vendredi 10 septembre 2010

MÉLANGE DES GENRES...



Quand ma fille était ado et qu'elle me faisait jurer que, pendant les vacances, elle rencontrerait plein de copains qu'elle n'oublierait jamais par la suite, je mettais toutes les chances de mon côté en réservant un séjour au Club Med, sûre que, parmi les quelques 900 GM (voire davantage...) présents sur le site, il y aurait bien une vingtaine de jeunes de son âge avec lesquels elle passerait une bonne semaine. C'était il y a moins de 10 ans... Les choses ont, depuis, évolué à une vitesse folle... Le Club Med a rénové la plupart de ses villages, tordu le cou à ses 2 tridents et organisé une montée en gamme irréversible qui ne lui a pas fait que des amis.

Capital.fr qui ne lâche guère l'entreprise emblématique du tourisme à la française dirigée par Henri Giscard d'Estaing se fait l'écho des difficultés du groupe pour opérer sa mutation. Davantage de clients aisés et qui n'ont pas peur d'acheter des semaines au prix fort pourvu que l'hôtel (on dit de moins en moins le village) soit très, très confortable et même carrément luxueux et que la présence d'un Spa de haut niveau soit assurée.

Le résultat, c'est que, même si les objectifs commencent à être atteints, le Club Med a perdu pas mal de ses clients des classes moyennes et ils n'ont pas encore été remplacés. Du point de vue du GM consommateur, ça se passe comment? Même si l'on casse sa tirelire et que l'on accepte de renoncer au tutoiement, aux bungalows et au collier bar, on ne se retrouve pas à passer ses vacances avec la même population. On prenait déjà des risques à retourner dans un village 2 années de suite quand le Chef de Village avait changé (c'est vraiment lui qui donne le ton). Mais maintenant, c'est carrément l'aventure.

Pour m'être rendue 3 fois à Peisey Vallandry (73 - Savoie) depuis son ouverture en 2006, je peux dire que je n'ai jamais été déçue. Et pourtant j'avais entendu pis que pendre au sujet de certaines semaines d'hiver dont la clientèle était - comment dire, en restant politiquement correcte - disons très communautaire. Imaginez, sur un établissement qui peut accueillir vers 700 personnes sur une semaine, environ 400 Russes qui ont leurs habitudes et leur fonctionnement et une communauté de quelques 200 personnes aux pratiques religieuses très exigeantes et qui prennent toute la place.

Tolérance certes, mais quand il s'agit des vacances, le bien le plus précieux des Français, une semaine pourrie par ceux qui ne savent pas rester discrets, ça vous mine. Demandez à Courchevel, ce qu'en pense certains hôteliers. Autant s'y faire d'ailleurs, ce sont eux, nos amis de l'Est qui "sauveront" la France touristique de la crise en venant la visiter de plus en plus nombreux. Et puis, tous ne posent pas leur calibre sur la table du petit-déjeuner à côté de leur tasse, tous ne balance pas leur assiette à travers la pièce parce que son contenu n'est pas assez chaud. Il en est des habitants de l'ex-URSS comme des autres. "A plus de 4", chantait Brassens, "on est une bande de cons". Alors 400, pensez!

Les choses ne se passent pas du tout de la même façon en été à la montagne.
La clientèle est très respectueuse de la nature. Un accompagnateur nous confiait qu'au mois de mai, après la fonte des neiges, les bouteilles de coca, les sacs plastiques et autres cochonneries laissées par les amateurs de sports d'hiver glissaient jusque dans la vallée. En été, les randonneurs, ont plutôt tendance à ramasser les déchets des autres pour les jeter à la poubelle. Pour passer de bonnes vacances, donc, repérer les bonnes dates. Juste avant Noël et en mars en hiver en fuyant janvier et, si possible, les vacances scolaires de tout le monde.

Un des secrets du délicieux village hôtel de Peisey Vallandry, c'est aussi une situation magnifique en plein parc de la Vanoise, des chambres très confortables qui n'obligent pas à s'entasser dans les parties communes quand on rentre d'excursion ou d'une journée sur les pistes et bien entendu un personnel formidable. De jeunes GO qui mettent leur énergie à la disposition de leurs clients et guettent le moindre de leurs désirs. Ils sont emmenés en ce moment par un jeune chef de village qui n'a même pas 35 ans. Et pour ce que j'en sais, David Meyer devrait encore rester pour la saison d'hiver.

Le Club Med a déserté l'Espagne et la Côte d'Azur. En France, il se concentre sur les Alpes avec des villages à Chamonix, la Plagne, Méribel (3 sites), Val d'Isère, Tignes... La première pierre du nouveau village de Valmorel (73 - Savoie) a été posée le 2 juillet et le village 4 tridents avec une aile de 24 suites 5 tridents devrait être inaugurée en décembre 2011 avec ouverture l'été comme Peisey Vallandry. Le Club Med comme d'autres savent bien que la région Rhône-Alpes reste la première destination touristique mondiale en hiver. C'est là qu'il faut être...

Tous ceux qui préféreront le soleil au ski profiteront des croisières à bord du M/S Legacy (5 étoiles Deluxe) entre l'Egypte et la mer Rouge avec une croisière musicale et les Solistes Français du 6 au 13 novembre ou encore la découverte du nouveau village de Sinai Bay.

Pour passer de bonnes vacances, il faut savoir surfer. Non pas sur les vagues avec une planche, mais sur les destinations et les saisons. Autrefois, il y avait, pour tous ceux qui ne séjournaient pas chez les parents et amis, le choix entre le camping et l'hôtel. Tout a évolué, les hôtels ont du souci à se faire s'ils n'ont pas fait l'effort de s'adapter et de proposer, comme nos amis de l'Hôtel Beauregard à la Clusaz et beaucoup d'autres, des activités en plus du séjour pour que les clients trouvent de quoi s'occuper et passer de bonnes vacances.

Chambres d'hôtes, gîtes et hôtellerie de plein air ont multiplié l'offre touristique. La demande n'a pas évolué aussi vite. Certains touristes exigeants et soucieux de leur confort se sont détournés des vacances à l'hôtel et tentent désormais l'hôtellerie de plein air de luxe. Et pas seulement pour une question de budget. Un établissement comme le Domaine de Massereau dans le Gard qui vient de recevoir ses 5 étoiles, mérite qu'on s'y intéresse. Le goût de la chaîne des Castels dont il fait partie pour les beaux endroits et le respect du patrimoine fait la différence.

Reste, et le problème est entier, la clientèle qu'il va falloir fréquenter. On peut toujours décourager Jacky et son pastaga et réaménager l'emplacement 17 en y construisant un bungalow élégant et confortable, mais rien ne dit que toute la bande n'aura pas fait des efforts pour continuer à s'approprier les lieux et mettre les nouveaux arrivants dans le moule. A moins qu'une nouvelle clientèle, plus bling-bling et pas plus discrète ne soit en train d'assurer la relève. On appelle ça vivre ensemble et ce n'est pas toujours facile...

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