BELLE-ÎLE, BELLE ET INSULAIRE

Posée en vigie entre Brest et Nantes, Belle-Île accueille le voyageur qui vient de parcourir les 8 miles (15km) depuis Quiberon avec l'imposante citadelle Vauban chargée de protéger les lieux des innombrables convoitises qu'elle a toujours suscitées. En même temps, ça en vaut la peine...

Faire la traversée au départ de Quiberon avec The Baliz les très allumés musiciens déguisés en bergers loufoques qui participaient au festival "Les Insulaires" fut un enchantement. La suite du festival avec les stands des 15 îles du Ponant regroupées sur et autour du port de Palais fut de la même nature. Formations musicales accompagnées de leurs fans, habitants des îles, chansons de marins et du folklore insulaire, accueil chaleureux des uns et des autres, trois jours de fête qui valaient bien le voyage en ce mois de septembre de l'année dernière.

Cette année, la troisième édition qui se déplace entre les îles de la Manche et de l'Atlantique se tiendra les 20-21 et 22 septembre à Molène Ouessant. C'est l'occasion de découvrir l'une après l'autre les îles du Ponant qui sont toutes habitées à l'année.

L'île aux trésors

Belle-Île compte un grand nombre d'amoureux à son tableau de chasse et parmi les plus illustres. C'est sur leurs traces que l'on vous invitera à vous rendre. A pied, à cheval, à vélo, en voiture. Même si on se passerait bien de quelques engins pétaradants (trop) nombreux sur les petites routes qui sillonnent les 20km sur 9 de ce petit paradis.

Les "Insulaires!" en fanfare au port de Palais à Belle-Île-en-Mer.
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L'amoureuse absolue de Belle-Île, c'est Sarah Bernhardt. L'immense tragédienne a découvert la Pointe des Poulains à l'âge de 50 ans, a fait aussitôt l'acquisition d'un ancien fortin militaire et fait construire 2 villas. Elle y a reçu sa famille et ses nombreux amis pendant 30 ans.

Son art continue à fasciner des artistes contemporains qui auraient sans doute pu compter parmi eux. Fabienne Marsaudon, auteur-compositeur est particulièrement inspirée par La Dame des Poulains , titre qu'elle a donné à son dernier album.

Les 19 et 20 août, à la Ferme de Sarah à Sauzon, un récital Piano-Voix-Violoncelle est donné par elle-même accompagnée de Michel Précastelli et Yves-Pol Ruelloux avec la participation de la Biscuiterie-Confiserie La Bien Nommée que l'on pourra toujours retourner visiter si on a manqué quelque chose.

Cette artiste très investie a aussi mis en place aussi une petite suite de concerts sur le thème "Chanter dans les maisons…". Ce qui consiste à convier des musiciens en toute légèreté dans les salons, salles à manger et jardins des uns et des autres pour donner "devant un parterre de presqu'amis, le même spectacle que celui créé pour la scène d'un théâtre". Ce genre de concerts privés à l'image de ceux donnés par Kate Ladner et Nicolas Todorovic rencontrés en Ardèche se développe de plus en plus et c'est un ravissement.

Monet subjugué

C'est face à la côte déchiquetée et sauvage qui sera baptisée par lui même les Aiguilles de Port-Coton, parce que l'écume jetée sur les rochers "fantastiques" ressemblent à des balles de coton, que Monet venu faire une tournée de 15 jours en Bretagne (il restera 75 jours) trouvera l'inspiration qui le conduira à procéder à ses fameuses séries. Toujours insatisfait face au résultat, obnubilé par le spectacle changeant de l'écume des vagues, il tentera inlassablement et furieusement d'en restituer les impressions ressenties.

Rencontre(s) d'hier et d'aujourd'hui à Belle-Île-en-Mer.
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Installé à l'auberge Marec à Kervilahouen, il ira se confronter à une nature "sinistre et diabolique mais superbe" comme il le dit lui même et aux tempêtes (entre septembre et fin-novembre) et réalisera 39 toiles. Matisse et quelques autres se rendront aussi dans le village qui sera désigné ensuite comme "villages des peintres".

Belle-Île a attiré aussi des écrivains comme Flaubert et on utilise à l'envi, hommage plus récent, la comparaison avec Marie-Galante exprimée par l'auteur compositeur Laurent Voulzy.

Attirés par la nature

Belle-Île développe résolument une démarche éco-touristique et les amoureux des produits naturels sont comblés. Même si les hôtels sont peu nombreux, on peut aussi bien s'installer dans une chambre d'hôtes ou une gentille location et se contenter d'un confort simple. Pour aller assister à la traite des chèvres chez Marie Aillet à Keroulep-Locmaria, à condition de la prévenir et de se tenir tranquille pour ne pas déranger le troupeau pendant cette opération qui nécessite une certaine sérénité.

Elle vend ses fromages à la ferme et sur le marché de Palais comme le font de nombreux autres producteurs bio. Comme Sandrine et Olivier Ferrando qui produisent des sirops, fruits, confitures, mais aussi des cosmétiques et savons dans leur Ferme Aromatique de Belle-Île-en-Mer.

Les apiculteurs comme les Ruchers de Belle-Île et les biscuiteries et conserves artisanales sont relativement nombreux sur l'île. La Palantine, chocolaterie caramèlerie, la conserverie La Belle-Iloise, renommée au-delà de ses rives, la brasserie artisanale la Morgat et Les Niniches à Palais, illustre fabricant du salidou, un caramel au beurre salé de référence.

La recette du vrai caramel breton au beurre salé.
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Nous avons bien regretté de ne pouvoir nous installer à la table de l'Auberge Chouk'Azé qui nous avait été chaleureusement recommandée. Elle avait été ce jour-là, privatisée par tout un groupe pour une soirée sur la plage. A respirer les arômes de cuisine qui s'échappaient des fourneaux, il y avait vraiment de quoi être bien contrariés.

L'Office du Tourisme de Belle-Île qui a fêté ses 100 ans en 2011, s'amuse du fait que les indications sont rares au détour des chemins. Il suffit nous dit-on de demander, les îliens adorent rendre service. C'est tellement vrai qu'il est très souvent arrivé que l'on s'inquiète même de savoir si nous cherchions quelque chose. La gentillesse et la disponibilité des Belle-Îlois est stupéfiante dans 99% des cas. Il nous est arrivé aussi de nous faire (une seule fois, mais bon!) envoyer sur les roses sans ménagement. Seul le spectacle des aiguilles de Port Coton a réussi à apaiser cette impression de violent désarroi. Belle, mais insulaire...