lundi 30 novembre 2009

GLACES POLAIRES



A l'instant même où j'écris ces lignes, il est près de 11h du matin et l'on peut dire que le jour ne s'est pas encore levé ! C'est la grande période de déprime pour la plupart de mes amis. Ceux qui avouent "manquer de cocotiers" et ont du mal à comprendre que moi, les lagons bleus, les palmiers et les hôtels de luxe qui, très souvent côtoient aussi la misère du monde, ça ne m'emballe pas vraiment. Ce qui ne veut pas dire que j'ai quelque chose contre le soleil et la chaleur. Mais que voulez-vous, j'aime les saisons et ce qui me fait le plus peur, c'est de ne plus en avoir. Je détesterais vivre sous les Tropiques !

En cela, je suis d'accord avec les cuisiniers. Les fraises en hiver, les tomates au début du printemps, qu'il faut aller chercher à l'autre bout du monde à grand renfort de kérosène (je sais, désormais, je suis dans l'air du temps, mais ça n'a pas toujours été le cas...) et en plus, c'est pas bon. Donc... Je réserverai les pays chauds, ceux où il existe de vraies cultures à rencontrer, qui ont des monuments, des vestiges, des paysages grandioses, des déserts enchanteurs pour le printemps ou pour l'été.

En attendant, j'entre avec délectation dans l'hiver et ce qui me terrorise le plus, c'est d'en manquer un jour. Ce n'est pas par conscience écologique que je vois fondre les glaces du pôle et reculer les glaciers avec effroi, mais c'est parce que le spectacles des grandes glaces et des neiges éternelles me réjouit. Et quand j'apprends que le Mont Blanc, à la suite de fortes chutes de neige, dépasse les 4807m que j'apprenais à l'école primaire, ça me plonge dans le ravissement.

Direction le Grand Nord donc en ce début décembre. C'est dans la neige qu'un sapin de Noël est le plus beau et le Père Noël circule bien sur un traîneau oui ou non ? Il habite en Laponie, tout le monde sait ça ! Là-bas, les villes et villages s'appellent "Saäriselka", ou l'hôtel "Riekonlinna", avec tout plein de doubles voyelles et de trémas qui affolent les adresses Internet et les ordinateurs. En Laponie suédoise, on ne résiste pas à l'appel de la glace. Celle des igloos et de l'hôtel de glace de Jukkasjärvi qui se reconstruit chaque année début décembre avant de fondre au printemps. On prend l'apéro confortablement installé dans des chauffeuses (!) de glace. Les glaçons, en fait, on les a sous les fesses !

Pour faire bonne mesure, on pousse jusqu'au Spitzberg et on passe une nuit polaire au Basecamp Spitsbergen avec excursion en chiens de traîneau sous les étoiles et les aurores boréales. Au mois de février avec le retour du soleil, il existe quantités d'événements réjouissants. Passer une nuit à bord du seul bateau "hôtel" gelé dans les glaces les 27 et 28 février, franchement, ça vous fait des vacances scolaires vraiment pas ordinaires.

Plus urbain, mais pas moins Grand Nord, la Finlande où l'on peut même s'offrir des City Break pendant tout le mois de décembre. Pour arpenter les Marchés de Noël qui se tiennent aux 4 coins de la ville d'Helsinki, comme celui de Saint Thomas du 7 au 22 décembre ou encore le plus vaste d'entre eux Vanha Ylioppilastalo du 13 au 23 décembre, très réputé pour ses jouets en bois. Sans négliger le Marché de Noël 100% Design dans le Design District qui s'étend sur plus de 25 rues. La Finlande est très "arty" et on peut faire des trouvailles tout à fait inédites qui n'ont rien à voir avec les lampions et bougies traditionnelles. Ce qui n'empêche pas de tomber sous le charme de la procession de Sainte Lucie le 13 décembre sur la place de la Cathédrale.

La Finlande a aussi son hôtel de glace. En Laponie bien sûr à Rovaniemi. Il ne fait jamais moins de 0° dans les chambres de l'Artic SnowHotel et les sacs de couchage sont ultra chauds. Il est même possible, si l'imaginaire prend le dessus et qu'on ne supporte pas, de se réfugier dans un bâtiment chauffé tout à côté qui abrite un établissement classique. On profitera aussi de l'occasion pour passer du temps dans la Wild Taïga, un sanctuaire 100% nature le long de la frontière russe. Heureusement qu'il existe des initiatives du genre !

Cap sur l'Islande enfin (mais pas seulement, il reste le Canada et toute l'Amérique du Nord pour goûter aux plaisirs du grand froid est des étendues gelées). Cette fois, c'est le mélange des genres. On se confie à Eric Biard et Marc Broussaud qui connaissent comme personne cette île volcanique où le feu couve en permanence sous la glace. Ils accompagnent les voyageurs à la rencontre des phénomènes géologiques naturels rarissimes du parc national de Thingvellir, là où l'on peut plonger dans des eaux naturellement chaudes et admirer les glaciers qui viennent s'échouer sur une plage de sable noir.

Ce qui n'exclut pas les traditions. A Reyjavik, on fête Noël avec ferveur et les Père Noël sont nombreux et fort espiègles. Ils regardent par les fenêtres, finissent les assiettes, lèchent les cuillères, pendant que résonnent les chants de Noël. Un cours séjour de 4 jours là-bas ne dépasse pas les 400EUR. En cette période de crise, les promos sont nombreuses et ceux qui n'ont pas tout perdu à la bourse seraient bien inspirés d'en profiter. Pour faire une croisière fluviale de 2700 km de la Sibérie au Cercle Polaire par exemple pendant 18 jours et 16 nuits.

Quant à ceux qui ne pourront pas filer jusque là-bas, ils pourront toujours aller admirer les formidables toutous athlètes de la Grande Odyssée qui se déroule cette année du 10 au 20 janvier dans toutes les Alpes. On peut même passer des nuits en igloos au col du Mont Cenis, bivouaquer à côté des chiens la nuit du 16 janvier et visiter la Base Polaire des Chasseurs Alpins. Les chiens eux, dorment dans la neige. Sans abri. Ils ne supporteraient pas la chaleur.

vendredi 20 novembre 2009

INDISPENSABLES LUMIERES



Pas question d'y échapper. Même si la Fête des Lumières de Lyon qui se tient cette année du 5 au 8 décembre est ce que, dans la presse, on appelle un "marronnier". Ce genre de sujet qui revient chaque saison.
Il n'y a pas de raisons de se priver de parler de la plus belle manifestation lumineuse du monde et surtout la plus légitime. Car ce sont ses racines qui en font un spectacle plus majestueux, plus fervent et plus sacré que toutes les autres mises en lumière de villes (au demeurant souvent magnifiques) qui se mettent en place au moment des fêtes, mais aussi chaque fois que l'occasion en est donnée en lien avec un événement.

A Lyon, tout à commencé en 1852 avec les petites bougies que les Lyonnais ont disposé sur leurs fenêtres pour remercier la Vierge de les avoir sauvés de la peste. Depuis, chaque 8 décembre, ils recommencent et le faste de la Fête des Lumières, qui se tient avec de considérables moyens sur plusieurs jours depuis 10 ans, n'y change rien.

Sans elles, la fête ne serait pas tout à fait ce qu'elle est et chaque habitant est mis à contribution. Ce que tout le monde fait de bon coeur. Dans le même ordre d'idées, chaque année, depuis 5 ans, des lumignons sont vendus au profit d'une association caritative. Ce qui donne une belle dimension humaine à la fête, sans ostentation et sans pression. Cette année, c'est au profit du Secours Populaire Français et la présence de Catherine Laborde, la Madame Météo de TF1 et ambassadrice de l'association, à la conférence de presse, n'avait rien de racoleur. Loin de là. La spécialiste du temps qu'il fait a eu cette phrase touchante : "Le temps qu'il fait, a-t-elle dit, n'est pas égal pour tout le monde !"

Rien de plus différent, en effet qu'une soirée en famille au coin du feu quand la pluie glacée fouette les vitres du salon et qu'on se réjouit presque qu'il fasse un temps de chien dehors, que le même jour à la même date quand on dort dans la rue ou même que l'on a pas assez de sous pour chauffer convenablement un appartement minuscule, vétuste et mal isolé.

Il faudra s'en souvenir quand on pourra admirer les chefs d'oeuvre du Musée des Beaux-Arts de Lyon projetés sur la grande roue de 55 m de diamètre sur la place Bellecour. Il s'agit là du plus improbable des spectacles. Celui qui n'aura pas lieu si la météo, encore elle, n'est pas clémente. Qu'une tempête se pointe se soir là et les images des chefs d'oeuvre resteront au musée. On croise les doigts.

De temps qu'il fait, il est question aussi place des Terreaux où le Coffre à Jouets nous avait plongés, l'an passé dans le ravissement. Cette année, un gigantesque métronome, matérialisé par un laser symbolisera le fil du temps, pendant que les bâtiments se couvriront de glace, puis se déformeront sous l'effet de la chaleur "Jouons avec les temps" est bien dans l'air du temps !

Après le succès l'an passé, du parcours sur les berges du Rhône, l'expérience est renouvelée. Les spectateurs qui se baladent le long du Rhône, à la rencontre des berges enneigées berges enneigées du Parc de la Tête d'Or et du double lumineux de la grotte préhistorique Chauvet grotte préhistorique Chauvet, permettent de désengorger un peu la Presqu'île. Une absolue nécessité quand on sait que Lyon attend pour l'occasion plus de 4 millions de spectateurs. Et en redemande, puisque des accords avec la SNCF permettront via les TGV 100% Prem's de faire faire des allers et retours aux Parisiens et à des spectateurs de la France et de toute la région, via les TER à des tarifs étudiés.

Mais le clou du spectacle cette année, c'est le parcours sur la colline qui conduit, pour la première fois, les spectateurs jusqu'au pied de la Basilique de Fourvière. Pour assister à un concert de carillons de 23 cloches avec des airs comme Carmen de Bizet, Le Boléro de Ravel, Take Five de Dave Brubeck ou encore What I'd say de Ray Charles. En contrepoint avec les tableaux des Orpailleurs de Lumière qui illumineront la façade. Ce parcours sur la colline conduit à la Primatiale Saint Jean et le spectacle des Bâtisseurs, en hommage à ceux qui, depuis le 12ème siècle auront mis 300 ans à bâtir la cathédrale.

Plus de 70 spectacles sont répartis sur toute la ville, parmi lesquels on retiendra "Cordadra" et les 250 draps diffuseurs de lumière dans la cour d'honneur de l'Hôtel Dieu, la "Dolce Vita" qui transforme la fontaine des Cordeliers en fontaine de Trévi à Rome et propose un spectacle autour du cinéma italien des années 60, en clin d'oeil au nouveau festival de cinéma de Lyon et à la ville elle-même, berceau du 7ème Art.

Tous les plus grands artistes de la lumière veulent en être, car si les spectacles d'illuminations se sont développés, l'expertise lyonnaise reste majeure et assure succès et engagements partout dans le monde à ceux qui se sont illustrés ici.

Ce bain de lumière qui met Lyon au défi de faire mieux chaque année réserve pour autant une bonne surprise à tous ceux qui craignent débauche de moyens et gaspillage d'énergie. Pour les 5 jours, la facture d'électricité ne devrait pas dépasser 3.500 EUR. En réalité, ce qui fait la splendeur, ce sont les oeuvres des artistes et leur manière d'utiliser les ressources techniques dont ils disposent. Les lumignons des Lyonnais le soir du 8 décembre en font partie.

La fête des Lumières c'est la fête de tous.
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Un jour, un blog !
A partir du 25 novembre et jusqu'au 15 décembre, retrouvez dans Un jour, un blog, une sélection des meilleurs moments de la Fête des Lumières, vécus et commentés sur les blogs de Lyon (et d'ailleurs). Humeur, réaction, commentaire, photo, vidéo seront affichés de façon quotidienne. Proposez un blog !

Envoyez vos plus belles photos !
Si vous êtes photographe, amateur ou éclairé, participez à la fête en rejoignant le groupe FlickR consacré au 8 décembre. Le groupe rassemble plus de 170 membres et près de 2 000 photos. N'hésitez pas à envoyer vos photos des années précédentes, en précisant bien l'année pour que tout le monde s'y retrouve. Rejoignez le groupe FlickR !

Filmez la Fête !
Amateurs de vidéos ? Vous pouvez vous joindre à la Fête en déposant vos meilleures séquences sur le groupe Dailymotion de la Ville de Lyon. Postez vos vidéos !

vendredi 13 novembre 2009

LES GANTS DE LA MARQUISE



Imaginez dans une vitrine, une coquille de noix, une vraie, et une toute petite boule blanche qui ne dépasse pas de cette demi-coquille et qui n'attend plus que d'être recouverte de l'autre moitié de la coque pour faire une espièglerie. C'est ainsi que la Marquise de Sévigné reçu un jour un beau panier de grosses noix qui contenaient, certes des fruits, mais aussi dans certaines d'entre elles, un gant qui allait de pair avec un autre dissimulé de la même façon et qui ne tenait pas plus de place qu'un cerneau. La surprise était délicate. La Marquise fut enchantée.

Le gant, défroissé, figure à côté de son frère, il est réalisé dans une peau délicate et très, très fine. C'est un des plus beaux objets de l'exposition Dans la peau du gant qui se tient au Musée Historique des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon jusqu'au 28 mars 2010.

Evidemment, le musée est bien placé pour parler gant. Il en possède de nombreux et des rares dans ses collections, dont la plus ancienne, une paire de mitaines en soie tricotée du 15ème siècle et une paire de gants de dame à crispins, merveille très richement ornée et très bien conservée qui date du 17ème siècle.

Pour réaliser cette exposition de 350 pièces, la maison Hermès et le musée de la ville de Millau ont rejoint le projet. Tous possèdent aussi de vraies raretés. Il faut également compter avec 4 paires de gants prêtées par Jean Strazzeri, Meilleur Ouvrier de France, de la maison Lesdiguières Barnier à Grenoble, ville qui fut autrefois la capitale du gant et qui possède toujours un musée. Avant de se faire ravir sa place par la ville aveyronnaise, ses artisans ont tout inventé en matière de gant. Les "calibres emporte-pièces" et "la main de fer" de Xavier Jouvin en 1834, qui ont permis l'industrialisation de la profession.

Mais si Millau s'est développée dans cette industrie, c'est aussi qu'elle ne manque pas de matière première. Le Causse est idéal pour élever des moutons et pour que les brebis donnent le maximum de lait que nécessite la fabrication du Roquefort (âmes sensibles s'abstenir...), il faut que les agneaux soient séparés dès l'âge d'un mois. Ce qui donnent des peaux évidemment fines et exceptionnelles.

Bien entendu, l'exposition montre les savoir-faire et le travail, assez ingrat faut-il le préciser, du nettoyage, du tannage, de l'extension de la peau dans un sens et pas un autre, et de tous les traitements avant de passer à la découpe, au montage et aux finitions.

Désormais, les manufactures de gants ne sont plus qu'au nombre de 31 à Millau. Parmi celles-ci, la maison Causse a largement contribué à l'exposition et évolue dans les hautes sphères du raffinement, grâce à Nadine Carel et Manuel Rubio, un tandem de créateurs qui a rejoint l'entreprise familiale en 2003. Ils travaillent avec Chanel, Yves Saint-Laurent, Givenchy, Fendi et ont obtenu le prix de l'Association Nationale pour le Développement des Arts de la Mode, créé par Pierre Bergé. Dans leurs clientes ils comptent Madonna ou encore Kylie Minogue. La Maison Causse fait partie du collectif du Cuir Aveyronnais qui propose des visites aux touristes qui viennent admirer le viaduc.

Parmi les curiosités spectaculaires de l'exposition, on citera les gants des poupées des princesses d'Angleterre et le gant de Buffalo Bill, prêté par le Musée de Millau. Mais toute l'expo raconte le gant.
Celui que l'on jette à la face du gentilhomme avec lequel on souhaite en découdre sur le pré, celui des évêques et des grands monarques, témoins de leur puissance.
Celui que Rita Hayworth, ou plutôt Gilda, retire voluptueusement. Les mitaines que l'on porte pour conduire, à l'avènement de l'automobile, et celles que Karl Lagerfeld ne quitte guère.

Anne d'Autriche en possédait 347 paires - (même pas une par jour soit dit en passant...) - et Joséphine ne portait jamais 2 fois la même ! Si les gants des élégantes qui protégeaient leurs mains du soleil et du froid et ne montraient, quand elles les quittaient, qu'une main d'ivoire étaient naturellement en peau, ils étaient aussi en soie et en bien d'autres matières suivant leur destination.

En latex très fin, sur la main des chirurgiens et des experts en police scientifique et à l'inverse, en quelque matière que ce soit pourvu que le cambrioleur ne laisse pas ses empreintes digitales. Ignifugés, ils protègent les mains des pompiers. Les boules de cuir des boxeurs et ceux du gardien de but qui récupère les boulets de canon des attaquants au football, ont quant à eux vraiment besoin d'être résistants.

On ne le verra pas dans l'exposition, mais le fameux gant de Michaël Jackson a été vendu 34.200 euros aux enchères. A ce prix-là, heureusement qu'il n'en portait qu'un seul !