagne et ailleurs, ce sera l'occasion d'en reparler...

* en allusion "finaude" au téléfilm de Nina Companeez récemment diffusé...

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