La Nationale 7 en Autorama par Thierry Dubois |
La Nationale 7 a eu de la chance. Quand, au détour d’une loi de décentralisation, elle a perdu son statut de Route Nationale et s’est retrouvée administrée et répertoriée par les départements qu’elle traversait, on a assisté à une levée de boucliers dans les villages où ça bouchonnait autrefois : on allait leur voler leur patrimoine!
A la suite de quoi, et devant l’inévitable, certains édiles ont été malins. Dans le Var, elle été rebaptisée DN7 et Hervé Mariton, le député de la Drôme qui avait porté le projet lui a laissé son nom de RN7. Pas fou…
Cette route que tous les plus de 20 ans, 40 ans, 50 ans et les autres connaissent pour l’avoir empruntée sur la route du Midi au départ de Paris et jusqu’à Menton, est imprimée dans tous les imaginaires. Français certes, mais aussi européens. Il n’y avait nul besoin de parler la langue de Molière pour en éprouver les grandeurs et servitudes, les impatiences et les espérances.
« Quand est-ce qu’on arrive ? » et « Quand est-ce qu’on voit la mer ? » se traduisent en allemand, en anglais, dans toutes les langues du nord de l’Europe et même en belge !
Le chantre de la Nationale 7
Il est natif de St-Maur en banlieue parisienne et à moitié belge par sa mère. Ce qui explique peut-être qu’il a un crayon à dessin greffé au bout des doigts. Depuis plus de 20 ans Thierry Dubois est amoureux de la Nationale 7 et reconnu comme un spécialiste estimé. On lui doit de nombreux ouvrages comme « C’était la Nationale 7 » qui s’est vendu à plus de 20.000 exemplaires. Il vient tout juste de publier, toujours aux éditions Paquet « La Nationale 7 en Autorama » , une délicieuse bande dessinée à étapes avec des commentaires sur toutes les régions traversées et des croquis à croquer des bagnoles de notre enfance. C’est aussi en partie sous son influence que s’est créée il y a 2 ans, et à l’initiative de Gilbert Boucher, maire de Tain l’Hermitage, une association qui s’est donné pour but de développer toutes les ressources touristiques de la Nationale 7.
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Car la Nationale 7 et ses terribles bouchons n’est supportable qu’à la descente, parce que la perspective de la plage aide à tout supporter, la remontée étant assez déprimante comme ça. Elle sert juste à faire un stop nougat à Montélimar pour sécher, avec des sucreries, ses regrets que les vacances soient enfermées dans des valises en carton. Et à faire provision de paniers et de balais pour l’année entre Donzère et Orange.
La Nationale7 proprement dite, et dans l’imaginaire des automobilistes, commence à Valence. Là il est midi moins le quart (mais on n’est pas à ¼ d’heure de l’arrivée, loin s’en faut !) et le grand soleil commence à accompagner les voitures dans lesquelles il est rare qu’il n’y ait que le conducteur.
Serrés comme des sardines dans la Coccinelle parentale (trois garçons à l’arrière plus le chien), dans la 404 familiale qui tire la caravane et que les ados qui ont honte de l’attelage devant les filles qu’ils croisent à (toute) petite vitesse dans la traversée de la Coucourde, ont équipée à l’arrière d’une tortue en plastique pour montrer qu’ils ont de l’humour. Lesquelles ne remarquent rien, bercées à leur corps défendant, à l’arrière de la DS. Papa au volant leur a promis qu’on remonterait par la route Napoléon pour éviter les bouchons, mais surtout pour être sûres d’avoir mal au cœur dans les cols des Alpes.
Un livre d’histoire permanent
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Thierry Dubois a une grosse tendresse pour l’Estérel, ce massif barrière qui culmine entre 350 et 500m mais qui offre une collection de virages propres à achever le reste d’entente conjugale.
Papa est toujours au volant. L’inverse étant à peu près impensable et c’est maman qui s’exclame quand il penche un peu la tête à gauche alors que la Panhard est coincée derrière un camion « Tu ne vas tout de même pas doubler ! »
Stations-services et étoiles Michelin
Impossible de couvrir Paris-Menton avec un seul plein, même si on ne parcourt pas la totalité des 956 km de la Nationale 7. On ravitaille donc en route en super ou en ordinaire. Et l’on choisit SA station. Parce que le chauffeur est très « Shell » ou « Total » ou « Esso » et aussi parce qu’il faut tenir compte des collections de gadgets que convoitent les enfants et que l’on ne trouve que chez « Caltex » ou chez « Azur ».
Ce qui fait grincer des dents, c’est le poids lourd que l’on a dépassé quelques kilomètres auparavant et qui profite de la pause pipi-essence pour repasser devant et ruiner les efforts du conducteur.
Le long de la Nationale 7, le patrimoine gastronomique de la France s’est construit. Il y a l’étoile Michelin, étape incontournable, les 2 étoiles qui méritent le détour et les 3 étoiles qui elles, valent le voyage. Dixit le célèbre marchand de pneus et guide gastronomique de référence.
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C’est sans doute une des raisons pour laquelle son maire a pris la tête de l’association qui regroupe déjà 50 communes. L’idée étant de faire de la descente par la Nationale 7 en direction de la Côte d’Azur, un vrai but de vacances. Avec des packages qui proposent des étapes et des curiosités à découvrir et autres produits touristiques, puisqu’il faut bien remplacer notre industrie.
En attendant, les ouvrages de Thierry Dubois et toutes ses publications restent parmi les meilleurs outils de préparation à un circuit sur les traces d’une des plus sympathiques des nostalgies, symbole des fameuses 30 Glorieuses.
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