1 - L'hôtel Beauregard et les Aravis
Assez élevé pour être de la vraie montagne, assez accessible depuis Annecy en un tour de roues, le massif des Aravis est un des plus plaisants des Alpes.
A l'heure où j'écris ces lignes, on nous annonce, sinon une canicule (Dieu nous en garde !), mais un gros coup de chaleur pour la première semaine de juillet. J'y cours.
On trouve de tout à La Clusaz, et c'est bien d'avoir le choix. Maisons d'hôtes et gîtes comme partout ailleurs, hôtels toutes catégories et lieux de charme. Pour bientôt, ce sera un 5 étoiles nouvelles normes "Le Coeur du Village" qui est en train de se construire justement au centre de la station. Il fait partie de la Compagnie des Grands Hôtels de la Clusaz, qui compte déjà dans ses rangs, l'Alpen Roc, en face du mini-golf, proche du centre juste ce qu'il faut et le Beauregard dont la situation au pied des pistes et au départ des sentiers de randonnée, est l'une des plus magiques de la station.
Juste derrière la terrasse, après le petit déjeuner, on emprunte le sentier qui mène au massif de la Balme ou, vers la gauche au lac des Confins. On peut même y faire une pause déjeuner face au plan d'eau si l'on choisit de ne pas redescendre à l'hôtel s'installer à la table de Bruno Brugières, ancien des brasseries Bocuse et qui propose une cuisine, comme on dit désormais "bistronomique". Pas exactement gastronomique (fatigant en vacances), mais de bonne facture et réalisée avec de bons produits.
Si j'apprécie le Beauregard et ce, depuis des années, c'est que ce 3 étoiles et demi (!) a toutes les qualités d'un bel hôtel avec des chambres vastes, une piscine de 1m et surtout, surtout, un accueil exceptionnel et attentionné emmené par Régis Duffès, le directeur, incroyablement attentif aux désirs de sa clientèle. Ainsi, est-il capable de décider d'une minute à l'autre que le service de la salle à manger va commencer à 18h45, parce qu'il s'est aperçu que les clients rôdaient autour de la porte fermée à partir de cette heure là. Les anglo-saxons, qui raffolent de la station, apprécient.
Ça me conduit à évoquer la notion de fidélité du personnel en hôtellerie. Evidemment, il est passé le temps, où, comme au Royal Palace à Evian, avant les années 80, on ne prenait même pas la peine de réserver d'une année sur l'autre, sûr d'être attendu. N'exagérons rien ! Mais il est important, pour un client fidèle, de retrouver des visages connus quand on revient en saison d'été comme d'hiver.
C'est difficile bien sûr avec le personnel saisonnier, encore que le Beauregard étant ouvert toute l'année, l'encadrement du moins est fidèle au poste et reconnaît les clients. Un plus, plus, plus. Vraiment.
Ce qui est appréciable aussi, dans cet hôtel confortable en prise directe avec la nature, c'est que l'ambiance n'y est pas bling-bling, comme c'est le cas trop souvent dans certaines résidences de luxe, qui commencent à pulluler en montagne et un peu partout d'ailleurs. Du coup, ce genre de lieu paisible et élégant attire une clientèle agréable. Des médecins, avocats, hommes d'affaires qui n'ont pas besoin de se retrouver dans un palace pesant, même s'ils en ont les moyens, et même des stars de la gastronomie. Début juin, Michel Rostang de Paris, Lameloise de Chagny et Lacombe de Léon de Lyon, étaient en séjour et en profitaient pour échanger des tuyaux avec le chef, par ailleurs ravi.
C'est dire si le lieu a quelque chose de réellement personnel et par là souverain contre le stress accumulé pendant l'année. Au fait, je me demande bien pourquoi, je vous donne à ce point mes adresses. Celles-là, en principe, il faut les garder pour soi!
vendredi 26 juin 2009
TOUS A LA MONTAGNE (1)
Publié par Martine Montémont à 10:25 0 commentaires
Libellés : Hébergement, Séjour, Vacances, Week-end
mardi 16 juin 2009
SUR LA ROUTE DU MIDI
Je ne vais pas vous recommander de vous échapper des bouchons de l'A7 en été pour vous envoyer dans des restaurants, certes élégants et dont la cuisine est exquise et inventive, mais dans lesquels les menus et la carte sont littéralement hors de prix.
Pourtant quel bonheur de faire une pause déjeuner dans le jardin de Madame Point à Vienne et de déguster la cuisine de La Pyramide, savamment élaborée par Patrick Henriroux.
La raviole de petits pois sans rivale et les cuisses de grenouilles qui viennent du pays des Mille Etangs en Haute Saône, là où le chef a ses origines, est une merveille. De même que le porcelet 100% bio,
juteux et savoureux avec sa polenta aux truffes blanches et le service espiègle et impeccable de Christian valent le détour. Sinon que c'est la crise et qu'elle fouette le sang de plus d'un. Même dans les Relais Châteaux dans lesquels le chef de la Pyramide exerce de hautes responsabilités, alors qu'il en a longtemps été écarté pour d'assez obscures raisons.
Pour calmer le jeu, il aurait pu ouvrir un bistrot ou une brasserie un peu plus loin dans Vienne. On procédait ainsi il y a quelques années et ça réussit fort bien à Bocuse. Mais il semble que les clients, du moins en dehors des villes, attendent autre chose. Alors, le chef Henriroux a réaménagé l'espace un peu inutile de son grand bar, et installé un restaurant à tarifs amicaux baptisé le Ph3. On y trouve des plats astucieux dont les tarifs tournent autour de 15EUR et les desserts autour de 7EUR et ça change tout le temps. 3 entrées, 3 plats, 3 desserts avec, par exemple, une plancha de crevettes au sel de curry (je les ai vues les crevettes, elles étaient énormes et toutes fraîches !) ; un chili de tête de veau avec haricots au piment doux, un cheese cake à l'agrume et cannelle. Et on peut s'installer dehors, de l'autre côté du jardin.
Le résultat, c'est qu'on n'hésite pas à y faire une petite halte vraiment réparatrice sur la route des vacances, que ceux que l'on appelle les "jeunes actifs" s'y attablent le samedi soir et y invitent leurs parents, que les clients de l'hôtel prolongent leur séjour, le temps d'aller visiter un musée, voir une expo, un festival, shopper une journée à Lyon et ne se sentent ainsi pas obligés d'accumuler les repas gastronomiques.
Mon autre adresse sur la route du soleil est à une poignée de kilomètres de la sortie Chanas. L'hôtel-restaurant Schaeffer était connu des locaux depuis des lustres. Mais, entre les mains de Bernard Mathé, ancien de Léon de Lyon, il s'est installé dans la cour des grands. Le contenu de l'assiette n'a rien à envier aux plus prestigieux et aux plus talentueux mais, comme le décor est plus modeste quoique confortable, Joël et Bernard peuvent proposer un menu en semaine à partir de 23EUR et d'un rapport qualité-prix impressionnant. Ce n'est jamais qu'un exemple, mais on pouvait, à la mi-juin, déguster 4 amuse-bouche en tapas, un râble de lapereau en cocotte à la sauge, une assiette de fromages et une pâtisserie, sachant que le chef est un champion des desserts.
Cet amoureux des côtes du Rhône du Nord, chasse les propriétaires à longueur d'année, a planté ses propres vignes et le chasseur qu'il est par ailleurs, propose, en saison des plats de gibier remarquablement préparés et un menu truffes à se lécher les doigts. Savoir aussi que Schaeffer fait partie des Logis et qu'il propose des chambres assez petites mais très confortables et climatisées.
Un peu plus loin, sortie Tain l'Hermitage, c'est chez Chabran qu'il faut aller. Sur le 45ème parallèle, pile entre le Pôle Nord et l'Equateur. Il fut un temps où le restaurant, qui avait été le bistrot de ses grands-parents, était un peu pénalisé par la circulation de la nationale juste devant. Il a réussi désormais à faire l'acquisition du terrain sur l'arrière et, si la maison borde toujours la route (plus facile à trouver...), les clients et le service se sont transportés vers l'arrière dans un amour de jardin. Pour y déguster certes, la cuisine savante et réalisée à base de produits exceptionnels dont son exigence l'a toujours fait le défenseur.
Chez Chabran, c'est le règne des petits pois, des fraises et des asperges ; des aubergines, échalotes, tomates, courgettes et poivrons cultivés dans les jardins alentour, des abricots "cul d'ange" comme on les appelle là-bas et des pêches, des melons, des pigeons et des pintades de la Drôme. Mais ce chef brillant a eu aussi l'idée de proposer un menu à 35EUR avec, par exemple, une terrine de pintade aux olives et foie gras servie avec un chou croquant, un dos de cabillaud cuit à basse température et crème légère aux poissons de roche. Il prépare le saumon de la même manière et je l'ai vu servir une trentaine de personnes simultanément avec des portions toutes à l'exacte cuisson.
Les élus du coin se félicitent d'avoir dans leur circonscription un chef aussi avisé et talentueux et l'un d'eux nous a même confié qu'avec Pic, les Cèdres et quelques autres récemment étoilés, il avait la région la plus étoilée de France. Un autre a regretté que Chabran ne soit gratifié que d'une étoile Michelin. On peut dire, en effet et sans risque de se tromper, qu'il en mériterait 2. Ce n'est pas difficile et les différences de notation entre très grandes tables relèvent quelque fois de critères un peu flous. Il propose donc que toutes les groupies de Chabran écrivent au Guide Rouge.
Pourquoi pas ? Mais est-ce un service à lui rendre ? Pas sûr... Un inspecteur ne mettrait peut-être pas 2 étoiles au fameux menu à 35EUR. Peut-être pas assez fastueux, trop simple, des produits peut-être un peu moins nobles, même si remarquablement choisis. Alors, faut-il que Chabran prive ses clients de ce fameux et amical menu ? Sûrement pas et la période en matière d'économie exige bien davantage que l'on s'adapte plutôt que l'on n'adopte les contraintes des guides. Les étoiles sont une belle récompense. C'est gratifiant et ça fait du bien. Mais ça ne se mange pas en salade !
Publié par Martine Montémont à 09:47 0 commentaires
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mercredi 3 juin 2009
CARNETS DE VOYAGE EN CROATIE (2)
2 – Korčula, l'île des convoitises.
Stanka, directrice de l'Office de Tourisme de Korčula ne laisse à personne le soin de raconter son île. Ce drôle de personnage qui élève la voix et manifeste une certaine autorité pour ne pas dire plus, est un puits de culture, une amoureuse de son île et de l'Europe. A côté du sien, le français de Vesna et Antonia, les autres guides, a l'air approximatif. Presque pas d'accent, une connaissance pointue de la culture européenne, elle ne cache pas sa déception devant le fait que la Croatie n'est pas encore européenne, alors que, dit-elle, elle en est le berceau. Pas faux...
Les Croates nous amusent à citer des noms d'artistes qui nous sont parfaitement inconnus en prétendant qu'ils valent bien (au minimum) des géants comme Rodin, Mozart, Molière... Tous les plus grands de nos peintres, sculpteurs, écrivains. En fait, on a tort de se moquer. C'est le rideau de fer et la prononciation slave de leurs noms qui nous les a rendus hermétiques, ils sont les auteurs de très nombreux chefs d'œuvre que l'on découvre là-bas, émerveillé, les uns après les autres.
Svanka, qui a très peu quitté son île est aussi une amoureuse de la France et parmi ses illustres personnages, elle admire Napoléon ! Lequel a "possédé" Korčula en 1806 et il n'est pas le seul. Cette île qui est une des plus belles de l'Adriatique a appartenu aux Grecs au IVème siècle avant J.C, puis aux Romains, aux Slaves dès le VIIème siècle et au royaume Croate jusqu'au 10ème siècle. Ensuite, c'est Venise, qui ne rencontrait rien sur sa route avant d'atteindre la côte Dalmate, qui s'y est installée en l'an 1000, l'a perdue et est revenue du XVème siècle à la fin du XVIIIème. Il y a eu ensuite les Autrichiens, les Français, les Anglais, à nouveau les Autrichiens, les Italiens et enfin la Yougoslavie. Les habitants de l'île savent ce que se faire envahir veut dire.
Korčula n'a jamais été turque, pourtant, les Ottomans ont essayé, profitant du 15 août où la mer est clémente de s'approcher des côtes en douce, il y a 5 siècles. Mais un orage s'est levé, la tempête a balayé les bateaux. Depuis Korčula, le très pieuse, remercie chaque année Marie, mère de Dieu.
Stanka nous conduit à la porte de la terre qui porte les armes de la Sérénissime, par un escalier monumental que l'on appelle le pont-levis. Il est construit à la place de celui qui se relevait pour protéger la ville. La ville fortifiée est toute petite et les rues étroites sont construites en "arête de poisson". Au nombre de 24 (contre 14 à Dubrovnik), tout droit vers la mer d'un côté et en courbe de l'autre côté. Pour mieux se protéger des vents.
Dans ce bijou d'île où toutes les influences subsistent, il ne faut à aucun prix manquer le trésor de la cathédrale Saint Marc (Sveti Marc). Il est conservé au Palais Episcopal et on approche les oeuvres de très, très près. Des peintures de la Renaissance italienne qui n'ont même pas été restaurées. On pourrait, sauf leur respect toucher du doigt les oeuvres du Titien ou du Tintoret. Dans la dernière salle, ce sont de fabuleux ornements sacerdotaux qui sortent plusieurs fois l'an pour des processions. Le jour où nous y étions, Saint Marc, gardée et entretenue par de silencieuses religieuses, avait revêtu ses habits de fête pour une célébration. Tentures rouges autour de l'autel qui vaut lui aussi pour le tableau du Tintoret qui orne le choeur.
Un peu plus loin, il y a la maison de Marco Polo, le plus célèbre des explorateurs. Personne n'est tout à fait sûr qu'il soit bien né là et Svanka elle-même ne cherche pas à s'en vanter. Tout juste sait-elle que les Polo, sont d'ici et qu'il y a encore sur l'île des familles qui porte le nom. Si ce n'est lui, c'est donc son frère. Au minimum...
Même si l'île est petite et bien préservée, on sera très bien installé à l'hôtel Marko Polo, un 4 étoiles fort amical et bien équipé d'un Spa et d'une piscine. C'est là que Marsans, spécialiste de la Croatie installe ses clients. On accède à Korčula par des liaisons maritimes régulières. En 30 minutes depuis Dubrovnik et 1h40 depuis Split. Les touristes y sont de plus en plus nombreux. Dieu nous garde Korcula. Enfin, pour l'instant Stanka veille !
Publié par Martine Montémont à 16:30 0 commentaires
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