Photo: Le Massif de Charlevoix / I.Toulouse. |
C'est un géant impressionnant qui en a mis plein la vue aux Français, Jacques Cartier puis Samuel de Champlain quand ils l'ont reçu en pleine figure alors qu'ils cherchaient les Indes. Le "monstre" que les Québecois appellent "la mer" à l'embouchure parce qu'ils n'en voient pas le bout, brasse les glaces une bonne partie de l'hiver alors même que ses eaux sont salées jusqu'à l'île d'Orléans, en raison des marées qui remontent jusqu'à Trois-Rivières en amont de la ville de Québec.
Ski et luge dans le massif de Charlevoix
On est seulement à 70 km de Québec, ce qui revient à dire que les amateurs de glisse peuvent s'en donner à cœur joie pendant une bonne partie de l'année. D'autant que les pistes des stations là-bas sont éclairées et ouvrent jusqu'à 22h. C'est à dire que l'on peut en profiter après le travail. Avec un nombre impressionnant de rivières qui font tourner les turbines pour Hydro Québec, on ne regarde pas trop à la dépense en matière d'électricité.
On est très fiers d'annoncer 770m de dénivelé. Ce qui aurait de quoi faire sourire les stations des Alpes, des Pyrénées et même celles du Massif Central et du Jura. Sauf que, dans le Massif, la neige ne manque jamais, même si l'on devine ça et là des canons à neige le long des pistes par mesure de précaution.
Car les précipitations sont abondantes et, sur le même 45ème parallèle, le climat n'est pas du tout le même qu'en Europe de l'Ouest. Là où le Gulf Stream réchauffe nos côtes et notre atmosphère, le courant froid du Labrador livre ses frimas au sud du Québec. Plus haut, ce sont les territoires du Nord avec une densité de population qui atteint rarement les deux chiffres.
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A l'arrivée, ils empruntent les "chaises" (les télésièges) et les "gondoles" (les télécabines) et dévalent ensuite, parmi les sapins, des pistes de tous les niveaux avec l'immensité du fleuve en perspective. Ou encore une piste de luge de 7,5km de long, accessible à tous et depuis laquelle, on s'en met plein les yeux, en s'imaginant qu'on ne va s'arrêter qu'au bord de l'eau.
Les très actifs dirigeants de Tourisme Québec avec la Commission Canadienne du Tourisme qui accueillent déjà là une clientèle locale, mais aussi américaine (New York n'est qu'à 800 km) et une belle clientèle européenne raffinée et fidèle, se sont laissés aller à comparer le prix d'un séjour à la neige dans le massif de Charlevoix avec celui d'une semaine dans les Alpes au départ de Paris, avion compris avec Air Canada, Air France ou Air Transat , ce dernier étant souvent le plus avantageux.
Ils se sont rendus compte que le résultat était à peu près le même et que le ski à Québec est assurément plus dépaysant... Et le dollar canadien, dont la parité est favorable pour nous, fait le reste.
Le train, la voiture et la motoneige
Au départ de Baie-Saint-Paul, avec Aventure Laurentienne , on pratique aussi la motoneige jusqu'aux confins de l'arrière-pays, là où commencent les "hostilités" naturelles.
Au loin, le fleuve est toujours présent et, les années où il est tombé du verglas qui forme une croûte à la surface de la neige, on peut même croiser des orignaux. Les grands cervidés préfèrent emprunter la piste de motoneige plutôt que se blesser les pattes au-dessus des sabots en s'enfonçant dans la glace coupante comme du verre.
Là aussi, il s'agit d'une activité accessible à tous. On vous prête même la tenue: pantalon, gants, parka, casque, bottes de moto et de neige. Et si l'on n'ose pas et que l'on craint le bond de la moto au démarrage, on grimpe derrière Philippe ou l'un de ses guides.
Les beautés de la Malbaie
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Le lieu est chargé d'histoire géologique lointaine. Celle qui raconte la nuit des temps. C'est un astéroïde de 15 milliards de tonnes, tombé sur terre, il y a environ 350 millions d'années à la vitesse de 15 km/seconde qui a sculpté le paysage sur 56 km entre Baie-Saint-Paul et la Malbaie. En même temps, la région de Charlevoix qui s'étend sur 6000 km2 au cœur même du Bouclier Canadien est un plateau granitique qui constitue le plus ancien sol de la terre. Ça impressionne!
Des fenêtres de l'Auberge des 3 Canards , on découvre la baie glacée. Cet hôtel de charme n'a pas été ainsi baptisé parce que l'on y chassait le palmipède, mais parce qu'il était la résidence de 3 médecins. Des "docs", devenus des "ducks" au nom du joyeux mélange des langages. Ils ont leur statue dans le parc.
On y déguste de formidables petits déjeuners. Un pain doré brioché à la vanille avec des fruits de saison, de nécessaires et obligées crêpes au beurre d'érable, un œuf poché à la florentine sur paillasson de pommes de terre au saumon fumé de l'Auberge. Et des spécialités locales qui apportent la preuve que la gastronomie québecoise et les produits qui la composent se porte bien et même très bien.
Le chef du Fairmont Le Manoir Richelieu Patrick Turcot est un des principaux acteurs de l'aventure culinaire qui se fait l'été à bord du train qui rallonge son parcours et conduit jusqu'à Québec. Une expérience sur laquelle il conviendra prochainement de s'attarder.
On peut aussi suivre le fleuve été comme hiver par la route qui le longe et permet de s'arrêter et de musarder à sa guise. Il s'agit de l'une des plus belles routes panoramiques de l'Amérique du Nord.
La course en canots du Bassin Louise
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Il ne faut surtout pas manquer cette compétition inouïe au cours de laquelle s'affrontent des équipes de professionnels, des amateurs culottés, des équipes féminines, sponsorisées par les commerçants de la ville.
On pagaie le long du fleuve quand il y a de l'eau et dès que la glace se met à prendre toute la place et empêche d'avancer, on met pied "à terre", c'est à dire que l'on laisse une jambe dans le canot et que l'on pousse énergiquement avec les bottes à crampons agrippées dans la glace. Tout cela pour rejoindre la balise qu'il faut toucher pour avoir le droit de refaire le chemin en sens inverse sous l'œil placide de l'énorme brise-glace qui surveille les opérations.
Pendant ce temps là, les spectateurs chaudement vêtus, gantés, bottés, hurlent leurs encouragements alors qu'il fait -20° au thermomètre, et ne manqueraient le spectacle pour rien au monde.
Ils sont fous ces Québecois! Au moins autant que les Gaulois. Il faut dire qu'ils sont aussi faits du même bois. Tabernak!