Les mères à Lyon, c'est comme les bouchons, un fantasme.
Sinon que les vraies, celles qui, au début du XXème siècle, régalaient les bourgeois n'existent plus vraiment et ont du mal à continuer d'exister dans le fond et dans la forme.
Il y a eu Léa, la mère Bourgeois, la mère Brazier entre autres... Toutes étaient, au fond, des domestiques, des cuisinières de maison bourgeoise qui préparaient les repas pour la famille et dressaient la table quand ils recevaient. C'est en s'émancipant qu'elles ont ouvert des restaurants.
La plus illustre est sans doute la Mère Brazier. Ne serait-ce que parce qu'elle a eu Paul Bocuse en apprentissage et qu'elle lui a transmis l'exigence quant au choix des produits. Elle a eu les plus illustres personnages à sa table : Jacques Prévert, De Gaulle, Piaf, l'Aga Khan, Utrillo… Elle a été invitée à cuisiner à New York.
Jacotte Brazier, sa petite fille a tenu le restaurant qu'elle avait ouvert rue Royale pendant 30 ans et, au moment de passer la main, elle a imaginé de pérenniser la mémoire de sa grand-mère en créant "l'Association des Amis d'Eugénie Brazier". Elle délivre des bourses à de jeunes futures cuisinières pour leur permettre de mener à bien leurs études et un prix littéraire qui récompense la transmission du patrimoine culinaire. Heureuse initiative.
Parmi le jury qu'elle réunit chaque année pour décider des lauréats, il y a de grands noms comme Paul Bocuse et Bernard Pacaud, mais aussi celui de Sonia Ezgulian qui est, à mon sens, la véritable héritière des mères lyonnaises. La preuve, elle n'a pas de restaurant ! Je plaisante...
Rien ne sert en effet de s'installer dans un bistrot rebaptisé bouchon et de servir tripes et saladiers lyonnais pour s'autoproclamer "mère". Tout ça, c'est du marketing, même si comme Monsieur Jourdain, celles qui en font ne savent pas que c'en est. Non, à mon sens, Sonia est bien plus dans la vraie mouvance, parce que c'est une femme cuisinière de son époque et qu'elle a plusieurs cordes à son arc. Voyez plutôt... Elle a été journaliste à Paris Match pendant 10 ans (ça commence bien...) et puis, elle est revenue à Lyon, là où était sa famille arménienne pour ouvrir avec Emmanuel Auger, son mari, un restaurant qu'elle a baptisé l'Oxalis. Mais au bout de 7 ans, elle a fuit le "bouclard" et le rythme des ouvertures midi et soir qu'elle devait vivre comme une entrave.
Aujourd'hui, cette fille là, cuisinière originale, écrit des livres en collaboration avec les éditions de l'Epure et Stéphane Blachès, elle fait du consulting pour Suite Hôtels, les hôtels Ibis et leur propose des petits déjeuners originaux, des verrines et des mini-brochettes à inscrire à leur carte ; elle donne des cours de cuisine (elle apprend, par exemple aux jeunes mamans à faire la cuisine aux bébés) ; elle confectionne des pique-nique, des plateaux télé et des foies gras à emporter et organise de merveilleux dîners dans les endroits les plus improbables, en plein air ou dans un atelier d'artiste, là où on la demande.
Enfin, elle organise une Biennale de la sardine, un concours baptisé "La sardine fait son intéressante", car cette fille, qui bouillonne d'idées, adore les sardines en boîte et propose mille façons de les préparer. Ce qui en fait l'héritière des mères, c'est qu'elle n'est pas une chef comme les autres, c'est qu'elle est atypique et originale et qu'elle est unique en son genre. Il faut la découvrir absolument, mais preuve qu'elle est bien de son époque, on ne la rencontre que sur Internet.
Enfin, elle organise une Biennale de la sardine, un concours baptisé "La sardine fait son intéressante", car cette fille, qui bouillonne d'idées, adore les sardines en boîte et propose mille façons de les préparer. Ce qui en fait l'héritière des mères, c'est qu'elle n'est pas une chef comme les autres, c'est qu'elle est atypique et originale et qu'elle est unique en son genre. Il faut la découvrir absolument, mais preuve qu'elle est bien de son époque, on ne la rencontre que sur Internet.
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