Si Barcelone est la destination préférée des Britanniques pour les City-breaks, la ville d'Espagne où les touristes dépensent le plus (22% de la totalité au niveau des cartes de crédit quand même!) et que les compagnies low-cost comme EasyJet relient à toutes les villes d'Europe qui comptent un tant soit peu, ce n'est pas par hasard. Alors loin de moi la pensée d'expliquer Barcelone à des amoureux de la ville qui la connaissent par coeur souvent aussi bien que les Catalans eux-mêmes et qui sont fiers de leurs chemins de traverse et de leurs petites adresses de créateurs dans le fameux quartier Gothique à gauche juste avant la mer en descendant la Rambla.
Quand on débarque à Barcelone et que l'on discute avec des habitants de la ville, ils vous demandent tout de suite si, comme tout le monde, vous êtes tombé sous le charme. Et comme dans un premier temps, on en attend des miracles, on est, d'entrée de jeu, un peu perplexe. Charme? Ma foi... Laissez-moi voir.
Il s'agit de reconnaître tout d'abord que Barcelone, c'est un monde à part. Mais aussi un lieu où il vaut mieux être jeune, pas trop fauché et en bonne santé. Ce n'est pas pour rien que les étudiants s'y plaisent et que, à l'image de Romain Duris dans "l'Auberge Espagnole" de Cédric Klapisch, c'est là qu'ils ont envie de passer une année dans le cadre des échanges Erasmus. Le film montre bien la ville. La plupart des scènes se passe autour de la place d'Urquinaona tout près de la place de Catalogne, le centre nerveux de la ville. Et quand Xavier balade Anne-Sophie, la très coincée femme du neuro chirurgien, c'est au parc Güell, du nom du fameux mécène proche de Gaudi et dans les maisons modernistes du maître comme la Casa Batllo, la Casa Amatller, et la Casa Milà, la fameuse Pedrera. La visite de Barcelone peut commencer avec le visionnage du film. Ce qui est loin d'être désagréable.
On est moins au coeur du sujet dans l'opus de Woody Allen "Vicky, Cristina, Barcelona" avec Scarlett Johansson, Penelope Cruz et Javier Bardem, qui m'a inspiré le titre de cet article. Sinon que Barcelone, comme à peu près toutes les villes, a ses hauteurs où sont hébergées les deux étudiantes américaines.
Des hauts de Vallvidrera, que l'on rejoint en 20 minutes par le train et le téléphérique depuis la place de Catalogne, on a une vue plongeante sur toute la ville, l'écran géant du Camp Nou, la "maison" du Barça et la mer et ses bateaux de croisières au loin. Dommage que ce petit coin de campagne, en surplomb de la métropole de 2 millions d'habitants et pourtant si peu urbain que les sangliers ravagent les jardins, ait récupéré la tour de Collserola qui fait 288m de hauteur et qui répand ses ondes sur les habitants de son entourage immédiat depuis les Jeux Olympiques de 1992. Chaque médaille a son revers.
Les fameux JO, désignés comme les plus réussis jamais organisés font partie des chances de la ville et sont un des secrets de son formidable développement. Avec les subsides de Bruxelles quand l'Espagne a rejoint la communauté européenne. Elle devait bien ça à la capitale de la Catalogne qui avait bien résisté au franquisme. Il n'en demeure pas moins que les touristes européens admirent les infrastructures de la ville, ses musées à la scénographie époustouflante et ils ont raison. Mais Barcelone a reçu beaucoup de dotation en bon argent. Ceci expliquant évidemment cela.
Tout ce succès rend la visite de la ville et de ses "must" un peu éprouvante. Si vous profitez de la douceur des nuits catalanes pendant la plus grande partie de l'année, vous allez monter et redescendre les Ramblas avec ses kiosques de fleurs, ses stands d'oiseaux et ses statues humaines. C'est le métro aux heures de pointe et, pour peu que vous vous y trouviez un soir de match du Barça à domicile, c'est dans une marée humaine que vous allez évoluer.
Car à Barcelone, le Barça est sacré. Ses victoires face au Réal Madrid du temps du franquisme étaient considérées comme de hauts faits de résistance. D'autant que l'on disait volontiers que l'arbitre sifflait des pénalties qui n'avaient pas lieu!
On trouve des maillots et autres objets du culte footbalistique un peu partout en ville. Même dans le périmètre de la Sagrada Familia, le chef d'oeuvre inachevé de Gaudi avec ses 18 tours et flèches et tout récemment consacrée par Benoît XVI. Avant le premier week-end de novembre 2010, c'était juste un temple. Désormais, on y célèbre des offices. Tenter d'en visiter l'intérieur est une entreprise de haute lutte. La file de touristes en attente fait le (grand) tour de l'édifice et, une fois à l'intérieur, on est si serrés les uns contre les autres, qu'on ne voit pas grand chose.
Pour découvrir les chefs d'oeuvre de l'architecture moderniste qui font que Barcelone est la seule ville à avoir 9 édifices inscrits au Patrimoine de l'Unesco, on préférera la Pedrera, mais plus astucieux encore, on rejoindra d'un court voyage en train de banlieue l'église construite par Gaudi pour les ouvriers de la colonie Güell. Eusebi Güell, pour éviter que ses employés ne soient contaminés par les revendications de la ville, les avaient éloignés du centre et mis à leur disposition tout ce qu'il leur fallait dans la colonie construite entre une pinède et des champs cultivés. Ecoles, cafés, bibliothèque et même un théâtre. Ce qui était rare à l'époque.
Grand ami de Gaudi, il lui commande une cathédrale. Il faudra 8 ans au génial architecte pour réaliser une maquette avec des fils de coton et des billes de plombs. Retourné à l'envers, l'ouvrage, qui faisait 5m de haut, démontrait parfaitement les lignes de force dont il fallait tenir compte pour la construction de l'édifice. Il avait inventé la notion de logiciel avec une bonne centaine d'années d'avance!
Commencée en 1908 par la chapelle plus intime que l'église qu'il voulait grandiose, l'achèvement des travaux ne se fera jamais. A la mort du bienfaiteur qui avait donné carte blanche à Gaudi et payait ses recherches rubis sur l'ongle, les deux fils héritiers stopperont la construction. Reste que la seule crypte est un chef d'oeuvre. Construite avec des briques récupérées dans les fours, des mâchefers et des basaltes, elle est en totale empathie avec l'intimité du travail dans l'usine. Les vitraux représentent la nature tout comme les céramiques en mosaïque. Mais rien n'est profane dans l'inspiration de l'architecte. Les représentations chrétiennes sont partout présentes. Y compris l'anagramme de la Sagrada Familia, la Sainte Famille.
Retour à Barcelone pour profiter des tapas que l'on déguste avec une bière catalane ou un verre de vin blanc pour moins de 10€ les trois, goûter le "pa amb tomàquet" la grande spécialité qui consiste en une tranche de pain juste grillée et frottée de petites tomates à la chair très serrée, que l'on ne trouve qu'en Catalogne et d'un trait d'huile d'olive. Mais il est loin d'être bon partout. Il faut viser juste. Et pour se rafraîchir à grands traits avec des jus d'orange et de citron pressés achetés 1,50€ alors qu'on les paiera 4€ dès que l'on aura basculé de l'autre côté du col du Perthus.
On fait du shopping sur les 5 kms de la Barcelona Shopping Line. On découvre les étals de fruits, légumes, produits exotiques et poissons de la halle de la Boqueria chère à Ferran Adrià, le magicien du restaurant El Bulli et on achète 10 tickets de métro pour 7,90€. Qui dit mieux?
L'autre bonne idée pour appréhender la ville et en profiter au mieux, c'est de s'installer dans les bus à impériale qui circulent sur 3 lignes et permettent ensuite de revenir aisément dans les endroits que l'on a repéré.
Difficile également de visiter facilement les musées renommés sauf à s'armer de patience. Devant le Museu Picasso et la Fundacio Miro, les queues sont interminables. On peut alors s'échapper vers le passionnant Musée de la Science, l'Aquarium pour y plonger avec les requins qui est des plus grands d'Europe ou plus loin encore pour procéder à la visite de la centaine de sites de tourisme industriel de Catalogne parfaitement bien équipés.
Je vous y emmène, si vous le voulez bien, au mois de janvier. En attendant, en bas de la Rambla, vous avez rendez-vous avec 5km de plages, le long de la Méditerranée et jusqu'à l'aéroport. C'est dans cet univers balnéaire, qui sent les vacances toute l'année, que les très gâtés joueurs du Barça ont leur villa, au calme, au soleil et tout proches des avions. Une grande ville au bord de la mer, c'est assez peu commun. Il est pourtant des Barcelonais pour regretter que leur cité ne soit pas traversée par un fleuve, voire deux comme c'est le cas chez moi. "A Lyon, nous a-t-on dit, vous avez de la chance!"
jeudi 25 novembre 2010
GAUDI, CATALYUNA, BARCELONA
Publié par Martine Montémont à 17:34
Libellés : Culture, Gastronomie, Hébergement, Séjour, Shopping, Transport, Vacances, Week-end
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