Cette année encore, des millions de spectateurs vont braver la fraîcheur de la nuit pour assister à l'une des plus prestigieuses et des plus magnifiques scénographies du monde, la Fête des Lumières qui se tient à Lyon depuis 1999 et dont l'origine remonte à 1852. Même si, à partir des années 80, les illuminations du 8 décembre ont pris une nouvelle ampleur, les lyonnais respectent la tradition populaire qui consiste à décorer ses fenêtres de petits lumignons tremblotants et fervents. Ce n'est pas le moindre des charmes de cette fête unique entre toutes et qui fait que le monde entier, tourne ces soirs là, ses regards vers la Capitale des Gaules.
Bien sûr, je vais vous parler de la magie qui va se tenir à Lyon du 5 au 8 décembre, qui invite plus de 4 millions de spectateurs au rêve et à la féerie avec plus de 70 spectacles de lumières dans toute la ville. Avec cette année une grande nouveauté, en prise directe avec les fleuves, la Déambulation Abyssale sur 1,2 kilomètre le long des Berges du Rhône.
Mais je ne peux pas m'empêcher d'accorder un minimum de crédit à cette lyonnaise, "expatriée" dans le Midi et qui trouve à la Fête des Lumières, un je ne sais quoi d'un peu "intello" qui lui enlève de sa fraîcheur. Cette personne n'est pas passéiste, elle ne souhaite pas que l'on revienne aux seuls lumignons, elle ne fait pas corps avec les personnages des films de Tavernier, né à Lyon et qui semble croire que rien n'a bougé depuis qu'il est parti et que les Lyonnais continuent à cultiver leur quant à soi et à se planquer dans leurs vieux appartements en haut d'un escalier pisseux. Mais avec elle, je pense effectivement qu'il faut faire attention, ne pas exclure les spectateurs, ne pas être orgiaque au niveau des dépenses, éviter les inspirations un peu tordues.
Ce ne devrait pas être le cas cette année. La Fête des Lumières devrait être placée sous le signe de la douceur, de la poésie et d'un certain retour en enfance. Avec, place des Terreaux, la mise en scène des facéties d'un petit géant qui met les spectateurs dans un coffre à jouets et étire, malaxe les monuments, fait tourbillonner les tourelles de l'Hôtel de Ville comme des toupies. Sur la place des Jacobins, transformée en mobile géant, c'est le ballet d'une Fontaine aux Poissons et la cathédrale Saint Jean, aux portes du Vieux Lyon, est recolorisée sur le thème de la Visite des Rois à Saint Jean.
Mais le clou de la fête, c'est la Déambulation Abyssale sur les nouvelles Berges du Rhône. Une balade qui s'étire sur plus d'un kilomètre à la découverte de l'Atlantide et de ses abysses. Un cheminement incroyablement onirique ! Au fil du fleuve, cinq ambiances aquatiques et sous-marines, des jets d'eau lumineux de 30 mètres de haut, une statue au bout d'un tapis rouge, dans son Palais de Cristal. Et tout au long de ce périple enchanteur, des écailles dansantes, des champs d'algues géantes aux ventouses bleues, des Sylphides phosphorescentes et une Nénupharandole aux portes du Parc de la Tête d'Or gardées par des colosses en habits d'or.
Dans le même temps, les lyonnais continueront à disposer des milliers de lumignons sur leurs fenêtres comme il y a 156 ans et c'est ainsi, aussi, que se créée la magie.
Au commencement était...
La tradition du 8 décembre est née il y a plus d'un siècle et demi. Le 8 décembre 1852 est prévue l'inauguration d'une statue de la Vierge Marie, sur la colline de Fourvière. C'est un moment important pour tous les croyants de la ville qui devait, à l'origine, se dérouler le 8 septembre, mais qui a dû être reporté en raison d'une crue de la Saône. En ce soir du 8 décembre, alors que la fête se prépare, un orage s'abat sur Lyon et menace une fois de plus la cérémonie. Heureusement le temps redevient clément et la population, qui avait tant attendu cette manifestation, illumine d'un geste spontané ses fenêtres et descend dans les rues. "Tout à coup, selon le récit d'un chroniqueur, apparaissaient à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu... La ville s'était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu'aux bordures des trottoirs... (...) A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. Les étrangers n'en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout emplis qu'ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée". |
Les Lyonnais conserveront cette coutume jusqu'à nos jours,
tous les 8 décembre...
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