lundi 12 septembre 2011

UN FESTIVAL EN BLANC ET NOIR



A Cannes, on voit les stars monter les marches. A Lyon, pour "Lumière 2011" du 3 au 9 octobre, elles sont dans la salle pour présenter le film et regarder la séance avec les spectateurs.

Certes le Festival du Film de Lyon est encore trop jeune pour attirer Brad Pitt, Georges Clooney ou Julia Roberts. Quoique... Disons plutôt que c'est le style qui ne s'y prête pas pour l'instant.

Là où le cinéma est né, dans un hangar désormais transformé en salle de projection à côté de l'Institut Lumière via la caméra des frères Lumière, le festival a des petits côtés intellos et érudits qui pourraient rebuter un peu le grand public. Et pourtant, c'est un vrai triomphe, une manifestation unique en son genre et qui monte en puissance.

A Lyon et dans les 36 salles où la programmation est projetée - dans une région qui en compte 300 et constitue ainsi le réseau le plus dense de France - on est "dans" le film et les auteurs, metteurs en scène et acteurs, qui se répartissent chaque soir dans les salles, regardent les projections en compagnie du public, en toute simplicité.

Le monde du cinéma adore. On a croisé l'an passé dans les rues de la ville, Claudia Cardinale, Françoise Fabian, Kad Merad, Léa Drucker, Marianne Denicourt, Marina Foïs, Costa Gavras, Marjane Satrapi..., la liste est longue. Et comme il n'y a pas de compétition, les artistes se font un plaisir de venir pour un festival sans tension et hors promo. Que du bonheur!

Avec Lumière 2011, 3ème édition, la ville s'inscrit dans le rôle d'une capitale intellectuelle et culturelle européenne et la programmation est foisonnante avec des rubriques que l'on retrouve chaque année.

Comme ces nuits "total cinéma". Celle de la Bande Annonce et la Nuit de la Science Fiction à la Halle Tony Garnier largement investie par le cinéma du 3 au 9 octobre. Le Temps Retrouvé fait aussi partie des désormais incontournables. En partenariat avec une cinémathèque invitée, celle de Turin en 2011 et les studios (SNC, Studio Canal, World Cinema Foundation...), le Festival Lumière donne à voir des copies neuves ou restaurées d'oeuvres qui font partie du patrimoine du cinéma. "Quai des Brumes" et "Les Enfants du Paradis" de Marcel Carné, "La Horse" de Pierre-Granier Deferre et bien d'autres encore. Rien moins.

Autre occasion de revoir de grands films sur grand écran et en dépassant le format DVD et télé du salon, les "Déjà Classiques", films des années 70 comme "La Fiancée du Pirate" de Nelly Kaplan ou encore "Le Sauvage" de Jean Paul Rappeneau. Et cette année, l'intégrale de l'oeuvre de Jacques Becker. Le mercredi 7 donne l'occasion aux enfants et aux adultes de revoir "La Guerre des Boutons" d'Yves Robert alors même que deux remakes sortent cette semaine sur les écrans.

On l'aura vu, la programmation est étincelante et l'ouverture du festival le 2 octobre à la Halle Tony Garnier ne manquera pas de panache avec la projection de "The Artist" en avant-première, en présence de Jean Dujardin et Bérénice Béjot.

Toutes les places sont vendues 5EUR, ce qui rend l'événement accessible à tous et, pour prolonger le plaisir, Village de jour dans le parc entre la villa et le Hangar du Premier-Film ouvre jusqu'à 22h. On y trouve une grande boutique de DVD classiques, une librairie de cinéma, un restaurant, un espace coiffure Dessange où se retrouvent les festivaliers. En soirée, jusqu'à 3h du matin, tout le monde se donne rendez-vous sur la péniche La Plateforme amarrée sur le Rhône pour y faire la fête et rencontrer les cinéastes et les acteurs. Le dimanche soir, c'est là que se tiendra la fête de fin de festival.

En ouverture, et comme l'an passé, se tiendra sur la place Ambroise Courtois, face à l'Institut Lumière Lyon Brocante Ciné Photo avec une soixantaine d'exposants venus pour vendre et échanger appareils photos, caméras, affiches, photos livres, matériels de projection...

Reste que le clou de l'affaire est la remise du Prix Lumière. Thierry Frémaux, qui préside aux destinées du Festival comme à celles de celui de Cannes, avait fait très fort pour la première édition en le remettant au grand Clint Easwood et l'an passé à un de ses meilleurs défenseurs en la personne de Milos Forman qui en a profité pour dire que, pour lui, il y avait un "avant Lumière" et un "après Lumière", comme on parle de Jésus-Christ et que "s'il y avait beaucoup d'Oscars, il n'y avait pas beaucoup de Prix Lumière!"

En 2011, le côté "noir" de cette édition brillante qui projette tout de même beaucoup de couleur, c'est le 3ème Prix Lumière. Sans doute fallait-il remettre le prix à un Français, à un acteur, éviter les réalisateurs anglo-saxons... Ce sera Gérard Depardieu, dont on reverra avec plaisir, à la remise du prix le 8 octobre, la formidable prestation dans "La Femme d'à Côté" de Truffaut avec Fanny Ardant et, en clôture du Festival "Cyrano de Bergerac" en sa présence, celle de Vincent Pérez et du réalisateur Jean-Paul Rappeneau.

Pas question ici de contester son talent, mais il est difficile de ne pas tenir compte aussi de sa grossièreté. Nombre de personnels d'hôtels en savent quelque chose et les hôtesses de l'air aussi quand il vide sa vessie dans un avion devant tout le monde. Mais pour qui se prend-il? Et pour qui, surtout, le laisse-t-on se prendre en souriant avec indulgence?

Certes dira-t-on, les artistes sont ainsi et ce n'est pas d'hier. On est habitué à leur débordements en tout genre et on ne va pas jouer les bégueules. Mais il existe peut-être d'autres terrains d'expression que le "pipi-caca" qui commence d'ailleurs à avoir des heures de vol depuis le temps que Canal Plus nous le sert à l'apéritif. Il y a 20 ans, ça faisait affranchi, maintenant, c'est franchement daté. Et puis, pourra-t-on désormais se rendre dans n'importe quel pays du globe sans s'entendre dire qu'un Français, c'est quelqu'un qui sort son "machin" à n'importe quel propos. Pour pisser devant tout le monde ou lutiner les femmes de chambre. Bonjour la honte!

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