En ces temps de vendanges, il est agréable de faire le tour des propriétaires. On peut tout aussi bien faire celui des foires au vin, mais on se prive alors de deux bonheurs essentiels : la balade dans de ravissants paysages couverts de vignes rousses à souhait et la découverte de crus plus confidentiels que ceux proposés dans les linéaires, mais non moins méritants et savoureux.
En un mot comme en mille, on suit les foires au vin pour les Bordeaux de garde, les Bourgogne et quelques Champagne, mais pour dénicher le meilleur du Jura et ne serait-ce qu'un flacon de Côte Roannaise, pas simple.
Et pourtant ce Gamay, voisin des Beaujolais et proche de la Bourgogne vaut le détour et la campagne riche et paisible qui l'entoure, tout autant. Surtout depuis qu'il a obtenu l'AOC en 1994. La mécanique est simple, les vignerons font tous ensemble des efforts pour conquérir le précieux label et la qualité s'en ressent aussitôt.
Ce beau vin gourmand, autrefois apprécié des rois de France et dont les premiers arpents ont fleuri sous Charlemagne, a bénéficié de l'appui d'un autre seigneur pour avoir le droit d'entrer dans la cour des grands. Celui de Troisgros, qui pour être célèbre dans le monde entier et surtout au Japon, a toujours favorisé les produits de sa région. Il aurait tort d'ailleurs de s'en désintéresser, car les talents sont nombreux tout autour de ses 3 étoiles Michelin.
Pralus, à Roanne, inventeur de la fameuse Praluline, une savoureuse brioche aux pralines au bon goût de beurre. François Pralus est également un chocolatier de renom et MOF de surcroît. Depuis quelques années, il a décidé de broyer lui-même, à nouveau, ses fèves de cacao qu'il choisit soigneusement dans leur pays d'origine. A l'instar de Bernachon à Lyon, le gendre de Bocuse, qui se sentait bien seul (c'est son père Maurice qui s'est entêté avec raison) et a été rejoint par une poignée d'autres chocolatiers exceptionnels, tous dans la région Rhône-Alpes.
Pralus tient aussi boutique aux Halles de Renaison, un vrai palais de la gourmandise. On y retrouve Mons l'illustre fromager, qui sert la plupart des grands chefs étoilés. Et il a de quoi ! Tout gamin, il passait en vélo devant un tunnel SNCF désaffecté et c'est bien plus tard qu'il s'est demandé si les lieux n'étaient pas propices à l'affinage des fromages. Bingo ! Le tunnel est sain, il est immense et les fromages de toutes origines mûrissent et fleurissent sur des claies à l'infini. Un grand spectacle. Mais on ne le visite pas. Normal, il ne faut pas déranger les fromages. Toujours aux Halles de Renaison, il y a Gonin, exceptionnel boucher qui élève lui-même ses charolaises culardes (elles ont un train arrière impressionnant) et vend une viande mûre à point, tendre et goûteuse à souhait. Il est des Parisiens et des Lyonnais qui font exprès le voyage pour se fournir chez lui. Il conditionne la viande sous vide et elle rejoint les vins dans le coffre de la voiture.
S'il veulent passer un week-end pour profiter d'une campagne saisissante de beauté et généreuse à touts points de vue les maisons d'hôte font florès dans la région. Celle de Michel et Marie Pierre Troisgros à Iguerande avec ses "cadoles", les baraques de vignerons dans les vignes, reconstruites et aménagées avec tout le confort, la Ferme d'Irène à Renaison et ses chambres qui portent les noms des animaux de la ferme, la Ferme aux Abeilles à Ambierle, dont les propriétaires, autrefois boulangers confectionnent les brioches du petit déj' comme personne et le Domaine du Fontenay du vigneron Hawkins, un anglais régulièrement primé dans les concours et qui sait aussi ce que Bed and Breakfast veut dire.
Ce qui nous ramènent aux vins gourmands de la Côte Roannaise. Troisgros a ses propres vignes avec Robert Sérol, mais sur ce coteau de 20 km de long et ses 14 communes, on dénombre près d'une quarantaine de vignerons, qui "font bien" comme on dit et mettent beaucoup de coeur à l'ouvrage. Il ne faut pas manquer, également, de s'intéresser aux vins de Pays d'Urfé, tout aussi soigneusement élevés, généralement blancs et élaborés à partir de cépages Chardonnay et Viognier. La balade ne fait que commencer !
mardi 7 octobre 2008
MA BALADE EN COTE ROANNAISE
Publié par Martine Montémont à 10:40
Libellés : Gastronomie
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