vendredi 19 décembre 2008

DU VIN A LIRE

Avec modération, manger-bouger, fumer tue, pas automatique, ... © Felipe Bachomo / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa)

Si vous aimez le vin, son univers et ses bonheurs, mais que les listes des différents guides et leurs fiches de dégustation vous "gonflent" un peu, alors jetez vous sur le livre de Jacques Dupont, le concepteur des pages "Vins" de l'hebdomadaire le Point, vous allez vous régaler. Le vin est ici raconté, davantage qu'il n'est imposé, intimé et, du coup, on en apprend bien plus.
J'ai travaillé en même que lui aux côtés de Christian Millau au magazine GaultMillau, et pour tout dire, nous nous sommes peu fréquentés. Question de rubrique, d'affinités, peut-être...

N'empêche, cher Jacques, que j'ai partagé, en différé et à d'autres moments, certaines de tes expériences et ton ouvrage m'a souvent faire mourir de rire. Je m'explique. J'en connais assez sur le vin, j'ai suffisamment participé à des dégustations pour savoir que je ne sais rien du tout et que loin de moi la pensée de pontifier sur les bribes de savoir que j'ai pu acquérir au détour d'une carte de restaurant, d'une conversation avec un viticulteur ou un sommelier. Comme je suis une femme, j'ai vécu, cher Jacques, les deux verres à dégustation posés sur le tonneau, l'un pour mon confrère masculin et l'autre pour le vigneron "Elle va quand même pas en prendre, la p'tite". C'était chez le père Ramonet qui fournissait Alain Chapel en Chassagne Montrachet !

Je me suis souvent fait remettre à ma place par des "connaisseurs" (oh l'engeance !) "Moi, disaient, la plupart des hommes rencontrés dans un repas professionnel ou de famille, je m'y connais en vin, je bois des coups en jouant aux boules !" C'était pas dit comme ça, mais tout comme... Je sais aussi ce que signifie "expertise analytique qualitative" pour "dégustation", ce sont les mêmes qui ont inventé le "référentiel bondissant" pour désigner un ballon (le truc rond pour jouer avec et pas le verre). Ce sont des pédants, ils emploient ce mot là pour se poser et peut-être est-ce au fond un aveu d'ignorance.

Comme notre maître à tous les deux dans différents domaines, pas parallèles pour 2 sous (ils se rejoignent...), j'ai subi les fameux arômes de vanille (tu parles, du bois neuf !) et de banane (là, c'est dans le Beaujolais nouveau). Christian Millau puisque c'est de lui dont il est question, moquait, dans un de ses éditos un sommelier qui avait détecté des arômes de "pet de cheval et de poil de souris" dans une grande bouteille. C'était une plaisanterie, mais le dit sommelier, en s'imposant à la table des clients et en adoptant la posture du raseur avait cassé son coup au jeune type qui espérait conclure.

J'aime, cher Jacques, la notion de "buveur d'étiquettes". Sans eux, que deviendraient les foires aux vins ! Bien sûr que j'ai ri aussi devant l'histoire du médecin. Il y a des professions qu'il ne faut jamais avouer. La Mère Richard, célèbre fromagère lyonnaise qui a eu bien trop souvent sa photo dans les magazines, n'arrivait pas à intéresser un médecin à ses maux. Ils voulaient tous tout savoir sur Bocuse ! Plus modestement, et en vacances, il ne faut pas avouer non plus que l'on est coiffeuse, sinon, on se retrouve à faire des brushings à tout l'hôtel et pire, à tout le Village Club juste avant la soirée de gala !

Allez, un p'tit coup pour la route, c'est un producteur de Viognier, qui m'a dit à moi-même et pour me prouver que son vin était bon "il a du d'gré" (au moins 15-16 en fait !). Ce qui est, comme on sait un gage de qualité !

Bref, à la suite de tout cela, je l'ai toujours jouée modeste face aux vins. Mais je persiste, qu'être incapable de deviner un cépage, une origine, un propriétaire à l'aveugle (j'ai vu d'illustre sommeliers se planter et pontifier, moi, je savais qu'ils se trompaient, j'avais l'étiquette sous le nez...), ne signifie pas que l'on a pas le droit d'aimer boire quelque chose de bon. Je l'avais dit un jour à un organisateur de concours de cuisine qui prétendait que je n'y connaissais rien parce que je n'étais pas du métier. Il n'y a pas besoin d'un CAP de couturière pour s'habiller en prêt-à-porter et pour constater qu'une tenue vous va comme un sac !

Tout ça pour dire que tous ceux qui ont dans leur entourage un amateur de vins seraient bien inspirés de leur offrir "Choses Bues" (Ed. Grasset). C'est un plaisir à 18,50 euro seulement et ils passeront vraiment un bon moment.

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