vendredi 3 octobre 2014

PRÉCOCES CHÂTAIGNES

Kastanjer, Châtaignes, Chestnuts by Guillaume Baviere / flickr (CC BY 2.0)

Il y a encore quelques années, les Castagnades qui célèbrent la châtaigne dans les Monts d’Ardèche avaient lieu de mi-octobre à mi-novembre. Mais depuis quelques temps, le temps des bogues qui éclatent en libérant le fruit et des rôties au coin de la cheminée a remonté le calendrier et leur maturité est plus précoce

La fête s’adapte donc et c’est du 4 octobre au 2 novembre que 11 villages ardéchois célèbrent la châtaigne chaque week-end en rivalisant d’imagination. Lentillères et Aillon ouvrent le bal ce week-end des 4 et 5 octobre et le 2 novembre Gluiras fermera la marche.

Entre temps, on pourra se rendre à la rencontre de la châtaigne à Jaujac, à Joyeuse, à Antraigues où vécu longtemps Jean Ferrat, dans le ravissant village de Chalencon et quelques autres.

Les Mobilettes, Café Frappé !
Voir la vidéo... (3:19)
En guise de fil rouge, la Compagnie des Mobilettes, constituée de Judith et Lily, jolies danseuses vêtues et maquillées à la mode des années 50, viendra s’installer à la terrasse des cafés pour interpréter Café Frappé et tout leur répertoire sur des airs de mambo, boogie-woogie et autres rythmes entraînants.

Le dur labeur du castanéiculteur

La production du fruit de l’arbre à pain, qui a évité la famine à la population pendant de nombreux et durs hivers a été quasi éradiquée au milieu du 20ème siècle. En raison de l’exode rural, mais aussi des deux guerres qui ont cassé les bras des travailleurs en décimant les soldats que l’on avait arrachés à leurs terres.

Ajoutez à cela des maladies et c’est ainsi que l’on est aujourd’hui obligé de reconstituer la filière petit à petit en remobilisant les bonnes volontés. En cela, l’obtention de l’AOP en septembre dernier après l’AOC en 2006, a  été capitale.

Castagnades en Ardèche - Venez vivre les Castagnades 2014 !
Voir la vidéo... (1:04)
Il n’en demeure pas moins que, malgré des traitements biologiques qui passent par l’entretien des bois et le soin des arbres, les châtaignes continuent à se faire agresser par des insectes venus d’ailleurs. Après avoir touché l’Italie, célèbre aussi pour sa production, le cynips, vilaine larve venue de Chine s’attaque aux fruits depuis 3 ou 4 ans. La réponse ne passe bien sûr pas par des arrosages chimiques de pesticides, mais par le développement d’un ennemi naturel de la larve, le torémus.

On procédera cette année à la reconquête de 8000 ha de châtaigniers, 2000 pour la production de fruits et 6000 pour le bois de châtaignier qui a aussi sa renommée parmi les menuisiers.

Le travail du castanéiculteur est passionnant mais harassant et parmi les activités proposées pendant les Castagnades, il y a des balades avec des visites de châtaigneraies. Les randonneurs sont accompagnés par des conteurs (et des histoires en Ardèche, il y en a beaucoup !). Certains parcours proposent aussi la cueillette de champignons, d’autres se font à cheval. Il y en a pour tous les goûts.

La châtaigne de l’entrée au dessert

Dans tous les villages participants, les restaurants et tables d’hôtes s’attachent à proposer des menus spéciaux à base de châtaignes de l’entrée au dessert. Ce qui n’est pas compliqué car elle se prête à de multiples préparations comme en témoigne le livre La châtaigne en cuisine. Avec Adeline, Adèle, Christiane et les autres… paru pour l’occasion et que l’on peut se procurer auprès du Parc Naturel Régional des monts d’Ardèche.

Le Parc naturel régional des Monts d'Ardèche.
Voir la vidéo... (6:43)
Christiane Brioude qui fut longtemps cuisinière à Vals-les-Bains y raconte, plus qu’elle n’y délivre, ses recettes qu’elle ponctue d’anecdotes savoureuses. Elle cuit les châtaignes dans le vin de Syrah, agrémente la purée de châtaignes de goudoulet, un fromage ardéchois qui ressemble un peu au Cantal.
Elle nous apprend à réaliser la cousina, une formidable soupe de châtaignes parfumée aux feuilles de céleri. Écolière, elle n’hésitait pas à négocier avec l’instituteur pour aller « châtaigner ». Quand elle rentrait le soir, elle se mettait aux devoirs qu’il lui avait « marqués » sur son cahier. Tout ça après avoir parcouru 7 à 8 kilomètres pour rejoindre la châtaigneraie avec ses toutes petites jambes.

Week-ends rôties et autres gourmandises

Le meilleur moyen de vivre les Castagnades quand on est citadin et de faire plus ample connaissance avec la châtaigne, c’est encore de confier ses destinées à des professionnels locaux comme La Petite Cour Verte, la maison d’hôtes de Sylvie et Laurent, une bastide du 16ème siècle posée sur le massif du Tanargue ou encore à Barnas à Quinte et Sens chez Magali et Patrick qui proposent des programmes chaque week-end.

On apprend la récolte et le travail des châtaignes, on confectionne soi-même sa confiture, on participe à des ateliers pour apprendre à travailler ce généreux fruit de l’automne et aussi faire la différence entre la châtaigne qui est cloisonnée et le marron qui ne l’est pas. Et encore choisir ses châtaignes fraîches sur les marchés, les éplucher, (y compris en utilisant le four à micro-ondes), les conserver et s’en régaler.

Les ressources de la châtaigne sont infinies et réjouissantes. Chaque année, on se dit que la saison ne suffit pas pour en faire le tour. Tant mieux !

jeudi 11 septembre 2014

BREST ET LE PEUPLE DE LA MER

Océanopolis Brest (29)
Quand Océanopolis, le parc de découverte des océans à Brest a ouvert son pavillon tempéré en 1990, le succès a été immédiat. En dehors de ses performances scientifiques et du fait que Brest s’est imposée au fil des ans comme la capitale de la recherche et de l’innovation océanographique, ce formidable engouement populaire trouve, de toute évidence, son origine dans le supplément d’âme des équipes qui prennent soin des animaux marins présents sur le site.

Au point que 24 ans après, le site a accueilli son 10 millionième visiteur, ce qui revient à dire que ce sont près de 500.000 personnes qui se pressent chaque année pour découvrir le peuple de la mer. Du plus grand au plus petit – on y présente 6 espèces de requins – des espèces fluorescentes, des poissons couteaux et autres anguilles jardinières dans des aquariums adaptés et aussi des habitants de charme comme les loutres et les phoques.
En mai 2000, sont venus s’ajouter deux autres pavillons polaire et tropical et leur présentation et leur façon de vivre continuent à générer l’enchantement.

La plus grande manchotière d’Europe

Si on veut se lancer dans les superlatifs, on y parvient toujours à Océanopolis qui a son lot de records et d’exclusivité. Mais il est vrai qu’en matière de volume, les grandes structures américaines distancent le pourtant imposant ensemble brestois. Reste qu’il soutient largement la comparaison en matière de présentation.

Retour à Océanopolis Brest (11:15)
Voir la vidéo... (11:15)
Régulièrement, un plongeur, équipé de micro et caméra interagit avec les visiteurs en même temps qu’il nourrit les poissons dans ce qu’on appelle « le grand tombant ». On invite aussi les enfants, notamment, à mettre les mains dans l’eau pour toucher les oursins et les coquilles Saint Jacques. Mais exclusivement en présence des animateurs. Il ne s’agit pas de stresser les animaux en les sortant de l’eau et en les manipulant sans précaution.

On admire l’évolution gracieuse des espèces colorées comme si on plongeait à leurs côtés, mais il faut absolument s’intéresser à l'AbyssBox, un aquarium infiniment moins spectaculaire qui abrite celles des grands fondsIl ne contient que 16 litres d’eau et il est pressurisé à 181 bars, ce qui restitue l’environnement à 1800 m de profondeur. On y observe des petits crabes et de minuscules crevettes. Première mondiale, les chercheurs ont constaté que ces dernières avaient produit des œufs.
Parmi les curiosités à observer de près, il y a aussi les anges de mer, il s’agit d’êtres gracieux et transparents qui ont pour habitude de suivre les courants. Pour restituer leur milieu naturel, ils sont présentés dans une structure qui ressemble fortement à un tambour de machine à laver et reproduit le mouvement circulaire auquel ils sont accoutumés.

Les passionnés de science et ceux que ces raretés auront intéressés pourront d’ailleurs participer à la Nuit Européenne des Chercheurs organisée le 26 septembre à partir de 19h.

Naissance d'un requin zèbre à Océanopolis Brest.
Voir la vidéo... (2:52)
C’est un film de 12 minutes présenté sur un écran géant incurvé qui introduit le pavillon polaire. Sur fonds de paysages des terres australes comme les îles Kergelen, on s’initie à l’observation du biotope des colonies de manchots et de mammifères marins. Mais attention, pendant que l’on s’intéresse aux images presque en immersion, ce sont les manchots qui nous regardent !

Ils sont une quarantaine en tout. D’espèces variées comme les corfous, les corfous sauteurs et sont très joueurs Les manchots royaux, plus grands, viennent des terres australes. Comme les ours polaires, on trouve des pingouins en Arctique. Les manchots, eux, sont au sud.

Signe que ces espiègles oiseaux qui ne volent pas sont bien à l’aise dans la manchotière, on repère des poussins qui viennent d’éclore et d’autres tout duveteux qui font leur premiers pas. Ils n’ont pas de nom et sont repérés par la bague qu’ils portent tous. Sauf Dominique, un manchot que son soigneur (qui portait le prénom en question) a sauvé au sortir de l’œuf, car il avait du mal à accrocher la vie. Il est là le secret d’Océanopolis, l’affection pour les animaux, l’investissement de toutes les équipes à leur service et les visiteurs le perçoivent parfaitement bien.

Il s’appelle Torpenn !

Venus et Boukan : deux loutres à Brest.
Voir la vidéo... (1:18)
En « surface », en revanche, on baptise les animaux à fourrure, comme les veaux marins. Le 26 juin (nous sommes passés la semaine suivante, on a donc pu admirer le beau bébé de 7 kilos), Nikko a mis au monde son 4ème petit. Un animal très tonique qui a tendance à épuiser sa mère quand il chahute avec elle. Les visiteurs, invités à lui donner un nom, ont voté en large majorité pour Torpenn qui signifie « casse-pieds » en breton et qui est, en l’occurrence, remarquablement bien porté !

L’émotion quand une naissance survient est à son comble. Océanopolis se flatte d’avoir compté 5 naissances de requins zèbre l’an passé et cette année, c’est une petite femelle qui est venue au monde le 28 juillet et c’est une première en Europe.

Comme les soigneurs ignoraient tout du temps d’incubation des œufs (maintenant on sait que c’est 173 jours…), les équipes se sont relayées jour et nuit avec des caméras pour ne pas manquer l’éclosion. Au bout d’un certain temps, tout le monde s’y est mis pour les soulager et les comptables, le service de presse et tout le personnel a monté la garde.

C’est cet investissement affectueux et passionné qui se ressent dans chacun des lieux de l’ensemble. Vénus et Boucan, les loutres disposent d’eau douce pour préserver leur belle fourrure épaisse et brillante des méfaits du sel et on est heureux d’apprendre que l’espèce est en train de revenir sur nos côtes à l’état sauvage dans les rias et les abers et jusque dans les rivières des Monts d’Arrée.

Bourbon & Peppermint || Acoustic Attack Session.
Voir la vidéo... (5:08)
La qualité de présentation est affaire de multiples initiatives. Les eaux de la rade sont très surveillées et sont, du coup, de bien meilleure qualité qu’il y a quelques années. Comme Océanopolis est en fond de rade, ses 4 millions de litres d’eau de mer en profitent. L’objectif plancton a incité de multiples plongeurs à effectuer des prélèvements pour les analyser et une grande barrière de corail a été reconstituée par bouturage – comme des géraniums – pendant une dizaine d’années. Pour rester en bonne santé, ces micro-organismes ont besoin de lumière (un stade de foot en éclairage), il leur faut une température constante et pas de nitrate. C’est une vigilance et un investissement permanents pour tous. Et c’est ça qui se voit !

L’automne en Finistère

Au bout du bout de la France, sur cette terre ultime où tout commence et tout finit, le temps est encore assez clément pour faire un tour sur l’Ile de Batz, épuiser les charmes de Roscoff, déguster les ormeaux bretons qu’élève Sylvain Huchette et suivre la Côte des Légendes au Pays des Abers à l’extrême ouest de la pointe du Finistère. Les prix, comme le soleil d’automne, sont doux et tièdes. DécouvrirBrest aussi et son goût quasi immodéré pour le jazz avec la programmation riche et éclectique de la Carène.

Rendez-vous ensuite au printemps à la saison des hortensias, des choux fleurs, des artichauts, des pommes de terre, des échalotes et des oignons…