Le débat est vieux comme Hérode et n'est pas près d'être tranché. Lyon est-elle, oui ou non, la capitale de la gastronomie? Pour l'affirmer, et en dehors de leurs propres convictions, preuves à l'appui, les Lyonnais se fondent sur Curnonsky, "prince des gastronomes" qui écrit en 1935 dans son ouvrage "Lyon, capitale mondiale de la gastronomie" aux éditions Lugdunum, que : " (...) la cuisine lyonnaise participe à l'Art français, justement en ce qu'elle en fait jamais effet. (...) Elle ne pose pas, elle ne sacrifie pas à la facile éloquence... "
C'est, en toute modestie, bien mon avis. Je l'ai écrit plusieurs fois ici. Si Lyon est, et reste, la capitale de la gastronomie. C'est que l'on y mange bien à peu près partout. Les Lyonnais, élevés dans cet esprit-là, ne permettraient pas qu'il en soit autrement. Même les plus récents d'entre eux se coulent avec délectation dans le moule. Curnonsky n'est pas le seul à l'affirmer. Il y a eu aussi Stendhal et celui qui fut longtemps le maire de la ville, Edouard Herriot, qui savait se tenir à table. Et encore, excusez du peu, Erasme, Rabelais et Clément Marot...
En face, mais qui reconnaît tout de même aisément les mérites de la capitale des Gaules, il y a les fameuses étoiles Michelin. Au moins aussi nombreuses et parfois plus à Paris, en Alsace et sur la Côte d'Azur. A ceci près que, si l'on se fie aux jugements du guide rouge, la capitale mondiale de la gastronomie serait... Tokyo. Comptablement s'entend, au niveau des étoiles obtenues par les restaurants. Sinon que la très grande majorité d'entre eux a pour spécialité la cuisine française avec parmi leurs chefs, pas mal de Lyonnais. La boucle est bouclée!
Pour sa première exposition temporaire depuis la fin d'une rénovation de très grande ampleur il y a 2 ans, le Musée Gadagne, musée d'histoire de Lyon, situé au coeur du quartier Renaissance, a choisi de s'attaquer au sujet. Avec l'exposition "Gourmandises! Histoire de la Gastronomie à Lyon" qui dure jusqu'au 29 avril 2012.
Un thème proprement insondable, dans lequel il est facile de se noyer tant il est riche. Il constitue la première illustration vivante de l'inscription du repas français au patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. Distinction que Bocuse, entouré de ses pairs, a voulue de toutes ses forces.
Certains connaisseurs qui ont vécu une des apogées de la gastronomie lyonnaise dans les années 80 pourraient presque se sentir frustrés en considérant les objets du passé et aussi les menus, les photos des grands moments comme la réception des chefs d'état par les chefs de cuisine quand le G7 s'était tenu à Lyon, et qui ont fait partie de notre quotidien du moment. Mais on y découvre bien d'autres aspects de "la ville qui donne faim". Bien nichée au coeur d'une région où abondent les produits d'exception, elle n'est pas seulement la reine de la cuisine, mais aussi de tout ce qui se mange ou se boit, pourvu que ce soit bon!
Du chocolat avec l'émergence de Bernachon certes, mais aussi de Casati, de Voisin mais surtout, dès le 17ème siècle, quand la fève succulente a fait son apparition dans l'hexagone. De la bière aussi grâce à la qualité des eaux du Rhône. Et des pâtes alimentaires comme Panzani, Rivoire et Carret et Milliat Frères.
C'est avec ces derniers que l'on débouche sur ce qui constitue un des socle de la cuisine lyonnaise avec la saga des Mères. Il y avait la Mère Fillioux, la Mère Guy, la Léa, la Mélie et l'illustre Mère Brazier qui a formé Bocuse et Fernand Point. C'est elle qui a conquis 2 fois 3 étoiles au Michelin et la première, bien avant Veyrat et Ducasse. Sinon que ces mères-là se sont retrouvées cuisinières un peu par hasard. Employées pour faire les repas dans les maisons bourgeoises, c'est quand leurs patrons ont connu des revers de fortune qu'elles se sont installées à leur compte.
Avant d'officier rue Royale et au col de la Luère, Eugénie Brazier a été employée chez les Milliat Frères justement comme bonne à tout faire, puis comme cuisinière parce qu'elle avait dépanné la maîtresse de maison qui donnait un dîner. Jacotte Brazier, qui a vécu au plus près de sa grand-mère et dont elle dit qu'elle n'a jamais voulu lui apprendre à faire la cuisine, raconte son histoire de manière très savoureuse et sans chercher à enjoliver les choses. Elle n'a pas peur de dire, avec son franc-parler, que, si elle est venue à Lyon depuis sa Bresse natale, c'est qu'elle était une fille perdue au sens où on l'entendait au début du XXème siècle. Elle s'était retrouvée "fille-mère", enceinte de Gaston, le père de Jacotte et de sa soeur Anne Marie et chassée par sa propre mère.
Ce qui lui a permis d'échapper à son destin de fille de ferme et de troquer le balai et le nettoyage des cochons pour se consacrer aux quenelles, volailles en vessie et arômes truffés en cuisine. Ce que sa petite fille, qui préside aujourd'hui la fondation des "Amis d'Eugène Brazier" après avoir revendu son restaurant à Matthieu Viannay, n'a jamais hésité à lui faire remarquer quand elle évoquait cette partie noire de sa vie qui lui avait finalement permis de connaître la gloire.
L'exquise Jacotte, la raconteuse dont on peut profiter des lumières avec ses déjeuners-bavardages (ça lui va comme un gant!) grâce à toutes les manifestations autour de l'exposition qui sont d'une richesse inouïe, parvient encore à s'étonner en découvrant par exemple des vidéos prêtées par l'INA et dans lesquelles, on voit sa grand-mère aux fourneaux - Elle précise : "on l'appelait mère alors qu'elle avait tout juste 18 ans! " - ou encore en train de recevoir des VIP de l'époque. Car la cuisine lyonnaise a aussi ceci de capital qu'elle a toujours servi à rapprocher les points de vue. Dans les salons particuliers comme il en existait chez la Mère Brazier. Parce que l'on pouvait avoir du mal à recevoir chez soi, mais que ce n'était pas une raison pour ne pas faire des affaires avec des gens mieux établis en matière de train de maison. Il faut visiter l'exposition, mais aussi s'ouvrir à tout ce qui se passe autour, pour découvrir la déferlante suscitée par le sujet dans la ville.
L'avenir au travers de la "bistronomie", inventée à Lyon avec les "Bistrots de Cuisiniers" de Jean Paul Lacombe et des "Brasseries Bocuse" dont les cuisines sont toutes dirigées par des Meilleurs Ouvriers de France qui choisissent les meilleurs produits pour les déposer sur les tables à des tarifs les plus étudiés possibles.
Le vivier de chefs et de pâtissiers que constitue le Bocuse d'Or et la Coupe du Monde de la Pâtisserie, qui se tiennent tous les 2 ans au cours du Sirha, le fameux Salon des Métiers de Bouche.
Réviser enfin la "Plaisante Sagesse Lyonnaise" et ses savoureux aphorismes comme "il vaut mieux prendre chaud en mangeant, que froid en travaillant!". Ou encore, soigneusement repris, par l'un des membres du Comité Scientifique de l'Exposition, l'historien Gérard Corneloup qui nous a rappelé qu'à Lyon (et pour régler un différent, qui ne citait de part et d'autre, la bonne parole qu'à moitié...), on disait aussi "qu'au travail, on fait ce qu'on peut, au lit on fait ce qu'on doit et à table on se force!" Dont acte!
dimanche 18 décembre 2011
LYON, LA GOURMANDE!!!
Publié par Martine Montémont à 16:43 1 commentaires
Libellés : Gastronomie
mardi 22 novembre 2011
LES GRANDS BLANCS SAVOYARDS
Fin novembre... L'appel de la neige et des sommets se fait sentir. Tous les amateurs de glisse se préparent à dévaler les pistes et à se retrouver chaque soir en grande tablée, pour faire le tour des "spécialités" savoyardes.
Une par jour : raclette, fondue, pela... Il y en a pour tous les goûts. Ajoutez à cela un "petit" vin blanc (nécessairement "petit") qui pique un peu la langue, se réchauffe au contact du ou des poêlons au cours du repas et fait mal à la tête et le cliché est complet!
Des années que je prends la défense des vins de Savoie ! Comme on peut le faire de tous ceux qui sont parfois injustement traités. Non, ce n'est pas (seulement...) de la piquette locale et il y a déjà belle lurette que certains viticulteurs font de louables efforts.
Ce sont les chefs en montagne, je devrais dire en station, qui me les ont fait découvrir du temps où je bravais les intempéries, chutes de neige et verglas pour faire mes enquêtes pour GaultMillau. Michel Rochedy du Chabichou à Courchevel et ses sommeliers dénicheurs de talents, m'avaient fait rencontrer les frères Quenard et leurs Chignin Bergeron. Jean Pierre Jacob au Bateau Ivre juste en face et à Ombremont au Bourget du Lac désormais, savait qu'il lui fallait proposer de grands Bordeaux pour contenter ses clients internationaux tout comme d'autres aussi installés autour des lacs et des montagnes, mais ils en profitaient quand même pour défendre leur région et en promouvoir les vins.
A leur décharge, pour que l'on puisse en trouver sur les tables des usines à raclette, il fallait bien qu'il y ait quelques producteurs de vins, disons, moyens. Et il y a une vingtaine d'années, la plupart des vignerons de Savoie ne vendaient que du vrac et ne pratiquaient même pas la culture de la vigne en activité principale. Ils sont 150 aujourd'hui à mettre en bouteilles et une soixantaine à vendre leurs produits à la Maison de la Vigne et du Vin à Apremont qui mérite absolument le détour parce que les grands blancs de Savoie (ils constituent 71% de la production) ici présentés le sont au même prix que dans les caves.
Elle a été bâtie les pieds dans les vignes, à 10 minutes de Chambéry (sortie Granier) grâce à la volonté de fer du Comité Interprofessionnel des Vins de Savoie et de son président Gilbert Perrier et aussi des vignerons qui le suivent et s'investissent à ses côtés comme Michel Quenard.
En face de l'oenothèque, on découvre tout le vignoble de Chignin et on peut en profiter pour apprendre que le vignoble savoyard est très complexe et les cépages nombreux. Il y en a 23 sur les 250 utilisés en France qui poussent sur des terrains chaotiques, des moraines caillouteuses très dures à travailler, mais qui permettent aux baies, par ailleurs très bien arrosées par 1000 mm de précipitations en moyenne de mûrir lentement au soleil en profitant de toute sa course de la journée.
Il existe 16 dénominations "Vin de Savoie" en blanc et 4 en "Roussette de Savoie". Les cépages les plus répandus, Jacquère (unique), Altesse (en expansion), Chasselas (en Haute Savoie exclusivement), Chardonnay (pour la Roussette) et Roussanne que l'on appelle aussi Bergeron comme l'abricot et qui ne concerne que les communes de Chignin, Francin et Montmélian. C'est lui, ce cépage qui produit les raisins dorés qui lui ont donné son nom, qui m'avait permis un beau jour "d'éblouir" mon auditoire au cours d'une dégustation à l'aveugle organisée en préalable d'une épreuve du CAP de sommellerie pour laquelle on nous avait demandé de venir assister le jury.
Claude Marandon, lui-même ardent défenseur du vignoble de Savoie, avait classiquement dissimulé les étiquettes des bouteilles dans lesquelles tous les autochtones, plus au fait que moi des crus locaux, avaient reconnu un Chignin ou un Chignin Bergeron. Je m'étais lancée (rien à perdre!) sur un Saint Péray dont j'avais dégusté des échantillons deux jours auparavant. Bingo! J'avais gagné, moi qui en sait juste assez en matière de vin pour savoir que je ne sais rien! Sinon, en l'occurrence que la Roussanne est originaire de Tain l'Hermitage et qu'elle est, avec la Marsanne, un des cépages du Saint Péray! D'où affinités...
Des cépages, il y en a d'autres dont 7 uniques au monde. Connaissez vous le Gringet, le Persan, la Roussette d'Ayze par exemple?
Les vins de Savoie portent "à l'épaule" de la bouteille le blason de Savoie. C'est important dans une région qui n'existe par elle-même que depuis 150 ans. Çà et là, on découvre les marques de l'ancienne frontière entre la Savoie et la France. Quand le regard porte au loin depuis les flancs d'une montagne, on passe de l'une à l'autre et ainsi de suite jusqu'au Mont Blanc.
Pour la balade et hors les pistes, on peut découvrir toute la mosaïque géographique des vins de Savoie. La Combe de Savoie à l'est de Chambéry, entre la Chartreuse et les Bauges, avec le vignoble des Abymes et Apremont planté sur l'éboulis d'un pan entier du Mont Granier qui s'est effondré dans la nuit du 24 au 25 novembre 1248 sur le village de Saint André.
Les vignobles de Saint Jeoire, Montmélian, Arbin et Cruet sur les contreforts des Bauges sont le domaine des Chignin et Chignin Bergeron face à Apremont et aux Abymes sur la rive droite de l'Isère. Et, de l'autre côté du Tunnel du Chat, Chautagne, Jongieux, Marestel, Monthoux, Seyssel et Frangy ont un point de vue imprenable sur les rives du Rhône qu'ils voient se lever dans la brume. L'Avant Pays Savoyard s'investit à fond dans l'oenotourisme grâce à de jeunes viticulteurs qui reprennent les exploitations sur un des plus vieux vignobles de France qui bénéficie de la fraîcheur du matin et du soleil de l'après-midi. Ceci expliquant peut-être cela...
Reste qu'il s'agit aussi de mentionner les vins des rives du Léman les Crépy, Marignan, Marin et Ripaille et le vignoble d'Ayze dans la vallée de l'Arve.
Comme tous les vignobles, les Savoie connaissent une forte demande en crémants. Ils vont être rassemblés sous l'appellation Crémant de Savoie à partir de 2013 suite à un avis favorable de l'INAO. Seuls les crémants d'Ayze (j'ai le souvenir des notes de coing très fraîches de celui du Domaine Belluard) et de Seyssel, issus de Gringet garderaient leur appellation propre.
Au moment de conclure ce panorama des vins de Savoie, qui disent dépendre des grandes toques de leur montagne pour gagner en notoriété, mais regrettent aussi qu'ils soient vendus sur table, surtout en altitude, à des tarifs parfois indécents, il ne faut pas oublier de parler des vins rouges. Les Gamays bien sûr à déguster légèrement frais avec les charcuteries et les plats à base de cochon, mais surtout la Mondeuse, un vin fin, corsé, élégant qui fait merveille sur les gibiers et le civet de caïon (le cochon en patois savoyard). Mais là encore, les Savoyards ne sont pas au bout de leurs peines. Une dame de la restauration, qui se piquait de s'y connaître un peu, me disait encore l'autre jour "qu'une bonne Mondeuse sur les pistes avec une raclette, il n'y avait pas mieux!" Au moins savait-elle que ça existait. C'est déjà ça!
Publié par Martine Montémont à 16:22 0 commentaires
Libellés : Gastronomie, Shopping, Vacances, Week-end
jeudi 10 novembre 2011
L'ARTISTE ET LE COLLECTIONNEUR
Ne dites pas, comme je l'ai déjà écrit moi-même, que le Musée des Beaux Arts de Lyon est le Louvre lyonnais. S'il est vrai que l'hôte du Palais Saint Pierre - dont l'illumination des façades sur la place des Terreaux sera encore un des temps forts de la Fête des Lumières qui va avoir lieu du 8 au 11 décembre à Lyon - est, en regard de l'importance de ses collections, le premier musée des Beaux Arts de France en région, il n'est, en aucune façon, la version provinciale du premier. En fait, les deux musées et quelques autres sont les résultats d'une politique culturelle régie par la loi Chaptal qui date de 1801 et qui leur a donné pour mission de présenter des oeuvres majeures au public sur tout le territoire.
Aucun suivisme donc dans les activités du musée de Lyon. Fidèle à sa mission il organise, sous la houlette de la conservatrice Sylvie Ramond, des expositions temporaires de très haut niveau tout au long de l'année.
Après celles de 2010 : "Deux frères, un nom. Bram et Geer van Velde"; "Picasso, Matisse, Dubuffet, Bacon... Les modernes s'exposent au musée des Beaux-Arts "; "Juliette Récamier, muse et mécène "... c'est le cas, cette année, de trois accrochages qui mettent en perspective le travail d'un artiste, d'un galeriste et d'un collectionneur : Le sculpteur Etienne-Martin qui est aussi l'un des plus importants du 20ème siècle; le galeriste Marcel Michaud dont la trajectoire artistique a supporté entre autres et dans le sens littéral du terme, le travail du premier; et, en point d'orgue, une exposition d'oeuvres contemporaines choisies par le collectionneur Antoine de Galbert.
"L'Atelier d'Etienne-Martin" et "Le Poids du Monde" de Marcel Michaud seront présentes jusqu'au 23 janvier 2012. Quant aux 60 oeuvres choisies dans la collection d'Antoine de Galbert intitulée "Ainsi soit-il", elles sont dans la droite ligne d'expositions conçues à partir du regard d'un amateur. Il s'agit de la troisième après "Un siècle de paysages" et "L'Emotion et la règle". Elle dure jusqu'au 2 janvier.
Antoine de Galbert, galeriste grenoblois et fondateur de La Maison Rouge, destinée à promouvoir les différentes formes de la création actuelle au travers de la présentation d'expositions temporaires, a choisi également 7 chefs d'œuvre parmi les collections du musée. "Le Christ de douleur" d'Albert Bouts, "le Saint Sébastien soigné par Saint Irène " d'Antonio de Bellis et des têtes coupées d'une momie égyptienne…
On est accueilli dans l'espace de l'exposition par une installation des battements du cœur de Botanlski, une croix constituée d'assemblages d'insectes. Le sujet tout entier est en parfaite résonance avec la 11ème Biennale d'Art Contemporain de Lyon qui se déroule jusqu'au 31 décembre.
C'est la première fois qu'une exposition d'une telle ampleur se tient autour de l'oeuvre d'Etienne-Martin et c'est à une plongée dans son atelier, aimablement ouvert par ses ayant-droit que l'on est invité. Un capharnaüm géant avec ses rails, poulies et chaînes destinées à bouger les masses de bois et les racines qui servent aux œuvres monumentales de l'artiste. On ne peut évidemment ignorer cet aspect qui a fait sa renommée.
Mais au travers des prêts exceptionnels du musée national d'Art Moderne, du musée d'Art Moderne de la ville de Paris ou encore des oeuvres rassemblées par Guy Landon pour le musée de l'Athanor à Bois Orcan (Noyal-sur-Vilaine), on s'approche d'un autre aspect plus secret et plus intime de l'univers de cet artiste à la réputation internationale. L'auteur des Passementeries, du Manteau, de cet escalier Dogon dont l'arrivée de la racine qui en est à l'origine dans l'atelier ou encore de ce qui va devenir le Cerbère, fait de lui presque davantage un archéologue qu'un sculpteur.
Né à Loriol dans la Drôme en 1913, Etienne-Martin a vécu pendant son enfance, une expérience physique très marquante. La maison de rue dans laquelle il vivait était en fait, sous une même façade, constituée de deux maisons distinctes et il était impossible de l'intérieur de circuler entre les pièces au travers du mur mitoyen sauf au rez-de-chaussée et au 3ème étage. Il est évident que l'imaginaire de l'artiste aiguillonné par cet "univers enchanté et clos" comme il le dit lui-même, a engendré la constitution et l'agencement de l'atelier.
L'exposition elle-même, au musée des Beaux Arts de Lyon dans lequel il avait été confronté pour la première fois à une sculpture de Rodin, utilise dans sa scénographie des matériaux bruts qui n'ont guère l'habitude de fréquenter les musées, tout comme Etienne-Martin qui employait les matières les plus variées. Une des grandes rencontres de sa vie s'est faite à Lyon aussi, en 1930 avec le galeriste Marcel Michaud, autre volet des deux expositions de moment.
Ce galeriste aux origines plus que modestes (il a débuté comme ouvrier tourneur...) a réussi à faire de ses galeries lyonnaise et parisienne, le "lieu géométrique où tout ce qui touchait à l'art se rencontrait". Sa fille Françoise Dupuy-Michaud" a fait don au musée en 2008 de 34 oeuvres d'artistes défendus par son père. Qui avait fait de Lyon, un foyer de la création vivante dont on retrouve les effets dans le succès de la Biennale. Sa galerie Folklore a accueilli Témoignage, un mouvement artistique aux influences picassiennes né en 1936. Toute sa vie, il a été aux côtés d'artistes qui figurent désormais parmi les plus renommés du XXème siècle. En plus, Marcel Michaud était aussi un poète et l'animateur du tout premier ciné club lyonnais... Touche à tout de génie absolument insatiable.
Publié par Martine Montémont à 15:47 0 commentaires
mercredi 26 octobre 2011
NATURE COMTOISE EN VERT ET BLANC
A l'heure qu'il est, en Franche-Comté la nature reste encore verte. Avec les touches fauves des arbres qui perdent leurs feuilles. Mais au petit matin, elle s'habitue doucement à entrer dans l'hiver.
Dans les champs et les prés dans lesquels les vaches montbéliardes, grandes laitières devant l'éternel, ne se couchent plus guère qu'au chaud soleil de l'après-midi, le givre des petits matins frisquets s'installe désormais tous les jours.
Quand on parle de Franche-Comté, on a envie de raconter le Jura, ses lacs, ses vins et ses étendues enneigées tôt dans la saison. Mais il ne faut pas oublier le Doubs, très fier de compter parmi les siennes, Mouthe, la commune la plus fraîche (c'est un euphémisme...) de France qui surveille son thermomètre sous abri dans l'attente - gourmande - , de battre chaque matin, les records nationaux en matière de températures négatives.
La Franche-Comté, c'est d'abord Besançon dans le Doubs, la capitale régionale et sa citadelle construite par Vauban et inscrite au Patrimoine de l'Humanité de l'Unesco; la Haute Saône et ses Mille Etangs, mais surtout berceau de la fameuse cancoillotte et le tout petit territoire rebelle de Belfort, symbolisé par le lion de Bartholdi, l'animal de compagnie de la statue de la Liberté signée du même artiste à New York.
Dans un peu plus d'un mois (le 11 décembre exactement), Besançon sera reliée à Paris par le TGV en 2 petites heures. Inutile de dire que là-bas, on est prêt. Pas question pour le train à grande vitesse de louper les horaires, il sera surveillé par l'horloge construite par Philippe Lebru, devenu horloger symbolique et qui a travaillé dans le respect des traditions locales.
Pour en savoir davantage sur Besançon, capitale horlogère de grande réputation, les montres et le temps, il suffit de faire une visite au musée éponyme installé dans le palais Granvelle qui date du XVIème siècle et dont les collections sont particulièrement riches. En montres bijoux, mais aussi en meubles d'époque et en tapisseries monumentales qui racontent la vie de Charles Quint. Ne pas manquer non plus le pendule de Foucault qui oscille toujours dans le même axe depuis le haut du grand escalier.
A Besançon aussi et pour sacrifier à la mode du tourisme urbain, on visitera la vieille ville avec un temps d'arrêt au bout de la Grand Rue où naquit Victor Hugo, mais aussi les frères Lumière, avant de s'illustrer à Lyon en inventant le cinéma, et Joseph Proud'hon, le philosophe. Pasteur, lui, est natif d'Arbois dans le Jura. La région a son lot de célébrités.
On retiendra aussi Courbet inspiré par la Loue à Ornans où il a son musée. Quant à Colette, quand elle passait ses vacances aux Monts-Boucons, c'était un choix du coeur.
Une chambre d'hôtes baptisée "La Retraite Sentimentale" comme le titre de son roman, s'est installée au pied de son château.
Il faut se dépêcher de se rendre au Château de Joux qui ferme le 15 novembre pour l'hiver, pour visiter cet imposant château fort dans lequel Berthe de Joux a usé ses yeux à pleurer. Enfermée dans un minuscule cachot par un époux revenu des croisades, alors qu'on le croyait mort et qui n'avait pas supporté d'être remplacé (on peut comprendre, mais quelle cruauté!). Il obligeait la malheureuse à regarder tous les jours le corps de son amant pendu au bout d'une corde jusqu'à ce qu'il s'en détache.
Tout près de là et au moins aussi séduisant l'hiver dans les brumes que l'été sous le soleil rasant, il y a le lac de Saint Point et ses deux hôtels restaurants très différents dans leur style, mais à fréquenter sans modération. Le Bon Accueil de Marc Faivre qui revisite les spécialités régionales à sa manière (la tarte fine à la Morteau, le bouillon d'escargots à l'ail doux et la féra sauvage du Léman à l'absinthe de Pontarlier...) et la famille Chauvin de l'Hôtel du Lac qui se distingue par sa cuisine régionale et les glaces Bertillon livrées régulièrement (c'est une fille de la famille qui s'est mariée avec un fils du glacier).
Dès que décembre pointe le bout de son nez, tous les amateurs de randonnée et de grand air pur qui raffolent du site des sources du Lison et de celles de la Loue à la belle saison, chaussent skis de fond et raquettes pour parcourir les grandes étendues glacées. Ce qui ne les empêchent pas de s'installer dans un endroit délicieux, le gîte "Les Iles du Lison" où l'on est soucieux d'aider les touristes à découvrir la région en leur fournissant le maximum de renseignements.
Dans le Doubs, on est très fier d'avoir servi de cadre à de nombreux grands films. On vous citera la ferme des Miroirs où s'est déroulé de tournage des "Granges Brûlées" de Jean Chapot avec Delon et Signoret qui allaient rejoindre Paul Crauchet, dans le rôle du juge, à la Brasserie de la Poste de Pontarlier. Lelouch a tourné les "Misérables du XXème siècle" au fort du Larmont et, plus récemment, "Poupoupidou" de Gérald Hustache-Mathieu, l'histoire d'une Maryline jurassienne jouée par Sophie Quinton et tourné à Mouthe, Métabief et les Tours.
A Noël, la région s'anime. Marchés de Noël comme un peu partout désormais, mais avec une mention spéciale pour la 25ème édition des Lumières de Noël de Montbéliard entre le 26 novembre et le 24 décembre. C'est le Pays Basque français qui est l'invité cette année de cette manifestation de grande tenue.
Aux Rousses, la 5ème édition du Festival du Film Polaire se déroule du 15 au 31 décembre. A 2 pas de la Suisse à vol d'oiseau, on y développe la culture polaire avec "Laponia Dream" à La Pesse, un concept unique en France et le Centre polaire Paul Emile Victor qui propose, dans les montagnes du Jura, des stages pour les amateurs d'expéditions polaires qui partent dans le Grand Nord ou au Canada. Il devrait être remplacé en 2014 par l'Espace des Mondes Polaires, une formule encore plus élaborée, au cœur du village de Prémanon.
Evidemment, une région où l'hiver règne en maître sait préparer des nourritures qui tiennent au corps. On est ici au pays du comté, inventé pour conserver, sous forme d'un fromage résistant, le lait des traites estivales, que l'on pouvait ainsi consommer l'hiver. Les caves du Fort des Rousses et leurs 50.000m2 de caves voûtées valent la visite et au Fort Saint Antoine, on affine le fameux comté Marcel Petite dont une consoeur parisienne m'assurait qu'il fallait en réclamer à son crémier parisien pour bénéficier de sa considération.
A Arbois, petite ville où l'on sait ce que bien manger signifie, le chocolatier Hirsinger jouit d'une réputation qui s'étend au-delà des frontières et jusqu'au Japon. Moins célèbre et au moins aussi doué, Arnaud Pelen, 4ème génération de chocolatiers à Lons-le-Saunier est plus classique (mais à certains moments qui s'en plaindrait...). Ce professionnel accompli est le roi du praliné dit "à froid" comme on n'en fait plus guère et il broie lui-même ses fèves de cacao. Comme Bernachon à Lyon, Bonnat à Voiron, Pralus à Roanne, mais personne ne le sait.
Evidemment, il y a aussi les étonnants vins du Jura dont on ne se lasse (avec modération disent-ils) ni l'hiver, ni l'été, ni au printemps, avec les morilles quand vient le temps de retourner au bord des lacs de Chalain et de Vouglans pour profiter des joies du camping et des ressources de l'hôtellerie de plein air tout de suite après Pâques.
Publié par Martine Montémont à 17:12 0 commentaires
Libellés : Gastronomie, Hébergement, Séjour, Shopping, Vacances, Week-end
mercredi 12 octobre 2011
ENVIE D'EFFROI!
Dieu sait pourtant si la vie est dure et l'actualité assez peu réjouissante, on ne devrait vraiment pas avoir besoin de jouer à se faire peur! Pourtant, les séjours Halloween dans les parcs d'attraction avec leur lot de monstres et autres créatures malfaisantes en carton pâte ont toujours autant de succès!
C'est à croire que, malgré les guerres, les attentats, les manifestations et la dette pour chapeauter tout ça, on n'a pas son lot d'émotions.
Sans se lancer pour autant dans la psychologie "à deux balles", on peut imaginer qu'une bonne soirée Halloween des familles à Disneyland Paris le 31 octobre permet de jouer à se faire peur dans un cadre soigné et onirique et que, de ce cauchemar-là, on se réveille toujours. Puisque, c'est plus vrai que nature, mais pour de faux.
En revanche, Halloween au supermarché avec les masques de sorcière, les têtes de mort en veux-tu en voilà, les fausses toiles d'araignée, le faux sang bien gluant et autres gracieusetés un peu cra-cra semble être un peu tombé en désuétude dans les squares et les cours d'école. Tant mieux!
En revanche, place aux attractions bien léchées. Sauvés des eaux par la reculade ministérielle qui formait le projet d'augmenter leur TVA, Disneyland Paris, Europa Park (jusqu'au 6 novembre) et Walibi (tous les week-ends jusqu'au 31 octobre) pour ne citer qu'eux, n'ont fait que sentir le vent du boulet. Place donc au bal des sorcières.
Chez Mickey, les "villains" sont au rendez-vous pendant le Festival Halloween Disney qui dure jusqu'au 31 octobre. L'occasion de voir défiler Cruella d'Enfer, Jafar, le capitaine Crochet, la Reine de Coeur et la sorcière de Blanche Neige à la lueur blafarde de la lune pendant la soirée Halloween du 31 octobre. Maléfique, elle, organise tout un spectacle dans l'esprit, pendant que Mickey les 7, 14, 21 et 28 octobre, convie les petits à sa fête Pas-Si-Trouille. Quant au Parc Walt Disney Studio, il s'y tient les 29 et 30 octobre de 20h30 à 1h du matin, la fameuse Terrorific Night.
Plus proche de la culture européenne, le Manoir de Paris qui a ouvert ses portes depuis le mois de mai et fait revivre le Paris mystérieux au travers d'une quinzaine de légendes dans une belle demeure classée Monument Historique et sans doute forcément hantée du quartier de la gare de l'Est. Pour ce concept inédit en France, Halloween est, si l'on ose dire, pain bénit. Quasimodo et Notre Dame, le fantôme de l'Opéra, le boulanger sanguinaire donnent leur pleine mesure dans le cadre de multiples animations. Quizz sur les légendes les 20 et 21 octobre, concours de citrouilles les 27 et 28 et concours de déguisement du 1er au 4 novembre.
Ceux qui n'auront pas trouvé leur compte pourront d'ailleurs compléter leur science au Musée de la Poste du 23 novembre au 31 mars 2012 avec l'exposition "Sorcières, Mythes et Réalités" qui aborde l'histoire de la sorcellerie en France du XVIIème siècle à aujourd'hui et sous tous ses angles. Avec les peintures comme support de l'imaginaire et les objets qui permettent d'appliquer les recettes magiques.
Un peu plus loin à la campagne et avec une dimension historique, c'est le Festival des Visites Insolites au château de Blandy-les-Tours (77-Seine-et-Marne) du 27 octobre au 1er novembre avec comédiens et conteurs qui entraînent les visiteurs dans les étages du château et dans des espaces habituellement interdits au public. Evidemment, on dit que la forteresse est hantée.
Mais dans la mesure où Halloween est avant tout une fête celtique, c'est en Morbihan au pays de Ploërmel que les amoureux d'histoires magiques iront participer à la 2ème édition de la Semaine du Dragon du 22 au 31 octobre. Pour participer aux randonnées et veillées contées et au fest-noz du Nouvel An celte et célébrer la fée Mélusine. Déguster de la soupe aux herbes du dragon au bar "La Descente du Val sans retour", découvrir la gigantesque chaudière à musique de Roland Becker et le petit monde des fées, lutins, korrigans et grimoires avec l'elficologue Pierre Dubois.
Encore plus au nord, en suivant les programmes de l'agence Gaéland Ashling, on peut se rendre pour un week-end à Belfast et célébrer les 100 ans du Titanic. Ou encore passer un week-end à Edimbourg, la ville écossaise qui célèbre le Nouvel An celte à la fin du mois, est en fête du 22 au 31 octobre et ne manque pas, y compris dans la campagne environnante, de très importantes ressources en châteaux et demeures hantées.
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mardi 27 septembre 2011
OHÉ DU MUSÉE!
A Douarnenez, le Port Musée avec ses 7 bateaux à flot dont 5 visitables est une référence dans toute la Bretagne et sur les côtes en général. D'autant plus qu'il a failli sombrer corps et biens après une première initiative qui s'était soldée par un échec. Désormais, entre les mains du conservateur Kelig-Yann Cotto, héritier de marins, il accueille des milliers de visiteurs tout de suite attirés par les cales, les cordes, les machines et les postes de pilotage scénographiés, très habiles à donner une idée précise de la vie des marins sardiniers qui ont fait autrefois la fortune de Douarnenez.
Mais il ne faut pas manquer, de l'autre côté de la rue, le musée et ses vastes salles avec sa collection permanente de 250 bateaux et 5000 objets qui racontent merveilleusement bien la mer. Et surtout des expositions temporaires d'une qualité rare.
Elles sont au nombre de 3 en ce moment. "Voiles anciennes du Bangladesh" qui dure jusqu'au 2 novembre et qui a déjà été plusieurs fois prolongée. Il est question d'un pays pauvre, soutenu par l'ONG Friendship qui a créé sur place le Musée Vivant du Bateau Traditionnel du Bangladesh dont proviennent objets et maquettes exposés au Port-Musée. Pour l'association, l'idée que le savoir-faire naval des pêcheurs du lieu disparaisse au profit d'embarcations chinoises brutalement importées était insupportable. Pas seulement pour une question de mémoire et de patrimoine, mais surtout parce que les bateaux traditionnels sont des outils adaptés pour survivre dans un pays qui vit entre les fleuves et la mer, en équilibre permanent avec la folie des eaux. Du Brahmapoutre, du Gange, de la Meghna et du golfe du Bengale.
Dans un genre complètement différent, mais tout aussi aventureux, c'est la démarche artistique de Chloé Batissou, fille de la rade de Brest et associée au peintre Matthieu Dorval dont l'œuvre a spectaculairement évolué au fur et à mesure de la mise en place de "Land's end - Terres d'infini" (jusqu'au 2 novembre) qui a conduit les auteurs avec Thomas Dorval, réalisateur infographiste et Hughes Germain artiste sonore à la rencontre des "Finistères", les extrémités nord-occidentales de l'Europe, qui ont co-produit l'exposition. De la Galice à l'Irlande et de la Cornouaille Britannique à la Bretagne.
La troisième exposition en cours, qui est présentée jusqu'au 3 janvier 2012 est d'une facture encore différente. Il s'agit de "Douarnenez à l'aube de la Grande Guerre" à travers les photographies de Georges Bertré. Ce petit fils d'un négociant norvégien est né à la fin du XIXème siècle et a dirigé l'entreprise familiale de matériel de pêche. Mais il cultivait une passion absolue pour la photographie et il a laissé une série de clichés complètement inédits sur 300 plaques de verre dont ses héritiers ont fait don au musée qui les a numérisées. Ce véritable trésor raconte la vie des habitants et ils ont été invités à participer et se raconter en venant se reconnaître sur les photos.
Pour quitter Douarnenez, empruntez le Chemin de la Sardine, un parcours de 17 panneaux qui vont du belvédère des Plomarc'h en surplomb de la baie aux venelles du port de Rosmeur et qui raconte l'histoire sardinière du port de Douarnenez de l'époque gallo-romaine jusqu'à l'installation des conserveries au siècle dernier.
En Bretagne comme au Bangladesh, la mer reste la mer et l'océan, quelques soient les époques a toujours tendance à submerger. En se rendant à la Pointe du Raz, fort opportunément classé désormais Grand Site de France comme la Montagne Sainte Victoire ou encore le Mont Saint Michel, on en mesure toute l'étendue.
Le lieu a été préservé et le vaste parking payant qui s'arrête aux abords et oblige les promeneurs à terminer longuement à pied, représente une manne qui en permet l'entretien. L'île de Sein, que l'on aperçoit au loin est une partie émergée de la bande rocheuse qui prolonge le cap et plonge dans la mer. Elle est menacée par la montée des eaux due aux changements climatiques.
En juillet-août, on peut visiter le phare et c'est le seul avec le phare d'Eckmühl à la pointe de Penmarc'h dans le Sud-Ouest du Finistère qui accueille les visiteurs. Sinon que ce dernier qui mesure 65 mètres (307 marches) et dont le feu porte à 30km est ouvert, lui, jusqu'au 3 novembre. C'est la marquise de Blocqueville, fille du Maréchal d'Empire Davout, nommé prince d'Eckmühl qui en a permis la construction en 1895.
Pour rejoindre ensuite Le Guilvinec et les bateaux de pêche d'Haliotika, il faut absolument suivre la joliment nommée Route du Vent Solaire et ses 13 thèmes historiques. Et faire un petit stop à Pont Croix à l'excellente crêperie l'Epoké pour y déguster une crêpe au beurre de sardine et citron ou une crêpe à l'andouille. Parfaite illustration de la rencontre de la terre et de la mer, de la pêche et de l'élevage du cochon qui ont toujours fait vivre la Bretagne et les Bretons.
Publié par Martine Montémont à 15:16 1 commentaires
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lundi 12 septembre 2011
UN FESTIVAL EN BLANC ET NOIR
A Cannes, on voit les stars monter les marches. A Lyon, pour "Lumière 2011" du 3 au 9 octobre, elles sont dans la salle pour présenter le film et regarder la séance avec les spectateurs.
Certes le Festival du Film de Lyon est encore trop jeune pour attirer Brad Pitt, Georges Clooney ou Julia Roberts. Quoique... Disons plutôt que c'est le style qui ne s'y prête pas pour l'instant.
Là où le cinéma est né, dans un hangar désormais transformé en salle de projection à côté de l'Institut Lumière via la caméra des frères Lumière, le festival a des petits côtés intellos et érudits qui pourraient rebuter un peu le grand public. Et pourtant, c'est un vrai triomphe, une manifestation unique en son genre et qui monte en puissance.
A Lyon et dans les 36 salles où la programmation est projetée - dans une région qui en compte 300 et constitue ainsi le réseau le plus dense de France - on est "dans" le film et les auteurs, metteurs en scène et acteurs, qui se répartissent chaque soir dans les salles, regardent les projections en compagnie du public, en toute simplicité.
Le monde du cinéma adore. On a croisé l'an passé dans les rues de la ville, Claudia Cardinale, Françoise Fabian, Kad Merad, Léa Drucker, Marianne Denicourt, Marina Foïs, Costa Gavras, Marjane Satrapi..., la liste est longue. Et comme il n'y a pas de compétition, les artistes se font un plaisir de venir pour un festival sans tension et hors promo. Que du bonheur!
Avec Lumière 2011, 3ème édition, la ville s'inscrit dans le rôle d'une capitale intellectuelle et culturelle européenne et la programmation est foisonnante avec des rubriques que l'on retrouve chaque année.
Comme ces nuits "total cinéma". Celle de la Bande Annonce et la Nuit de la Science Fiction à la Halle Tony Garnier largement investie par le cinéma du 3 au 9 octobre. Le Temps Retrouvé fait aussi partie des désormais incontournables. En partenariat avec une cinémathèque invitée, celle de Turin en 2011 et les studios (SNC, Studio Canal, World Cinema Foundation...), le Festival Lumière donne à voir des copies neuves ou restaurées d'oeuvres qui font partie du patrimoine du cinéma. "Quai des Brumes" et "Les Enfants du Paradis" de Marcel Carné, "La Horse" de Pierre-Granier Deferre et bien d'autres encore. Rien moins.
Autre occasion de revoir de grands films sur grand écran et en dépassant le format DVD et télé du salon, les "Déjà Classiques", films des années 70 comme "La Fiancée du Pirate" de Nelly Kaplan ou encore "Le Sauvage" de Jean Paul Rappeneau. Et cette année, l'intégrale de l'oeuvre de Jacques Becker. Le mercredi 7 donne l'occasion aux enfants et aux adultes de revoir "La Guerre des Boutons" d'Yves Robert alors même que deux remakes sortent cette semaine sur les écrans.
On l'aura vu, la programmation est étincelante et l'ouverture du festival le 2 octobre à la Halle Tony Garnier ne manquera pas de panache avec la projection de "The Artist" en avant-première, en présence de Jean Dujardin et Bérénice Béjot.
Toutes les places sont vendues 5EUR, ce qui rend l'événement accessible à tous et, pour prolonger le plaisir, Village de jour dans le parc entre la villa et le Hangar du Premier-Film ouvre jusqu'à 22h. On y trouve une grande boutique de DVD classiques, une librairie de cinéma, un restaurant, un espace coiffure Dessange où se retrouvent les festivaliers. En soirée, jusqu'à 3h du matin, tout le monde se donne rendez-vous sur la péniche La Plateforme amarrée sur le Rhône pour y faire la fête et rencontrer les cinéastes et les acteurs. Le dimanche soir, c'est là que se tiendra la fête de fin de festival.
En ouverture, et comme l'an passé, se tiendra sur la place Ambroise Courtois, face à l'Institut Lumière Lyon Brocante Ciné Photo avec une soixantaine d'exposants venus pour vendre et échanger appareils photos, caméras, affiches, photos livres, matériels de projection...
Reste que le clou de l'affaire est la remise du Prix Lumière. Thierry Frémaux, qui préside aux destinées du Festival comme à celles de celui de Cannes, avait fait très fort pour la première édition en le remettant au grand Clint Easwood et l'an passé à un de ses meilleurs défenseurs en la personne de Milos Forman qui en a profité pour dire que, pour lui, il y avait un "avant Lumière" et un "après Lumière", comme on parle de Jésus-Christ et que "s'il y avait beaucoup d'Oscars, il n'y avait pas beaucoup de Prix Lumière!"
En 2011, le côté "noir" de cette édition brillante qui projette tout de même beaucoup de couleur, c'est le 3ème Prix Lumière. Sans doute fallait-il remettre le prix à un Français, à un acteur, éviter les réalisateurs anglo-saxons... Ce sera Gérard Depardieu, dont on reverra avec plaisir, à la remise du prix le 8 octobre, la formidable prestation dans "La Femme d'à Côté" de Truffaut avec Fanny Ardant et, en clôture du Festival "Cyrano de Bergerac" en sa présence, celle de Vincent Pérez et du réalisateur Jean-Paul Rappeneau.
Pas question ici de contester son talent, mais il est difficile de ne pas tenir compte aussi de sa grossièreté. Nombre de personnels d'hôtels en savent quelque chose et les hôtesses de l'air aussi quand il vide sa vessie dans un avion devant tout le monde. Mais pour qui se prend-il? Et pour qui, surtout, le laisse-t-on se prendre en souriant avec indulgence?
Certes dira-t-on, les artistes sont ainsi et ce n'est pas d'hier. On est habitué à leur débordements en tout genre et on ne va pas jouer les bégueules. Mais il existe peut-être d'autres terrains d'expression que le "pipi-caca" qui commence d'ailleurs à avoir des heures de vol depuis le temps que Canal Plus nous le sert à l'apéritif. Il y a 20 ans, ça faisait affranchi, maintenant, c'est franchement daté. Et puis, pourra-t-on désormais se rendre dans n'importe quel pays du globe sans s'entendre dire qu'un Français, c'est quelqu'un qui sort son "machin" à n'importe quel propos. Pour pisser devant tout le monde ou lutiner les femmes de chambre. Bonjour la honte!
Publié par Martine Montémont à 15:50 0 commentaires
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mardi 30 août 2011
L'ARDECHE HORS LES GORGES
On n'en a jamais tout à fait fini avec une région. Après avoir l'an passé dégusté les AOC Côtes du Rhône, les AOC Côtes du Vivarais, les IGP Ardèche et suivi les berges des somptueuses Gorges de l'Ardèche qui sentent bon le Midi, tumultueux et attachant, on se dit que, mis à part l'évolution des millésimes, on pourrait bien avoir fait le tour de la question. Que nenni, l'Ardèche du sud (et encore, on n'a pas exploré le Haut Vivarais...) a d'autres ressources que les rapides et les canoës.
Nos pas nous conduisent cette année hors les Gorges de l'Ardèche et du Pont d'Arc, soigneusement évité en la circonstance. Le vin est toujours présent, mais il a choisi d'autres voies. Il furète du côté de l'Aven d'Orgnac qu'il transformerait bien en caves (13° constants!), vers le Palais des Evêques de Bourg Saint Andéol dans lequel les vins se dégustent dans les cuisines monumentales et sur la terrasse qui domine le Rhône ou encore au Pradel, domaine viticole lui-même et champ d'expérimentation du 1er agronome français, Olivier de Serres. On y va...
Derrière la porte rouge qui ferme les hauts murs de clôture du Jardin du Palais des Evêques de Bourg-Saint-Andéol se dissimule une délicieuse roseraie ancienne. Le palais aux 100 pièces est ouvert aux visiteurs jusqu'au 25 septembre, mais dans les salles de réception et les grandes cuisines, on organise aussi des séminaires et des dégustations de cuisine médiévale sont, si l'on ose dire, "sur le feu" pour la fin de l'année. Plus de 40 évêques, dont Mazarin, dont on peut encore admirer la chambre, ont vécu dans ce palais qui se caractérise par sa monumentale façade gothique. Ne pas manquer les plafonds à la française peints dans la chambre de l'évêque qui datent de 1638, la chapelle de style néo-gothique du XIXème siècle et les toiles du musée René Margotton.
Le Palais des Evêques, classé Monument Historique depuis 1946 est une propriété privée depuis l'an 2000. Il a été procédé à sa réhabilitation avec le soutien de l'Association "Palais des Evêques" ce qui a donné aux lieux une vigueur nouvelle en les ouvrant plus largement au public. On retrouve ce genre de dynamisme au Château du Haut Koenigsbourg en Alsace et au Château de Langeais en Touraine. Les initiatives privées, dans ce cas précis, redonnent leur lustre et leur intérêt à des monuments presque oubliés.
L'Aven d'Orgnac fait partie des Grands Sites de France. Tout comme la Baie de Somme et la Pointe du Raz, cette dernière dont j'aurais prochainement l'occasion de vous parler.
Dans les salles grandioses que l'on n'éclaire qu'au fur et à mesure de l'avancée des visites pour préserver les stalactites et stalagmites géantes, on peut observer le centre de la terre (enfin, du moins ce qui nous en est accessible) comme l'a découvert Robert de Joly sur les traces d'Edouard-Alfred Martel le 19 août 1935. La salle qui porte son nom avec ses "piles d'assiettes", la salle du Chaos et ses draperies, la Salle Rouge à 130m de profondeur et ses sapins d'argile sont autant d'illustrations de la créativité des millions de gouttes d'eau qui sculptent les concrétions. Malgré les photos somptueuses, les vidéos évocatrices tournées dans le gouffre, il est impossible de se rendre compte de l'effet d'ampleur produit si on ne se rend pas sur place. C'est une des caractéristiques particulière des lieux.
Savoir aussi que seule une toute petite partie de la grotte est ouverte au public. Pour les passionnés de spéléo, l'Odyssée Souterraine par petits groupes propose une avancée plus sérieuse. La majorité de la grotte constitue une réserve naturelle intouchable.
Au Domaine du Pradel, c'est la main de l'homme qui fait le spectacle. Transformé désormais en Lycée Professionnel Agricole, ce qui fut le jardin du 1er agronome français Olivier de Serres, est ouvert au public depuis cet été 2011. Né à Villeneuve-de-Berg en 1539, ce génie de la nature énonçait des vérités toujours d'actualité de nos jours et passionne les amateurs qui ont retrouvé le goût des plantations y compris sur leurs balcons. Son ouvrage «Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs» (publié à nouveau chez Actes Sud en vieux français accessible), dont Henri IV a permis l'édition, a connu un succès fulgurant. Il est considéré aujourd'hui comme la première encyclopédie agricole des temps modernes.
Parmi les vérités annoncées et citées en français, mâtiné de langue d'oc qui était celle de l'auteur "Un mesme plant de vigne, mis en divers lieux, produira autant de diverses sortes de vins, que diversement ils seront logés" ou encore "(La terre-à-vigne) de la montaigne ou trop droite pente, sera adoucie par murailles traversantes, appellées bancs et colles qu'à pierre sèche, pour l'espargne, on y bastira en plusieurs endroits, près-à-près l'une de l'autre . " Qui oserait prétendre le contraire!
L'actuel Domaine du Pradel est construit à l'image des chapitres - appelés "lieux" du livre. Le bouquetier et ses fleurs et plantes d'agréments dont les tomates; les légumes à feuilles et racines dont les cartoufles, c'est à dire les pommes de terre qu'il fut l'un des premiers à planter; les médicinales; le bétail; le jardin; l'eau et les bois avec une prise d'eau à la rivière, le Gazel, distante de 900m et sa citerne enterrée et la transformation des produits. C'est à dire plus ou moins les recettes comme dans tout ouvrage du genre qui se respecte. Au Pradel, on déguste le tartre de massepan, un biscuit à base de sucre, d'amandes et d'eau de rose. L'allée de platanes, d'époque, est classée Monument Historique.
Le Pradel est aussi un domaine viticole sud ardéchois typique qui cultive tous les cépages de référence et dispose d'une salle de dégustation. Dans son ouvrage, Olivier de Serres qui consacre un "lieu" entier à la vigne et au vin, conseille, en cas de gel "de brûler de la paille humide entre les rangs au petit matin" et, en cas de grêle, contre laquelle on ne peut prendre aucune précaution, de tailler et d'attendre la récolte suivante. Difficile de manifester plus grande sagesse. Il précise aussi que s'il est un cépage typiquement ardéchois, c'est bien le chatus. Longtemps éclipsé par le merlot et la syrah, il est replanté dans les environs de Joyeuse et les vignerons ont entamé une démarche pour obtenir l'AOC.
AOC Côtes du Rhône et Côtes du Vivarais, IGP Ardèche, les vins d'Ardèche méridionale se caractérisent par leur excellent rapport qualité-prix en vertu d'une démarche en direction de l'amélioration. On peut apprendre à mieux les connaître en visitant Vinimage, le musée qui leur est consacré à Ruoms.
Premier terroir pour les vins de cépage et détenteurs de l'IGP, label européen qui a remplacé les vins de pays, ils grandissent là où les Romains qui savaient ce qu'ils faisaient, ont planté des vignes autour de la cité d'Alba, il y a 2000 ans. L'avenir a toutes les raisons de leur appartenir.
Coups de Coeur
D'un site à l'autre, nous avons procédé à la dégustation d'une cinquantaine d'échantillons pré-sélectionnés par Alain Rosier, Meilleur Sommelier de France 76 et Meilleur Sommelier du Monde 86 " Médaille de bronze".- En AOC Côtes du Rhône
- Les 3 Saints Grande Réserve 2007 de la Cave Coopérative de Saint Just Saint Marcel de Philippe Dorthe et Claude Allègre (un autre...)
Grenache 50% Syrah 40% et Carignan 10% (moins de 5€ la bouteille)
- Notre Dame de Cousignac 2009 - Domaine de Notre Dame de Cousignac. Grenache 63%, Syrah 32%, Counoise 5%. Moins de 8€ la bouteille. - AOC Côtes du Vivarais Rouge
- Rouge 2007. Domaine de La Boisserelle. Syrah 80% - Grenache 20%. 3,90 € la bouteille. - IGP Ardèche Coteaux de l'Ardèche
- Blancs
- Champ de la Fare - Domaine Alain Dumarcher. Viognier 5,80€.
- Grand Ardèche 2008 - Maison Louis Latour. Chardonnay 8,90€. - Rouges
- Chris 2007 - Domaine de Bournet. Cabernet sauvignon, Merlot, Syrah. 9,50€ la bouteille. - Liquoreux
Ninon 2009 - Cave Coopérative d'Alba la Romaine. Muscat blanc petits grains. 11,80€.
- Blancs
Publié par Martine Montémont à 15:31 2 commentaires
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mercredi 27 juillet 2011
LA MER SUR UN PLATEAU
Il s'agit là du plateau d'une scène et non pas de celui des fruits de mer. La mise en scène des côtiers, les pêcheurs qui rentrent au port du Guilvinec, chaque soir vers 17h et qui font le spectacle pour les centaines de touristes, amoureux de la mer et en visite au bout du bout de la terre de France, le Finistère... Ils envahissent la vaste terrasse d'Haliotika, la cité de la pêche ouverte depuis le printemps 2010 et couverte, depuis, de récompenses touristiques. Là, ils mitraillent avec les numériques et les portables, filment les caisses de poissons et de langoustines juste pêchés.
Haliotika, c'est le must de cette région du Finistère sud, là où il fait plus doux qu'au nord (+3°) et où l'on chemine de petites villes en petites villes qui vivent de la pêche et du tourisme, un peu aussi de l'agriculture et d'artisanat industriel (biscuiteries, vêtements de sport…). Douarnenez, Concarneau, mais aussi Pont Aven, célèbre pour ses peintres, venus là parce que, fauchés, ils avaient trouvé la vie moins chère qu'à Barbizon et autour de Paris. Ils y ont rencontré l'inspiration. Bénodet, Sainte Marine, ce sont les ports touristiques de cette belle contrée où la floraison des hortensias de toutes les couleurs ne ménage pas sa peine. C'est aussi un peu le Saint Tropez breton. On y reviendra... La pêche et les pêcheurs sont le sujet de ce sujet.
Mais le nord ne cède en rien au sud, au niveau de l'intérêt touristique dans un département qui en formait deux il n'y a pas si longtemps et qui détient le record des grands sites naturels à visiter. Brest, par exemple, qui vaut mieux qu'une reconstruction mal menée, mais avec un enthousiasme redoutable, par son architecte d'après guerre!La ville attire beaucoup de monde et il fait bon y vivre comme l'expliquait cette jeune femme dans l'avion. Elle y est installée depuis 3 ans et apprécie sa vie culturelle intense, le charme des sites de l'Arsenal et tout ce qui vibre et bouge dans la plus grande ville du Finistère. D'ailleurs, au départ et retour de Lyon et Paris sur les vols quotidiens d'EasyJet, les avions sont pleins et, en dehors des touristes qui s'y pressent de plus en plus nombreux, il ne faut pas oublier non plus que Paris est la ville la plus peuplée de Bretagne. Ou plutôt de Bretons. D'où le résultat...
Mais s'il est un lieu qu'il ne faut pas manquer à Brest c'est Océanopolis, le Centre de Culture Scientifique et Technique de la Mer créé depuis un peu plus de 20 ans. Il s'agit d'un parc de découverte des océans unique en Europe et qui s'est opportunément installé dans la rade du port particulièrement en raison du fait que 60% des chercheurs et ingénieurs océanographiques français s'y trouvent. Avec une exposition permanente sur les mammifères marins (120 espèces au monde) et "Océans de Vies ", une exposition temporaire dans le Pavillon de la Biodiversité qui dure jusqu'en 2012, la structure est le fer de lance du développement touristique de la région. On passe des heures à Océanopolis à la découverte des différents pavillons et de leurs habitants. Tempéré, Polaire et Tropical. Au début de l'été 4 poussins papous sont nés dans la manchotière. Tout cela pour dire que la vie marine y est vibrante et vibrionnante.
A noter que, comme tous les 4 ans, Brest se prépare pour sa grande fête maritime du 13 au 19 juillet 2012, baptisée désormais les "Tonnerres de Brest", en hommage certes, au Capitaine Haddock, mais aussi aux origines du juron en question. Quand un bagnard s'échappait, on faisait tonner le canon pour avertir les habitants.
Revenons à nos moutons ou plutôt à nos poissons et pêcheurs "côtiers ", qui partent pour la journée, mais aussi "hauturiers " qui restent 14 jours en mer et dont le ballet des bateaux de retour dans le soleil couchant du port du Guilvinec est absolument grandiose. Chacun vient se ranger à quai, décharge sa cargaison en 2 temps, 3 mouvements et repart se garer à son attache. Après, il y aura le spectacle de la criée auquel le public est convié sur inscription préalable.
Christiane Vatier, enthousiaste responsable aux côtés de Gaétane Launay, insiste: Haliotika n'est pas un musée, ce qui n'est ni un défaut, ni une qualité (en la matière, le Port Musée de Douarnenez, dont je vous parlerai un peu plus tard, remplit cet office avec brio). C'est un lieu malin, qui a su faire une attraction avec l'activité pêche qui passionne les foules et suscite beaucoup de curiosité.
Dans l'espace exposition, on découvre, avant ou après le retour des chalutiers, la pêche d'aujourd'hui et ses acteurs. Johan, le côtier et Philippe, le hauturier qui sont en mer et dont les portraits grandeur nature accueillent le visiteur pour lui raconter leurs journées. Leurs épouses disent aussi, en vidéo, la vie des femmes de marins. Tout y est, la flotte du Guilvinec en miniature, les filets, le poste de pilotage reconstitué avec ses ordinateurs et le bruit des flots qui battent les flancs du bateau et même la pêche d'hier racontée par Claude Garo, côtier retraité avec l'exposition de ses cahiers d'écolier soigneusement conservés qui datent du temps où il apprenait à faire des noeuds!
Ensuite, c'est la criée. Le temps où le commissaire hurlait pour vendre les cargaisons est révolu, mais les enchères, qui figurent sur un tableau électronique télécommandé, restent descendantes et la tension est extrême pour emporter un lot à son meilleur prix, au risque soit de le payer trop cher, soit de se le voir passer sous le nez. Mais des cris, il y en a tout de même, ce sont les voix de Philippe, Valérie, Anastasia, Anna, les guides d'Haliotika qui expliquent le fonctionnement et présentent les espèces pêchées aux visiteurs. La plupart des filles sont étudiantes en job d'été, mais elles racontent fort bien comment la lotte, quand elle a toute sa tête, s'appelle la baudroie. Et aussi à faire la différence entre sole et limande sole, à comprendre pourquoi ces espèces qui naissent avec un œil de chaque côté de la tête se retrouvent ensuite avec les 2 du même côté!
Dans le souci d'être "live " Haliotika propose de nombreuses animations et visites. En dehors de la criée de début de soirée, il y a aussi celle du retour des hauturiers qui se tient à... 5h30 du matin! Celle de la nuit à laquelle on assiste après avoir dégusté une soupe de poissons, les sorties "Pêche en mer " à bord d'un chalutier ou à bord d'un canot de sauvetage de la SNSM pour découvrir le travail de ces "urgentistes " de l'océan, la pêche à pied, la dégustation de langoustines après la criée...
La "criée qui crie ", comme autrefois, Simon de Concarneau qui fait le guide dans le port thonier depuis 1993, la reproduit lui-même, comme au théâtre, pour les groupes auxquels il raconte la mer et son port. Fils de patron pêcheur, il a toutes ses entrées à bord des chalutiers et propose même des visites aux touristes en y mettant les précautions qu'il faut. Car gagner la confiance et la garder consiste surtout à ne pas la trahir.
Sa petite société baptisée "A l'Assaut des Remparts" propose un programme très éclectique. Visite de la biscuiterie Traou Mad, de la brasserie artisanale Britt, des Viviers de la Forêt avec dégustation d'huîtres à volonté et de la criée bien sûr, à toute heure de la nuit ou du petit jour.
Dans la ville close, dont les remparts du XIVè siècle ont été reconstruits au XVIème siècle puis modifiés par Vauban, il est, si l'on ose dire, comme un poisson dans l'eau. Il raconte les peurs ancestrales des agressions, de la maladie et des intempéries et comment on les affrontait avec les créneaux, les meurtrières, les armes. Il dit, comme on le sait bien, qu'elles existent toujours, mais que les outils comme les caméras et les portables ont remplacé les ressources d'autrefois. Et reconnaît, avec moi-même qui le pense depuis longtemps, à quel point la haute mer et la haute montagne se ressemblent dans leur rapport avec les hommes qui ont une âme d'aventuriers. D'ailleurs, et pour appuyer le propos, certains chalutiers du port de Concarneau s'appellent "Galibier ", "Lautaret ", "Tourmalet ".
Au patron pêcheur auquel il nous présente, il précise "ce sont des journalistes qui viennent de la montagne ". Je corrige "Non, non, nous venons juste de Lyon! " Et le marin de répondre aussitôt "Ben oui, de la montagne ". En haussant légèrement les épaules... Evident.
P.S.: Pendant le mois d'août, French-Tourisme dort d'un oeil. Cet édito breton restera à la "Une " jusque vers la fin du mois. Ensuite, nous nous rendrons en Ardèche, en Franche-Comté et à nouveau en Bretagne pour y passer l'arrière-saison. En même temps, il sera question du Festival Lumière qui aura lieu à Lyon avec Gérard Depardieu, du 3 au 9 octobre. Nos actus seront réactualisées au rythme habituel tout l'été. Bonnes vacances!
Publié par Martine Montémont à 19:05 0 commentaires
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mardi 12 juillet 2011
AU PAYS DES CHORÉGIES
La cave et les vignes de Rasteau ont la pêche! Et plus encore depuis que le Conseil Supérieur de l'Oenotourisme, présidé par Paul Dubrule, co-fondateur du groupe Accor, lui a décerné le "Coup de Coeur" de son prix national fin juin à Paris. Ce qui apparaît aujourd'hui comme une évidence pour ce caveau flambant neuf qui ne ménage pas sa peine en restant ouvert tous les jours, toute l'année et en dynamisant en permanence tous les acteurs du tourisme de la région.
Hôtels, restaurants, producteurs locaux dont la grande spécialité consiste, entre autres, dans la production de l'huile d'olive et la récolte des truffes noires en hiver.
Ce formidable dynamisme trouve naturellement son apothéose chaque année avec les Chorégies d'Orange, le plus ancien festival français (il date de 1869...) qui durent jusqu'au 2 août et attirent une clientèle cultivée et raffinée, même si elle n'hésite pas à s'installer plus de 3 heures sur les gradins de pierre du Théâtre Antique d'Orange, un des plus beaux monuments français de l'époque romaine remarquablement conservé. Cette année, après Aïda, mis en scène par Charles Roubaud qui ne compte plus le nombre de fois où il a visité l'oeuvre du génial Verdi, ce sera Rigoletto. Les amateurs d'Opéra passent tranquillement 3 semaines dans la région. Ils ont leurs adresses. On les a aussi!
En dehors des représentations, ils en profiteront pour découvrir aussi l'exposition Un siècle de spectacles organisée jusqu'au 27 février 2012 pour célébrer les 40 ans des Chorégies.
Séjourner dans la région implique donc une petit tour à la fameuse Cave de Rasteau plantée dans ses champs de vigne, face aux dentelles de Montmirail, avec, ça et là, des vestiges de l'époque romaine comme à Camaret et évidemment Vaison la Romaine. Animations à longueur d'années organisées par Corine Aujogues en étroite relation avec Martine Boulard, responsable de la cave. Balades guidées, journées à thème, ateliers Traditions de Provence qui racontent la figue, l'amande, le boutis et les santons à tour de rôle. La Nuit du Vin, le 14 août n'est qu'un des points d'orgue des animations qui se déroulent à jet continu.
Au Pré du Moulin la table de Pascal Alonso, qui avant de s'installer à Sérignan-du-Comtat et d'y obtenir une étoile Michelin, a fait la réputation des cuisines du Château de Rochegude dans la Drôme et d'autres maisons prestigieuses, on marie les vins du caveau avec des plats succulents. Cet homme là fait de la vraie cuisine, odorante, fine, aux saveurs nettes et harmonieuses.
Rien à voir avec la cuisine d'assemblage et les cartes intellectuelles de la cuisine de concours. Avec la cassolette d'encornets en cocotte à la provençale, Damien, le maître d'hôtel sommelier sert un Côtes du Rhône Les Viguiers 2010, le seul vin blanc de la Cave de Rasteau, un vin blanc de pays issu de grenache blanc, de clairette et bourboulenc et dont la consommation reste locale.
Sur la terrasse ou dans la salle qui était autrefois le préau de l'école, les clients se laissent gâter par l'enthousiasme et la générosité d'une équipe de très jeunes gens emmenée aussi par Romain, l'autre maître d'hôtel, très soucieux de bien faire. Même la chatte Clochette, une rouquine culottée qui n'hésite pas à réclamer sans gêner, s'épanouit dans cette maison du bonheur. Dont les propriétaires, Pascal et Caroline (elle aussi en cuisine) vont refaire une à une les chambres à l'automne pour conquérir encore une autre dimension quand viendra la saison de la truffe.
Publié par Martine Montémont à 17:01 0 commentaires
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