Il y avait déjà les hôtels et les restaurants. Désormais, les centres commerciaux se voient aussi attribuer des étoiles en fonction de certains critères de confort pour leurs visiteurs. La qualité des enseignes aussi et leur caractère exclusif entrent en ligne de compte. Le nouveau Centre Commercial de la Confluence à Lyon qui vient tout juste d'ouvrir au-delà du quartier Perrache est un des tout premiers à recevoir 4 étoiles.
Qui a connu le site de la Confluence à Lyon, là même où la Saône se jette dans les bras du Rhône, n'en revient pas aujourd'hui. Et encore! Je ne parle pas de la friche industrielle intoxiquée par les produits chimiques qu'il a fallu nettoyer un bon coup avant même d'imaginer quoique ce soit d'autre. Je pense plus précisément aux "pionniers " (le mot est faible) qui se sont installés il y a plus de 5 ans, bravant les risques d'inondation (on espère que les constructeurs et autres architectes savent où ils mettent les pieds…) et surtout un environnement délétère constitué de camionnettes (on en a compté jusqu'à 180!) qui lâchaient des prostituées des pays de l'Est et d'Afrique dont la plupart, vu leur jeune âge, auraient mieux figuré à la sortie d'un lycée que dans cette zone improbable.
Le quotidien Le Progrès a essuyé les plâtres. Dans l'ancien bâtiment des Douanes, on a vu s'installer les plus pointues des agences de pub. Les créatifs et les commerciaux ont eu à subir les gouttières (malgré une réfection totale), les pigeons habitués à nicher dans les bâtiments désaffectés qui ont mis un peu de temps avant de se rendre compte qu'ils n'étaient pas les bienvenus quand ils se perchaient sur les écrans des Mac des graphistes en profitant des fenêtres ouvertes. Mais il y avait la vue sur la Saône et malheureusement aussi sur les bâtiments désaffectés eux aussi du restaurant la Mère Guy autrefois tenu par Roger Roucou aussi illustre que Bocuse il y a 30 ans et désormais épouvantablement tagué... De l'autre côté, c'était toujours les prostituées qui faisaient leurs petites affaires et les BMW des clients avec leur auto-collant "Bébé à bord ". De quoi apprendre la vie en accéléré.
L'apothéose, c'est quand l'exposition "Our body " qui montrait d'authentiques momies asiatiques plastifiées a été présentée dans le quartier. A Paris, on a refusé de montrer l'exposition. Question de respect humain.
Et Nicolas Le Bec débarqua à la Confluence…
C'est dire si on revient de loin dans le quartier. Depuis le Groupe Cardinal, qui a commis le gros des bâtiments, a entraîné le chef Nicolas Le Bec qui y a installé sa Rue Le Bec et la prostitution a été chassée. C'est à dire que ces dames ont été priées d'aller s'installer ailleurs. Mais c'est à ce moment-là que le jour s'est un peu levé sur le site. C'est évident, rien ne vaut un restaurant pour humaniser un quartier. Si l'on considère ensuite que d'autres sont arrivés et que la Région Rhône-Alpes et ses 1500 employés est venue investir les lieux en même temps qu'Euronews, la chaîne de télévision internationale, on se dit que le pari a commencé à être gagné. Ne restait plus qu'à faire sortir de terre le Centre Commercial prévu et le tour était joué. Du moins pour la première tranche.
Il est ouvert depuis le 4 avril et il est le second en France (le Carré Senart en Seine et Marne l'a précédé de 15 jours) a être classé 4 étoiles. Ce qui signifie qu'il a répondu à 571 points de contrôle. Vestiaires, Wi Fi gratuit et illimité, cirage de chaussures, "photomaton" de luxe avec le studio Harcourt, Ipads à dispo pour le public, voiturier les mercredis et samedis, "personal shoppeuse", garderie...
C'est l'architecte Jean Paul Viguier qui a emporté le concours et l'a conçu comme un paquebot avec pour devise "Bienvenue à bord". Ce qui n'a rien d'artificiel pour une construction au bord de l'eau. Il n'était par ailleurs pas question de rester dans les modèles des années 70. Le plus souvent excentrés, monumentaux et dévoreurs d'énergie. Confluence est en prise directe avec l'extérieur, n'est pas climatisé en dehors de l'intérieur des boutiques et tire au maximum parti de la lumière du jour.
Avec un étonnant toit transparent constitué de coussins élaborés à partir d'un dérivé du fluor - et pas du pétrole - et gonflés avec une toute petite machine. Ce qui n'empêche pas que l'on peut même marcher dessus. Son avantage esthétique, c'est qu'il est facile à mettre en lumière, ce qui, dans une ville spécialiste dans le genre, est la moindre des choses. Les panneaux de mélèze du Jura dont les murs sont recouverts sont installés au bord de la place nautique et de l'autre côté, on a vue sur les balmes de Sainte Foy et la Mulatière. Ces douces collines qui surplombent la Saône.
Un Vaporetto à la lyonnaise
On en profitera d'autant plus si l'on emprunte le Vaporetto mis en place par Unibail Rodamco, la société qui gère le centre commercial pour y conduire sa clientèle entre 10h et 21h30. Le bateau part de Saint Paul et relie la Confluence en 1/2 heure avec une escale à Bellecour. L'occasion de profiter de la vue sur les berges de Lyon, 2ème ville après Venise au niveau des monuments inscrits au patrimoine de l'Unesco. Cette embarcation plonge les Lyonnais dans le ravissement (on ne parle que de ça!). D'autant que le passage ne coûte qu'1,50 EUR.
Si ce nouvel ensemble commercial est ainsi conçu, c'est qu'il lui faut concurrencer, non pas les autres centres commerciaux, mais Internet opérationnel 7 jours sur 7 et 24h sur 24. Rien ne peut plus être comme avant. Il ne s'agit pas non plus de faire de l'ombre à la Part Dieu, plus exhaustif et propriété du même bailleur, qui a un énorme projet de refonte dans le cadre de celle du quartier. Confluence est tout simplement différent, plus élitiste. C'est la nouvelle tendance.
Raison pour laquelle la commercialisation des enseignes présentes ne s'est pas faite comme à l'habitude. Ont été acceptées celles qui offraient une particularité et une originalité. C'est ainsi que la plupart d'entre elles sont des premières nationales ou régionales et pour les autres, les concepts ont été rajeunis.
Premières nationales en exclusivité
On y trouve le plus grand Joué Club du monde entièrement aménagé comme un village avec des boutiques thématiques. Le plus grand Apple Store qui ne devrait pas avoir de mal à s'imposer quand on considère le succès de celui de la Part Dieu. Et dans un nouveau genre, un concept store Bose. 17 restaurants se partagent la terrasse du Deck avec des exclusivités comme Razowski qui installe ses burgers de compétition à la Confluence après la place du Marché Saint Honoré à Paris, Fuxia, le Lyonnais Zinc Zinc et, au niveau inférieur, Vapiano et sa cuisine italienne démonstrative.
Cellerier et le chocolatier Sève ont installé une mini succursale des Halles de Lyon au rez de chaussée près de l'entrée principale et le joaillier Philippe Tournaire qui avait investi la place Vendôme après son adresse lyonnaise de la rue Edouard Herriot n'a pas hésité à rejoindre les lieux. Tout comme la libraire Decitre qui ouvre une nouvelle enseigne d'un genre nouveau avec un espace de rencontres de 50m2 qu'elle inaugurera le 25 avril à partir de 16h en présence d'Eric-Emmanuel Schmitt. Parmi les adresses mode et avec une boutique Mango bien plus élégante qu'ailleurs en ville, des exclusivités avec SuiteBlanco en première française et aussi Hollister et New Yorker.
Enfin pour faire bonne mesure, un mur d'escalade de plus de 20 m de haut, en première mondiale, un Novotel 4 étoiles nouvelle génération avec vue sur la Saône et un multiplexe UGC qui investit le quartier après s'être installé à la Part Dieu et à la Cité Internationale dans une ville qui a vu passer le nombre d'écrans de cinéma de 100 à 160 en 10 ans et n'arrête pas d'en redemander.
Reste pour cette nouvelle et brillante Confluence à se faire une clientèle fidèle et régulière. Tout le monde sait que pour ce genre de paquebot, tout se joue le premier mois et c'est pour cela que personne n'a ménagé sa peine au cours des fêtes d'inauguration pendant le week-end de Pâques. Mais quand on sait que le shopping est le second loisir préféré des Français, on ne se fait pas trop de souci pour eux.
lundi 9 avril 2012
LES ÉTOILES DE LA CONFLUENCE
Publié par Martine Montémont à 18:35 0 commentaires
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