mercredi 17 novembre 2010

LUMIERES ORIGINELLES



Cette année, la fameuse Fête des Lumières de Lyon ne se déroule pas autour du 8 décembre, elle commence le 8 décembre, c'est à dire à la date exacte de la fête religieuse qui remonte à 1852 et qui est à l'origine d'une manifestation qui attire des touristes du monde entier. 40 délégations étrangères sont présentes et on chiffre le nombre de personnes qui déambulent dans la ville ces 4 soirs, du 8 au 11 décembre 2010 à environ 4 millions. ("selon les syndicats ", insinueront les méchantes langues) ;-)

Il n'empêche que, malgré de nombreuses mises en lumière dans d'autres villes comme Leipzig en Allemagne, Singapour en Indonésie et encore au Chili, au Brésil, à l'Ile Maurice et au Japon, Lyon reste le modèle absolu et s'est vu remettre, une fois de plus, au printemps 2010 en clôture du salon "Evénements Meetings " à Deauville, le Trophée de l'événement exceptionnel le plus marquant de l'année avec sa Fête des Lumières.

Elle reste, au travers de Luci, réseau international de villes sur l'éclairage urbain qui regroupe 64 municipalités sur 4 continents et dont elle est à l'origine, une formidable école de la mise en lumière des villes et l'on vient s'en inspirer du monde entier. C'est à Lyon aussi que les artistes se mettent eux-mêmes au défi de faire toujours mieux. Que les jeunes créateurs, toujours plus nombreux (il y a beaucoup de trentenaires cette année...), proposent leurs travaux.

Mieux encore, une centaine de projets étudiants sont proposés et une quinzaine seulement sont retenus. Lyon est un laboratoire de lumières. On découvrira ces jeunes projets dans les arrondissements de manière à éviter de trop concentrer les déambulations entre Saône et Rhône et de rendre la sécurité plus facile à organiser. Du coup les spectacles se démultiplient et il est facile de se transporter d'un point à un autre grâce aux transports en commun gratuits le 8 décembre à partir de 16h et jusqu'à 1h30 et facturés 2,40€ sans limitation de parcours les autres jours.

Nouveauté aussi cette année, le double virtuel de la fête des Lumières avec un site Internet très réaliste qui permet de s'imprégner et un teasing vertige présenté dans les salles de cinéma une quinzaine de jours avant. Mais tous ceux qui suivent la Fête des Lumières vous le diront. Rien ne vaut l'immersion totale dans les rues et autour des monuments ainsi que la déambulation dans les rues noires et glacées enchantées par les couleurs d'une fête qui a doublé le nombre de led depuis 2008, ce qui ramène sa facture d'énergie à 3300€ seulement.

Les applis Smartphone permettent d'avoir sur soi la carte interactive des spectacles et de décider ceux que l'on a envie de voir les uns après les autres. Cette année la Fête des Lumières rend hommage pour la première fois aux quais de Saône, après ceux du Rhône les années précédentes et en préambule au réaménagement des berges. Un oeuf de lumière sur la place du Gros Caillou à la Croix Rousse rivalise avec les tipis et les éoliennes de lumière des berges du Rhône (elles resteront en place jusqu'au 3 janvier.)

Un spectacle très poétique est proposé au Parc de la Tête d'Or avec le Voyage enchanté au pays des jardiniers de feu. La mise en lumière de l'attelage de la fontaine du sculpteur Bartholdi, (commandée par la ville de Bordeaux qui n'a pu la payer et récupérée par Lyon, soit dit en passant et pour la petite histoire...). Manège d'ombre et de lumière, dragons, chimères et zèbres qui galoperont sur les 3 façades de la place des Terreaux sur un fond sonore de chants d'animaux marins. Un hommage appuyé et nécessaire au créateur de Lady Liberty offerte à New York pour irradier sa baie.

On attend toujours avec curiosité la mise en lumière de l'église Saint Nizier qui racontera cette année le fil de son histoire et le spectacle de la cathédrale Saint Jean dont les spectateurs ont toujours du mal à se détacher. "Le Soleil a rendez-vous avec la Lune" la reliera cette année à la basilique de Fourvière, rassemblant ainsi les deux lieux de culte emblématiques de la ville. Avec un détour sur le site de l'Antiquaille où sont installés les 2 restaurants de Christian Têtedoie pour le spectacle des Flâneries Synesthésique.

Comme chaque année, la grande roue de la place Bellecour sert de support aux images lumineuses et, à partir du 4 décembre, des lumignons seront vendus pour constituer la fresque de la place Antonin Poncet au profit de l'association lyonnaise Notre Dame des Sans Abris qui fête cette année ses 60 ans. Une Lumibox de 80m de haut sera installée place Bellecour et ouverte au public pour inciter au recyclage des lampes et une fanfare sillonnera les rues en recyclant de vieux tubes (au sens éclairage et musical du terme).

On vient du monde entier à Lyon à cette occasion, de la région avec des TER à moitié prix et de toute la France avec des TGV supplémentaires. Avec un aller-retour en soirée le 11 décembre pour les Parisiens qui veulent s'en mettre plein les yeux.

Au commencement était...
La tradition du 8 décembre est née il y a plus d’un siècle et demi. Le 8 décembre 1852 est prévue l’inauguration d’une statue de la Vierge Marie, sur la colline de Fourvière. C’est un moment important pour tous les croyants de la ville qui devait, à l’origine, se dérouler le 8 septembre, mais qui a dû être reporté en raison d’une crue de la Saône. En ce soir du 8 décembre, alors que la fête se prépare, un orage s’abat sur Lyon et menace une fois de plus la cérémonie. Heureusement le temps redevient clément et la population, qui avait tant attendu cette manifestation, illumine d’un geste spontané ses fenêtres et descend dans les rues.

« Tout à coup », selon le récit d’un chroniqueur, «apparaissaient à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s’était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu’aux bordures des trottoirs…(…) A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. Les étrangers n’en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout emplis qu’ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée ». Les Lyonnais conserveront cette coutume jusqu’à nos jours, tous les 8 décembre...

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