mardi 7 décembre 2010

LES VINS DE LA FÊTE



Loin de moi la pensée de vous affirmer ici qu'il faut délaisser les Champagnes au profit des Crémants de toutes les régions pour les fêtes. Mais les pétillants ont aussi bien du talent et leur rapport qualité-prix (ils sont vendus à la propriété ou en GMS - c'est à dire les Grandes et Moyennes Surfaces entre 6,90 et 12 euros) avec une moyenne autour de 7-8 euros. Franchement, ça vaut le coup de se pencher sur la question. D'autant que certains des vins dont je vais vous parler ici ont été médaillés d'Or lors du 20ème concours National des Crémants qui s'est déroulé à Die le 11 juin 2010 et, pour avoir dégusté certains d'entre eux, je ne vois pas de raison de s'en priver.
Tous ceux qui apprécient les bons vins sans être pour autant une encyclopédie ambulante connaissent une histoire de dégustation de grands Champagnes dans laquelle un petit plaisantin avait glissé un Crémant d'Alsace ou de Bourgogne. Lequel est arrivé premier et de préférence loin devant les autres. Une histoire qui fait penser un peu à celle que se racontent les voyageurs du TGV qui ont subi un personnage qui a tenu toute une conversation sur son portable (à l'époque où l'on était fier de posséder ce genre de matériel) et qui, amené à l'utiliser pour une urgence, avait été obligé d'avouer que son téléphone n'était qu'un jouet. Mouais...

N'empêche, Bocuse lui-même, il y a plusieurs années avait glissé un Crémant de Bourgogne dans une dégustation de grands Champagnes et le vin avait été très honorablement classé. Et puis comme le dit Jean-Michel Garnier, auteur avec John Euvrard, ancien sommelier de Bocuse et Meilleur Ouvrier de France d'un Guide du Champagne très bien documenté "le premier vin pétillant était une blanquette de Limoux et c'était au XVIème siècle."

Tout ça pour vous dire que mieux vaut un excellent Crémant qu'un champagne "chasse cousins" bien vert et qu'inversement il vaut mieux bien choisir son pétillant pour éviter le mousseux pas cher qui fait mal à la tête. Elémentaire.

Coup de coeur à la rédaction parmi les médailles d'Or du concours de Die pour le Crémant d'Alsace Brut de Cattin Frères à Voegtinshoffen vendu 7,50EUR à la propriété et pour le Crémant de Bourgogne Veuve Ambal, vieilli en cave plus de 18 mois et que l'on trouve en GMS pour 7,80EUR. A 9,50EUR, on retiendra aussi le Crémant d'Alsace - Excellence Brut de la Cave des Vignerons de Pfaffenheim. Il s'agit de la cave la plus médaillée d'Alsace.

Les vignerons du Beaujolais qui développent l'élevage du vin blanc, sacrifient aussi aux bulles avec bonheur. Dominique Piron et son épouse Kristine Mary, oenologue américaine représentent la 14ème génération de vignerons dans la famille et proposent un excellent Crémant de Bourgogne au départ de leur cave de Villié Morgon à 8,50EUR. Une incursion dans les vins de Loire, nous aura conduit à découvrir un excellent Blanc de Noir du Cellier Ackerman. Il est vendu 8,95EUR à la cave à Saumur et sur Internet directement à la boutique.

Font partie de la fête aussi, les vins moelleux et liquoreux que l'on déguste avec un foie gras depuis toujours, mais qu'il ne faut pas limiter à ce seul mariage. Les Sweet Bordeaux qui regroupent 11 AOC singulières en Bordelais se marient bien avec les nouvelles cuisines du monde et les épices douces. Evidemment, il s'agit de vins coûteux, mais ce ne sont pas non plus des vins de soif. Il faut dire que leur élevage est risqué. Ainsi les vins doux de Bordeaux doivent-ils leur caractère au Botrytis Cinerea, un champignon qui se fixe sur les grains de raisins surmûris. Son développement dépend du climat océanique un peu plus chaud que la moyenne et des brouillards d'automne. Mais gare aux automnes trop pluvieux et aux hivers trop précoces. C'est le danger des vendanges tardives. Il faut prier le Bon Dieu chaque jour pour que ça tienne et récolter aussi tard que possible. Une gageure.

Parmi les Sweet Bordeaux que l'on peut déguster à l'apéritif, avec le foie gras, mais aussi les saint jacques poêlées, les truffes blanches, les volailles aux morilles, les tartes à la rhubarbe, aux figues, aux noisettes et le chocolat noir, il y a bien sûr les Sauternes comme le Château Haut Bergeron 2005 (25EUR) ou le Château de Myrat 2005 (30EUR), mais aussi ce Côtes de Bordeaux Saint Macaire Château Perayne 2003 (10,20EUR les 50 cl) et même le Domaine du Tich 2006 de Saint Croix du Mont, vendu 6,20EUR.

Sortis des Bordeaux, les vendanges tardives et vins de paille se font une place sur les tables de fête. C'est le cas du vin de paille 96 issu de Marsanne de la cave de Tain l'Hermitage vendu 75EUR les 50 cl ou encore du Pacherenc de la Saint Sylvestre. Les vignerons de Plaimont, à qui l'on interdisait, par un décret de 1745, de récolter avant le 4 novembre, ont décidé un beau jour de 91 d'attendre jusqu'au 31 décembre pour récolter leurs grappes confites. Les vendanges sont l'occasion de déguster ce superbe vin liquoreux aux arômes de miel et d'épices (des années précédentes bien entendu), de séjourner dans la région et de fêter le réveillon en dansant au village de Viella et au château de Crouseilles. Pas banal!

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