1 - Dubrovnik et la vieille ville.
Passée la porte Pile, qui ouvre le passage vers la vieille cité et ses trésors, on tombe assez vite sur un plan qui détaille toutes les destructions opérées pendant la guerre de 1991. Il y a tout juste un peu plus de 15 ans ! On est suffoqué et abasourdi devant les dégâts. C'est en se baladant sur les remparts et en admirant les toits et l'Adriatique au-delà, que l'on mesure cette fois, le travail phénoménal de l'Unesco. Il suffit de considérer le rouge des tuiles qui signe la reconstruction récente et ceux qui sont brunis, verdis, patinés par le temps.
C'est 80% de ce trésor architectural qui a pris les bombes de ses voisins sur ses bâtiments et 80% aussi qui a été patiemment reconstruits. Vesna, notre guide, celle qui nous a accompagnés dans Dubrovnik, l'île de Korcula, les îles Elaphites et jusqu'à la frontière du Monténégro pour la soirée campagnarde, nous expliquera avec un drôle de petit sourire que les militaires qui attaquaient la Croatie à cette époque-là, sûrs de leur bon droit - et que dis-je, sans doute du fait qu'ils se considéraient comme de vrais bienfaiteurs - prétendaient "qu'ils reconstruiraient la vieille ville encore plus belle et encore plus... ancienne !"
A Dubrovnik, ils disent "la guerre", comme le faisait ma grand-mère quand elle parlait de 1940 et que, du coup, par moments, nous levions les yeux au ciel. Sauf que, pour les Croates, elle est toute récente et ça a quelque chose de bouleversant. Les guerres ne sont jamais finies et si nous sommes en paix, c'est que c'est la guerre ailleurs.
Tous ceux qui ont voyagé dans l'ex-Yougouslavie, bien souvent avec des comités d'entreprise, en tout cas en collectif dans les fameux pays dits non-alignés, pour autant sérieusement communistes et bien staliniens, ne reconnaîtraient pas la Croatie. Elle fait désormais figure de petit paradis, une nouvelle Italie de l'autre côté de l'Adriatique où tout serait moins cher et le tourisme à portée de main. Ce n'est pas tout à fait ça...
Tout d'abord, la vie y est bien plus chère que l'on imagine. Pour rejoindre la vieille ville de Dubrovnik, ses rues pavées, ses fontaines, ses remparts qui courent sur près de 20 kilomètres, ses églises, ses monastères et ses restaurants, il faut 1/4 d'heure depuis l'hôtel Dubrovnik Palace "full frontal" sur la mer et les îles Elaphites, où nous résidons.
Le bus de ville, si nous choisissons l'indépendance et de profiter des douces soirées méditerranéennes dans des ruelles incroyablement propres, coûte environ 1EUR à 1,5EUR. C'est à dire à peu près le même prix qu'à Paris ou dans n'importe quelle grande ville de France. Imaginez un peu que le revenu moyen en Croatie est à peu près trois fois moindre qu'en France et, qu'à Dubrovnik, la plus jolie ville du pays, l'immobilier flambe et vous avez une idée de l'étendue des dégâts au niveau du quotidien pour la population.
Les Croates, pour lesquels la guerre est une réalité proche, ont remonté les manches. Antonia, qui nous a pilotés dans la vieille ville, vient de Sarajevo, tout comme Vesna, qui nous avouera pudiquement, avoir tout perdu 2 fois ! Ces deux-là sont de vraies amoureuses de la France, qu'elles ont visitée et fréquentée à de multiples reprises et, si l'on vous dit que l'on ne parle qu'allemand, italien ou anglais en Croatie, ce n'est pas tout à fait vrai. Les Français sont de plus en plus nombreux à s'y rendre et ce n'est pas un hasard si Marsans, qui s'est fait une spécialité de la destination, propose des charters au départ de Lyon, Toulouse, Marseille et Nantes en plus de Paris tous les vendredis et de début mai jusqu'à la fin septembre.
Reste que la Croatie, bien que l'on y parle une langue slave méridionale et que l'on ne comprenne pas grand chose aux affiches, nous est incroyablement familière. Les Croates sont des Européens comme les autres, davantage que les autres même et appellent de leurs voeux une entrée dans la Communauté Européenne qui devrait se faire en 2010. La monnaie locale, la kuna a un taux de change assez proche de notre vieux franc. Mais on accepte assez souvent les euros pourvu que l'on fasse l'appoint (on ne vous rendra pas la monnaie). La solution idéale, c'est la carte Visa.
Dans le vieux Dubrovnik où l'oeil est accroché à chaque pas par des merveilles architecturales, on admire les rues en pente raide perpendiculaires aux axes principaux (elles sont au nombre de 14) et on passe du temps aux terrasses des restaurants, tous à "touche-touche" et qui servent une cuisine archi-simple. Légumes, fruits, poissons grillés avec des vins, pour tout dire assez moyens, mais consommables. Reste que, rue Mercière à Lyon, on ne boit pas non plus de très grands crus.
Parmi les excursions proposées par Marsans et tarifées à 160EUR les 4 pour les adultes et 80EUR pour les enfants, il y a les îles Elaphites qui représentent une journée en mer à caboter de l'une à l'autre et qu'il ne faut pas manquer ; la soirée campagnarde qui m'avait laissée dubitative (j'imaginais avec effroi les hangars à huile dans lesquels on installe un millier de touristes aux Baléares...), mais qui se révèle, à la frontière du Monténégro (là aussi le long de la route, on voit les dommages de guerre, les hangars éventrés, les maisons détruites...), plutôt plus agréable. Reste qu'il faut aimer les repas tous en groupe, la visite du moulin à huile d'olive et les musiciens qui animent la soirée et font danser les touristes. Le patron, qui parle un anglais véhiculaire compris de tous, propose à la vente, huile du moulin, alcool aux herbes et figues séchées (une merveille) à 10EUR l'article. M'est avis qu'il ne devrait pas tarder à bien tirer son épingle du jeu...
Parmi les excursions, il y a aussi l'île de Korcula, plusieurs fois convoitée et annexée par Venise et là, vraiment, ça en vaut la peine. Je vous y emmène dans une quinzaine...
jeudi 14 mai 2009
CARNETS DE VOYAGE EN CROATIE (1)
Publié par Martine Montémont à 15:21
Libellés : Hébergement, Séjour, Vacances
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire